Stop. Stop ? Le bourreau regarda sa victime avec ses yeux perçants. S'ils avaient été, eux aussi, fais de lames, il n'y a nulle doute que plus personne en ce bas monde n'aurait encore de vie. Chun compris. Non pas qu'elle n'aimait pas cet adorable petit yongwang – peut-être un des seuls au monde qu'elle ne manipulait pas – mais quand elle était dans cet état là, précis, il était absolument impossible pour elle d'arrêter ces inlassables moments de torture. Les moments où elle laissait son sadisme prendre le pas sur le peu de raison qu'elle avait originellement. Malheureusement pour notre petit dragon, ce soir elle avait jeté son dévolu sur lui – sachant qu'au fond il aimait ça – et n'était pas prête de le lâcher. Il n'y avait qu'au beau milieu de la nuit où elle était capable de parvenir à faire du mal ouvertement sans avoir à regarder à droite ou à gauche si quelqu'un arrivait. Le problème ? C'était que dans moins d'un mois, cela allait être l'anniversaire de son défunt frère. Et c'était dans ces moments-là où elle ne parvenait plus à se contrôler. Son frère. Son défunt frère. Son bien aimé, défunt grand-frère dont elle n'a pratiquement plus aucuns souvenirs si ce n'est son prénom, sa date de naissance et quelques sourires. Forcément, personne ne pouvait sans douter. Sauf Chun. Sauf Ok Chun. Et pour le remercier de compatir avec elle dans sa peine et son incroyable souffrance, elle faisait couler son sang. Agréable, n'est-ce pas ? Oh. Ne croyez-pas que c'était si terrible que cela. Si cela avait été le cas, elle aurait été forcé de le menotter à un lit et d'enfoncer prudemment sa lame dans son corps en ayant pris le soin de lui mettre un bâillon pour que personne ne l'entende hurler. Toujours était-il que, ce soir, il allait en prendre pour son grade, soyez-en sûrs. Sarah avait volé un couteau au réfectoire, à midi, ayant perdu l'ancien. Et elle trouvait cela complètement dingue que personne ne s'en soit rendu compte. Au pire, le premier qui aurait ouvert la bouche se serait retrouvé le couteau entre les deux yeux, certes, mais c'était comme si il était parfaitement normal de voir une jolie ineo voler un instrument pouvant être jugé dangereux – surtout dans ses mains à elle. Cela dit, une baguette magique était, en elle-même, beaucoup plus dangereuse et puissante, certes. Il chuchota en souriant que ce qu'ils faisaient était mal. Non, sans blague ? Elle pariait qu'il y avait pourtant chaque ineo qui avait un petit pigeon à torturer chaque nuit … Elle s'en tapait. Vraiment. Sarah savait qu'elle n'était pas vraiment du côté du bien, elle en avait parfaitement conscience. De toutes façons, il n'y avait qu'à voir Yang Père pour savoir de quoi sa progéniture était capable. Le pire, c'était que ses deux enfants étaient pareils. Autant givrés l'un que l'autre – sauf que cela, elle l'ignorait. Souvent, il y avait dans des familles tarées, un enfant un peu martyrisé car c'était l'élément bénéfique de la famille et qu'être entouré de démon n'était pas chose facile. Mais non. Même pas. La famille Yang était une famille de dingues. Et rien n'y personne ne pourrait y changer quoi que ce soit. C'était ainsi, c'était dans les gênes. Dans le sang. Et je connais un autre sang qui goutait lentement sur le sol, celui du dragon des mers. Ce même qui venait justement de lui dire qu'elle n'y allait pas de main morte, aujourd'hui. Oui. Et cela sera pareil jusqu'au mois prochain, mon ami. Le pousser à l'agonie comme jamais elle ne l'avait fais. Parce qu'elle souffrait trop, parce que c'était sa façon d'appeler au secours. Parce que c'était juste dans ces moments-là où elle oubliait qu'elle avait un cœur et où son frère et sa mère semblaient soudainement disparaître l'espace d'un instant avant de revenir plus encore une fois les gémissements tus. Mais ce n'était pas grave. Pendant trois minutes elle oubliait qu'ils existaient. Elle oubliait sa vie. Elle approfondissait d'avantage sa saleté d'amnésie.

Sarah s'arrêta un moment, son regard glacial planté dans celui de son ami. Il semblait légèrement remonté. Venait-il tout juste de l'appeler morveuse ? Qui était le morveux, ici ? Qui était la pauvre cloche qui était en train de se faire joyeusement torturer par une fille plus jeune ? Un rictus malsain se dessina sur ses fines lèvres. Dégageant d'un coup de main violent le doigt du yongwang. Elle laissa tomber son instrument de torture sur la table, se postant encore plus près de lui qu'elle ne l'était déjà, regardant passivement son bras ravagé. Vrai qu'il était complètement ensanglanté. Mon dieu, miss Yang, tu t'étais surpassée aujourd'hui. Le pire dans tout cela étant le fait qu'elle n'avait qu'à peine souvenance de lui avoir fais tant de mal. Elle ne s'en rendait qu'à peine compte. Mais disons que ses perceptions étaient nettement erronées, actuellement.

« Enlève. » Elle laissa un bref silence d'une demi seconde avant de répéter plus fort. « Chun enlève ton haut, merde ! » Son impatience et sa trop grande réactivité prit le pas et elle attrapa elle même son tee-shirt avant de le lui faire enlever, se moquant de si son bras lui faisait mal avant de rattraper son couteau et de se placer derrière lui, appuyant la lame contre son dos sans pour autant appuyer. « à la question " tu veux me tuer ", la réponse est " je vais le faire si tu me demandes encore une fois d'arrêter " » Elle posa son avant bras sur la gorge du jeune homme afin de lui faire violemment tomber la tête en arrière, chuchotant à son oreille. « Si tu hurles mon prénom, j'irais plus doucement. » Et sur ce, la lame s'enfonça tout doucement. Son but n'était pas de l'empaler, non, elle l'enfonça à peine de manière à faire un long trait sur le bas de son dos, laissant un long filet de sang s'écouler. Sarah ferma les yeux, une seule et unique larme roulant sur sa joue.

Dis moi, Sarah, penses-tu que ton père serait fier de toi ?

Il n'y avait aucuns doutes, ce yongwang méritait parfaitement sa maison. Inconscient et surtout relativement fou. Fou parce qu'il était consciemment en train de se faire maltraiter par la demoiselle, et plus encore parce qu'il osait lui répondre et la provoquer d'avantage. Parfaitement, il osait provoquer Yang Sarah qui était actuellement en train de souffrir le martyre et qui s'en prenait physiquement à ce pauvre crétin de dragon. S'il souhaitait mourir, il n'avait qu'à le dire, elle le ferait sans remords aucuns et sans attendre d'avantage. Était-elle vraiment sans cœur ? Oh que oui, elle l'était. Et elle ne s'en cachait même pas. C'était tellement évident. Quel être normalement constitué serait dans la capacité de torturer un élève en plein milieu de la nuit dans une salle de cours ? Probablement que demain il allait y avoir des tâches rougeâtres sur le sol et sur les pupitres ( une minute de silence pour l'âme décédée de prince ). Les élèves allaient probablement se poser des questions, qu'est-ce que c'est que cela ? Qui la fait ? Et pourquoi ? Peut-être qu'au final la plupart connaitraient la réponse dès lors que leurs regards croiseraient celui de Sarah. Pas franchement populaire dans le château, mais disons qu'elle savait bien s'imposer quand on l'embêtait malgré sa petite taille, et chacun ici savait son amour particulier envers les cerises. Il était tellement simple à remarqué. Croiser la demoiselle dans la cour extérieure et la voir s'empiffrer de ces fruits laissant volontairement une longue trainée de jus couleur sang s'étaler sur son bras ou sur sa table n'était pas quelque chose qui n'arrivait qu'une fois tous les quinze ans, c'était quelque chose de récurent qui arrivait … tous les jours, tiens. Les innocents naïfs pensaient réellement qu'elle aimait trop les cerises, les plus futés se doutaient fortement qu'il s'agissait bel et bien d'un goût un peu trop prononcé pour le sang et tout ce qui se tramait autour. La seule matière en laquelle elle excellait réellement était la magie noire et tout ce qui s'y rapprochait de près ou de loin. Oui, derrière ce visage d'ange et cet air si pur, si innocent, se lisait clairement son esprit maléfique et foncièrement mauvais. Le pire dans tout cela était probablement le fait qu'elle était mauvaise sans raisons. Habituellement, certains avaient un traumatisme d'enfance ou une vie réellement horrible. Sarah même pas. Enfin. Si, évidemment. Mais même si elle n'avait pas eu à subir tous ses traumatismes en question – dont elle ne se souvenait plus qu'à moitié, au passage – il était presque certain qu'elle aurait tout de même été celle qu'elle est actuellement. Un ange déchu ? Non. Un monstre à visage d'ange. Une fille au visage glacial qui ne laisse échapper aucunes émotions autre que … L'envie. L'envie de torturer, l'envie du rouge, du sang, des cris. L'envie de tout cela. Envie qu'elle était justement en train d'assouvir. Cette même envie qui grandissait au fil du temps, et celle qui lui donnait la force de se lever le matin pour affronter toute cette bande de cons. Malheureusement pour Chun, il était actuellement traité comme eux. Du moins, ce soir. Habituellement, elle prenait le soin de le mettre à part et de lui témoigner une petite attention toute particulière. Ce soir, non. Et c'était à croire qu'il le faisait et qu'il n'attendait que cela. Pour qui se prenait-il ? À la provoquer ainsi. Cela lui donnait simplement envie de faire ce qu'il lui demandait de ne pas faire. Étrange ? Normal. Et elle l'aurait probablement fais. Oui, elle l'aurait fais sans scrupules aucuns si ce soir n'avait pas été un soir spécial. Spécial en quoi ? Pas grand-chose. C'était un de ces rares soirs où la culpabilité, la peur et l'incompréhension mêlés à la rage prenaient le pas sur tout son être et lui faisait faire des actions étranges, qu'elle n'aurait jamais cru faire même pas dans son désespoir le plus profond. À quoi je faisais allusion ? À cette ridicule larme qui avait osé couler le long de sa joue. De cette traitresse de larme qui avait volontairement roulé sans crier gare. Et cette même chose dont Chun venait tout juste de se rendre compte. Cet espèce de crétin avait osé poser sa main sur le sommet de son crâne et lui ébouriffer les cheveux gentiment. Gentiment ? Se foutait-il de sa tête ? De quel droit osait-il faire cela ? On ne touchait pas Yang Sarah – aussi aimable cela puisse-t-il être – sans en subir les conséquences. Le yongwang fit quelque chose qui arracha un visage surpris à la poupée de glace. Crier. Il venait de crier. Son prénom, à elle. Et franchement, elle se demandait quelle mouche l'avait piqué … Crier son prénom, c'était une chose, le hurler afin qu'elle arrête de le faire souffrir en était une autre. Et là, en l'occurrence, son sourire de parfait crétin et la manière qu'il avait de crier son prénom … On dirait simplement qu'elle était en train de le violer et qu'il prenait son pied. Wtf. Un sourire moqueur s'étira sur les lèvres de la jeune fille. Il avait au moins réussi à gagner ça. Elle plongea son regard dans le sien, lui offrant un sourire radicalement joyeux. Quel crétin. Vraiment. Elle pourrait passer sa vie à le lui dire. crétin, t'es qu'un pauvre crétin. Oui. Mais un crétin qui avait réussi à la faire sourire et cela n'était pas des moindres.

« Abrutit … » lança-t-elle en laissant sa lame tomber au sol en un bruit sourd. Elle se recula un peu, essuyant d'un revers de main sa larme pratiquement sèche, puis lui retourna une gifle qui résonna dans toute la pièce. ça. C'est pour avoir osé dire que tu la tuerais. Sarah s'approcha, déposant un baiser furtif sur sa joue. Et ça. C'est pour avoir tenté de lui remonter le moral même si la tentative était complètement foiré. « J'arrête pour aujourd'hui, mais uniquement pour aujourd'hui. Et si tu me touches. Je te crève. Vraiment. » Elle vint s'assoir sur la table, étirant ses membres comme un chaton venant de se réveiller, et elle s'arrêta un instant, admirant le massacre effectué sur son petit corps blême. Tu parles d'un dragon courageux … suicidaire, ouais. Elle se tourna légèrement, s'allongea en long sur plusieurs tables à la fois et posa ses deux mains nouées sur son corps, comme on le fait faire aux morts. Fermant les yeux, elle chuchota, sourire au lèvres. « T'ai-je déjà fais remarqué à quel point tu étais magnifique avec du sang sur le corps ? Cela me donnerait presque envie de me jeter sur toi. » … Oui, bon, presque !

Son sourire, elle espérait être la seule à pouvoir vraiment le voir. Dans le fond, l'on ne pouvait pas dire que son compagnon était un yongwang à proprement parler. Oh, pour sûr il l'était, mais il avait tout de même ce fond d'ineo que Sarah ne reconnaissait que trop bien. Ce fond qu'elle côtoyait chaque jours dans la salle commune. Ou tout un tas d'êtres tous plus étranges les uns que les autres se rassemblaient, dont leur ressemblance commune était cette froideur sans borne, pour certain il s'agissait de méchanceté masquée, pour d'autres de bouclier contre l'extérieur et pour d'autre comme Sarah il s'agissait purement et simplement de sadisme et de plaisir quand à heurter les autres. Où est-ce que Chun se situait dans tout cela ? Absolument nulle part. Mais il portait constamment ce masque de froideur qui inspirait peu l'amabilité, ce visage si fermé qui ne laissait jamais rien transparaitre si ce n'était une moue disgracieuse exprimant profondément son ennui ou sa lassitude. Et il venait tout juste de lui faire un sourire radieux. Bêtement, elle espérait tout de même être bel et bien la seule à l'avoir vu et à jamais le voir – mais dans le fond elle savait bien qu'elle ne pouvait pas avoir les faveurs d'un type qu'elle prenait plaisir à torturer. Aussi forte puisse être leur … amitié ? Était-ce le mot ? Non, probablement pas. Quels amis pouvaient être assez cinglés pour se faire mutuellement souffrir sans aucuns remords ? Il la menaçait sans rien faire, elle n'hésitait pas à le pousser à bout … Si l'on voyait ces deux-là on pouvait facilement avoir en tête le pauvre blondinet complètement soumis à sa maîtresse, celui qu'elle attache solidement contre mur à l'aide de menotte pour l'empêcher de bouger pour pouvoir le torturer à souhait. Horrible, voilà tout simplement ce qu'elle était. Et le pire dans tout cela ? C'est qu'elle ne le cachait jamais. Cela faisait partie de son charme, disons, d'être trop franche. Si jamais elle voyait une quelconque personne au bord des larmes, si jamais cette même personne voulait se suicider; elle se proposait gaiement – tour sourire – pour venir abréger les souffrances de la personne ou se proposait en tant que … tueuse à gage disons. C'était l'idée. Mais pas le mot. Elle se fichait de ce que les autres pensaient, elle se fichait bien de ce qu'ils pouvaient éprouver. La seule chose qui comptait, c'était assouvir ses pulsions. Ce fut pour cette raison qu'un rictus moqueur vint se dessiner sur ses fines lèvres dès lors que Chun lui parla de sado-masochisme. Il ne pensait pas si bien dire. Tout ceux qui étaient au courant des tendances sadiques de la demoiselle avaient osé lui demander une petite partie de jambe en l'air qui sonnait affreusement tentante. Des pauvres ineos dont l'envie première était de se faire dominer par milady. De quoi faire rire n'importe qui. Elle la première. Jamais elle n'avait accepté, et jamais elle ne leur avait ri au nez. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, d'ailleurs, cela sonnait trop ridicule à ses yeux. Faire souffrir quelqu'un pour lui faire plaisir ? Aucun intérêt. Le seul qui avait ce privilège était à côté d'elle, en ce moment. Tout du moins, elle supposait que cela ne devait pas trop le déranger puisqu'il venait toujours lui en redemander plus tard. Et le seul qui avait ce privilège là venait de se retrouver con devant sa remarque. Trop de franchise, Sarah. N'importe qui aurait pu prendre cela pour des avances. Mais non, pas vraiment, il s'agissait d'une simple constatation. Il aurait pourtant dû le savoir. Tout ce qui était rouge, tout ce qui ressemblait de près ou de loin à du sang. Tout ce qui était relatif au sang … C'était simplement magnifique à ses yeux. Et puis, avouons que le cher petit yongwang ne manquait pas de charme avec cette tignasse blonde en désordre, ces quelques gouttes de sueurs qui perlaient sur ses tempes puis ces filets de sang qui avaient fais de son bras la mer rouge. Sans compter le fait qu'elle lui avait subitement enlevé son tee-shirt … Oui, à tomber, il était purement et simplement, à tomber. Alors oui, il s'agissait d'un compliment nullement sarcastique, mais non, cela ne devait pas être pris comme de la drague. Se testant à l'anglais comme si son naturel prenait le pas sur le coréen qu'il était, il laissa échapper ce petit what qui ne manqua pas de faire sourire … mentalement, disons … la petite ineo. Tournant ses yeux chocolatés vers les siens, elle lui sourit à son tour, mais quelque chose fit grimacer la jeune fille. Une tarentule ? Il fallait vraiment être relativement timbré pour avoir une chose si laide sur le visage. Elle n'émit aucuns commentaires vis à vis de cela, son attention étant prise par ses paroles. Il se vantait. Dieu. Elle aurait dû s'en douter, après tout, il s'agissait de Chun. Rien d'étonnant dans ce soudain élan de narcissisme, pas si certain que cela. Le pire dans tout était que l'on ne pouvait percevoir aucune pointe d'ironie dans son ton. Il était sérieux, parfaitement sérieux, et Sarah n'allait pas en faire tout un plat. Non, après tout, elle faisait partie de ce genre de fille confiante. Si on le lui demandait, elle répondait avec beaucoup d'assurance, voire même arrogance, qui pouvait ressembler à un certain orgueil. Mais la différence entre les deux jeunes gens était qu'elle n'allait pas consciemment appuyer un compliment qui fut relativement dur à sortir. Parce que même s'il était formulé maladroitement et de manière … particulière, il s'agissait bien d'un compliment. Le genre de chose qui ne sort jamais de la bouche de Sarah … Et qui n'était pas près de re-sortir de si tôt vu la réaction du concerné. Un petit glissement de doigts sur la peau de la demoiselle – ou sous son haut pour être plus précise – et elle ne réagit même pas. Il n'oserait pas … Il n'oserait pas aller plus loin. Il se mit à rire avant d'affirmer qu'elle avait une vision des choses morbides. Un rictus se forma sur ses petites lèvres rosies. Et c'était lui, celui qui était maso et qui cherchait la mort, qui osait dire qu'elle avait une vision morbide des choses ? Laissez la rire. Elle resta tout de même impassible, le laissant agir comme un … échappé de l'asile, alors qu'il se mettait de nouveau à s'esclaffer tandis qu'il cognait brutalement sa tête contre la paroi du pupitre. Son sourire s'échappa aussitôt.

« Tu es très jolie aussi, Sarah. » Avait-il répondu en baillant. Sincère ? Probablement. Elle aimait la façon qu'il avait de prononcer son prénom, et la manière qu'il avait eu de dire la phrase elle-même l'avait quelque peu intriguée. Elle se releva sur les coudes, plongeant son regard dans le sien et expliquant le plus impassiblement possible.
« Les poupées de glace n'ont pas de cœur et aucune âme, elles ne servent qu'à décorer de par leur beauté. Penses-tu que je suis une poupée ? » Elle avait plissé les yeux devant sa stupide question qui, en fait, était rhétorique. Elle n'attendait pas spécialement de réponse, la seule chose qu'elle faisait c'était … Réfléchir à vois haute. Elle enchaîna, se redressant avant de se positionner assise face à lui. « Un cinglé et une poupée éprouvant une affection particulière pour le sang … » Sa tête se pencha sur le côté d'une manière dure et brève, son doigt parvint à sa lèvre inférieure, démontrant parfaitement sa curiosité sur la question à venir. « Le tableau est magnifique. » Elle n'exprimait rien, analysant la situation comme s'il s'agissait d'un texte bien compliqué à saisir. « Aurais-tu certaines tendance sado-maso également, Ok Chun Elle ? » Sa tête se remit droite alors qu'elle sautait afin que ses pieds touchent de nouveau le sol, elle s'accroupit face à sa lame précédemment abandonnée, tournant complètement le dos à son compagnon malgré le fait qu'elle savait pertinemment qu'il serait en colère dû au fait qu'elle l'avait appelé par son prénom entier. La jolie poupée se mit à caresser de son index la lame, le portant à sa bouche une fois arrivée au bout. Liquide rouge sucré et divin … s'il ne s'agissait pas de cerises, il était évident qu'il était question du sang humain. Et pas n'importe lequel. Sarah se tourna vers lui, arrivant à sa hauteur avec une démarche mécanique comme si elle s'était subitement transformée en poupée vengeresse. Son allure gracile et élégante ayant fais place à … son premier désir. Celui qui revenait encore et toujours vers son unique grand-frère disparu. « Chun, je pense que tu es relativement assez atteint pour rester à mes côtés et avoir l'audace de glisser tes mains sur mon corps glacial. » Ses yeux se posèrent successivement sur la cuisse du jeune homme avant de revenir sur la lame et de repartir sur sa cuisses. Passant sa langue sur ses lèvres sans qu'aucune autre expression ne vienne rider son si doux et si impassible visage, elle émit un léger soupir moqueur avant de violemment planter son couteau dans le membre du jeune homme. Non, pas enfoncé de dix centimètres, non. Disons … Cinq. Lâchant son arme blanche et reculant d'un pas en mettant sa main devant sa bouche pour tenter de refouler cette si oppressante envie d'éclater de rire, elle acheva son petit monologue. « N'avais-je point dis que je te ferais hurler ? »

Et s'il y a bien une règle à retenir ici, c'est qu'il ne faut jamais attiser le feu qui brûle.

Cette fois-ci, ce fut elle qui se mit à sourire de manière démesurée. Trop fière de son petit effet. Trop heureuse d'avoir suscité ce qu'elle avait, de tout son petit cœur de psychopathe, désiré suscité chez le jeune homme. Ses réactions étaient si simples à prévoir, tellement que, finalement, ç'en était presque lassant. Comment était-elle parvenue à connaître la réelle identité de Chun ? Eh bien. La réponse était simple : qu'est ce que Yang Sarah ignorait ? … Non pas qu'elle possédait le savoir ultime. Mais c'était une manière de procéder avec certaines personnes, rechercher tout sur eux, leur point faible, les rendre à néant puis les battre tranquillement – oh, oui, cela ressemblait un peu à de torture mentale et c'était une action lâche. Mais autant dire que la cadette des Yang ne parviendrait probablement jamais à égaler le niveau de son frère dans ce domaine là. Son truc à elle, c'était le sang concret que l'on pouvait voir couler, celui dont on pouvait s'abreuver quand l'envie nous prenait – comme le yongwang le faisait parfois lui-même en portant ses blessures à sa bouche – son frère, c'était beaucoup plus subtil, beaucoup plus fin. Il préférait torturer mentalement ses victimes, c'était tout un art que la jeune fille ne maîtrisait pas, voilà, dans la fond, la famille des rouges n'étaient que des artistes … complètement incompris cela dit. Et si leur victime commune adorée éprouvait quelques certains désirs à l'égard de l'aîné, il venait tout simplement d'affirmer que la seconde n'avait aucune importance dans sa vie présentation. Constatation qui ne fit que sourire encore et encore la concernée. Elle ? Aucune importance ? Quelle belle foutaise. Si elle aurait pu, elle aurait ri à gorge déployée. Mais à ce moment-là elle était trop préoccupée par sa lame et sa future action pour s'attarder sur ce petit détail totalement faux qui n'intéressait personne – ou presque. Il prétendait qu'elle gaspillait sa salive pour rien, il pensait peut-être ne pas en faire de même ? Toutes ces stupides phrases qu'il ne cessait de déblatérer n'avaient aucun impact sur la jeune fille, tout était faux, ses paroles étaient complètement fausses, cette putain de mauvaise foi. Cet immonde orgueil. Il assurait qu'elle ne comptait pas pour elle, qu'il n'était pas sado-masochiste … mais bien sûr. Qu'il affirmait avoir vu un éléphant orange aux ailes vertes sur un arbre violet qui générait des carottes que cela aurait eu le même effet sur Sarah. Un menteur, un vrai menteur. Mais un beau. Alors on le lui pardonnait – et puis, franchement, cela n'allait pas être Sarah qui allait le condamner sous prétexte que c'était un homme dont la gentillesse et l'honnêteté laissait à désirer. La jeune demoiselle ne donnait pas sa part au cochon non plus. Il faudra simplement qu'un jour, il voit la vérité en face. Il était un des hommes les plus masochistes qu'elle connaissait, un des hommes les plus orgueilleux, et encore un de ceux qui ne savaient vraiment pas s'énerver. Non, franchement, pensait-il réellement que frapper dans une chaise d'un air rageur en lui disant de la fermer était une grande démonstration de force ? Qu'il pouvait, de cette manière, s'imposer face à sa cadette – oui, tiens, d'ailleurs elle était plus jeune que lui, se laisser faire par une gamine plus petite que soi n'était pas une certaine preuve de masochisme ou de faiblesse, ça ? – et qu'il était ainsi dans la capacité de l'effrayer. Qu'elle arrêterait. Qu'elle s'excuserait. Qu'elle s'en irait ? Haha. Laissez là rire. Yang Sarah ne s'excuserait que si soudainement son frère et sa mère refaisaient surface et arriveraient vers elle avec un grand panier de cerises dans la main – et encore – ou en d'autres termes : c'était parfaitement impossible. La jeune fille ne pouvait que rire de ce si étrange personne qui portait le prénom d'une demoiselle. Qui était-il vraiment, au fond ? Elle n'en savait rien. Le saurait-elle un jour ? Probablement pas. Mais si elle voulait le savoir ? Non, non plus. Elle préférait tellement quand tout le monde gardait sa part de mystère enfoui en soi. Elle n'avait nullement besoin de savoir leur véritable personnalité, elle n'avait nullement besoin de savoir qui ils étaient, tout ce dont elle avait besoin, c'était de leur faiblesse, de leur corps et de leur sang. Évidemment, le cas de Chun était particulier, il ne faisait partie d'aucune catégorie, et c'était justement ce qu'elle aimait. Parce qu'elle n'avait pas envie que, en apprenant des choses, elle le rabaisse au rang de « monsieur tout le monde », elle se contentait simplement de s'amuser avec lui le jour, et de le réduire à l'esclavage la nuit. esclavage. En voilà un mot qu'il est beau. Pourquoi cela a été aboli, déjà … ?

Comme prévu, et étant une réaction naturelle après tout, le gémissement du dragon pourfendit le silence glauque de la pièce. Dès lors, les yeux de Sarah s'illuminèrent de joie, contrastant parfaitement avec le fait que son visage restait froid et figé. Bien évidemment que la douleur devait être insupportable. Et c'était logique, n'importe quel être humain aurait eu la même réaction. Ou un semblant, du moins. Certains se seraient peut-être jetés à terre, hurlant de douleur, d'autres auraient peut-être même pensé perdre leur jambes. Les plus douillets se seraient mis à hurler et à courir partout pour demander de l'aide, tandis que d'autres auraient soutenu le regard de Sarah, d'un air même-pas-mal-je-suis-un-ninja, alors qu'en réalité ils crèveraient d'envie de se jeter à son cou et de l'étrangler afin de la voir souffrir autant qu'elle, elle le faisait. Déçue, elle regarda d'un œil attristé sa jolie arme s'écraser au fond de la pièce, Chun l'ayant jeté sans retenue au loin. Piou, mec, t'es pas drôle. Une moue vint déformer ses traits tandis qu'elle croisait ses bras sur sa poitrine. Bon. Tant pis, après tout ! Ce n'était pas bien grave. Elle avait eu ce qu'elle voulait, on pouvait dire que c'était terminé. Alors que, résignée, elle se dirigeait vers la chaise qu'il avait précédemment envoyer valser plus loin, elle l'entendit maugréer. Encore et encore des plaintes. Encore du venin qu'il lui crachait ardemment au visage. Bon sang, il ne pouvait pas simplement la fermer ?

« Ton éloquence n'a d'égal que ton arrogance, maître corbeau. » Soupira-t-elle. Non, sans blague, l'on disait que les filles parlaient énormément, mais les hommes … C'était peut-être pour cette raison qu'il s'appelait Elle au final ? Une vraie fille. Non de dieu. Posant délicatement ses deux mains sur le dossier de la chaise, elle la releva pour la poster dans le sens qu'elle devait être avant de la faire traîner sur le sol, la mettant en face du jeune homme haletant, semblant réellement à bout de force. Son regard froid et à présent vide d'expression se posa sur lui, lui ordonnant silencieusement de s'assoir sur sa cette foutue chaise et de fermer promptement ses jolies lèvres. Sarah accompagna son regard avec ses mains, elle se positionna derrière lui, lui fit faire un demi-tour puis le fit poser ses fesses sur l'objet prévu à cet effet. « Les princes ont-il un langage si familier ? »lança-t-elle à son attention, renvoyant le fait qu'il doutait sur sa nature de poupée. Parfait. Elle doutait sur sa nature de prince. C'était donnant-donnant. Ses yeux, eux, s'agitaient dans la pièce avec cet air hautain, cherchant quelque chose. Quand ce quelque chose apparut dans son champs de vision. Un sourire narquois se dessina sur ses jolies lèvres rosées quand elle passa sa main sur la joue du jeune homme, son regard s'étant de nouveau plongé dans le sien, elle prononça enfin ; « Hate me as much as I hate you and we will be linked to each other forever. » Et dans la langue de Shakespeare, s'il vous plait. La demoiselle savait qu'il s'agissait de son origine, et elle avait une toute confiance en son Anglais, s'il osait lui faire une remarque sur son accent, c'était qu'il lui manquait vraiment une bonne centaine de cases. La jeune fille se leva enfin, se dirigeant cette fois vers l'objet tant convoité qui trônait sur une table plus éloignée de la leur, elle y parvint donc, attrapa sa baguette entre ses doigts et la dirigea vers sa victime, prononçant distinctement un sort qu'elle avait appris il y a peu – jugeant cela utile. « Ferula » Sur ce, des bandages vinrent s'enrouler autour de sa jambe et de son bras tandis qu'une légère bande vint faire le tour de son bassin pour couvrir sa blessure au dos. Et c'est quand elle découvrit Chun en version momie que la jeune fille se dit que, finalement, l'idée n'était peut-être pas si bonne. Non, en effet, maintenant elle avait envie d'éclater de rire. M'enfin ! Au moins maintenant le sang ne risquait plus de couler. Pourquoi ne pas avoir utilisé episkey ? Parce que Sarah faisait mal et ne soignait pas. Même si en l'occurrence ce sort-là témoignait tout de même d'une certaine compassion qui, elle était sûre, serait rapidement rejetée par le concerné, c'était simplement parce qu'elle voulait éviter sa mort à lui. Il ne s'en rendrait probablement pas compte, mais elle aurait probablement laissé les autres se vider de son sang. Mais quand on a un caractère de merde … On a un caractère de merde. Et cela valait autant pour l'un que pour l'autre, s'avoueraient-ils un jour qu'ils s'apprécient ? Non. Bande de cons. Elle sourit en s'approchant de nouveau de lui. « Si tu étais dans ton état normal, tu ne me ferais pas la peau. Tu me laisses le choix entre te meurtrir et te guérir, c'est souvent ainsi. Mais, je t'en prie, si tu t'en sens capable, alors enfonce donc ce couteau dans mon crane. Atteins mon cerveau et tue moi sur le champs, je … » Elle avait dit cela sur le ton de la plaisanterie, mais au fur et à mesure qu'elle parlait, ses pensées se dirigèrent encore et toujours vers la même personne. Un rire étouffé lui prit soudainement. « Non, je ne le rejoindrais pas, non. Il doit être un ange, qu'en penses-tu ? Je répands l'enfer sur terre, je finirais en enfer. Il devait être une gentille personne qui a terminé au Paradis, ne penses-tu pas ? » Sa main vint se poser sur son front tandis qu'elle fermait les yeux, tentant vainement de se rappeler. Elle s'assit sur la table – notons que je n'ai pas dis une seule fois le mot pup... juste pour toi – à côté de la chaise, balançant ses pieds dans le vide quand elle laissa tomber sa réflexion, tournant son visage de nouveau impassible vers celui du seul et unique être au monde qu'elle considérait à peu près comme un ami « Tu me suivras chez Lucifer ou tu préfèreras aller voir mon frère … Chun ? » Elle se pencha vers lui, approchant ses lèvres de son oreille, répondant à sa précédente question. « Qui a osé dire que les poupées étaient de jolies filles qui souriaient et qui divertissaient les autres ? Tu n'as jamais vu Chucky ? » Sarah ? Possédée par un esprit tueur ? Ouais. Elle recula sa tête en arrière, fixant le plafond, comme si elle avait une réelle réflexion sur la mort, alors qu'en réalité, elle était certaine de ne jamais mourir tant que sa famille ne sera jamais vengée. « Yang Joon Hae … Rappelle-toi son prénom. Et quand tu le verras au milieu d'anges, tu lui passeras le bonjour de ma part ? »

Finalement, elle était peut-être bonne pour l'asile, elle aussi.

« You lose the reason, amor. » Un rictus vint déformer ses douces lèvres rosées. Ou pas autant que toi …

Comme prévu, le voilà qui se mettait à rejeter ouvertement l'aide de la demoiselle, se mettant en tête d'arracher, à l'aide de ses dents, les différents bandages qui avaient pris possession de son corps. Faisant sourire de plus belle la jeune fille, il était vraiment trop prévisible quand il s'y mettait, en fait. Quoi que, en réalité, n'importe qui aurait pu réagir de la sorte à condition qu'il soit masochiste. Et malheureusement pour le jaune, il avait beau le nier de toutes ses forces, il était bel et bien un des hommes les plus masochistes sur cette foutue terre. Mais vous savez quoi ? Cela arrangeait Sarah, dans le fond. Elle pouvait passer librement ses nerfs contre lui sans qu'elle ne l'entende se plaindre et sans qu'il se plaigne inlassablement. La seule chose qu'il faisait, c'était gémir et tordre son petit visage angélique de douleur. N'était-ce pas simplement magnifique ? Si. Pour la jeune ineo, ça l'était. Vous n'imaginez pas combien c'était jouissif d'avoir une poupée à disposition et pouvoir lui faire faire n'importe quoi sans que celle-ci ne tente de protester vainement à chacune des actions que vous faisiez. C'était tellement pratique que, finalement, le joueur lui-même se retrouvait en manque si la poupée en question décidait soudainement de se faire la malle pour aller vivre une belle, heureuse et paisible histoire ailleurs, avec quelqu'un d'autre que lui. Oui, c'était vraiment pénible à supporter, et d'ailleurs, si le jeune homme décidait de l'abandonner pour aller elle ne savait trop où, elle le vivrait probablement mal. Il était le seul à avoir en tête de la rassurer ou de la réconforter dès que ses paroles faisaient trop écho à ses sentiments – soit le manque de son frère – les autres se contentaient simplement de passer le sujet. Voir même, très peu de personnes connaissaient l'histoire de Sarah, très peu de personnes pouvaient se vanter de connaître l'histoire de la pauvre petite fille amnésique dont la mère et le frère ont sauvagement était assassinés. Peu de personnes savaient qu'elle était amnésique. Seule une poignée de personne pouvaient se vanter de le savoir. Une toute petite poignée pouvaient prétendre avoir entendu l'histoire de Sarah de sa bouche à elle et pas d'un autre. Mais forcément, avec le bouche à oreille et les « on dit que » l'histoire de la demoiselle n'était peut-être plus si insolite que cela ? Qui savait. Après tout, elle n'était probablement pas la seule fille du château à se trainer un passé douloureux et … compliqué, disons. Tout cela pour en revenir que, parmi ce peu de personnes, Chun en faisait partie. Oui, voilà, au fond les deux se faisaient des fleurs énormes. Mais se dire clairement de vive-voix qu'ils s'aimaient ? Vous plaisantez ? Autant se couper la langue et se laisser agoniser dans son propre sang. Pourtant, la chose bien évidente était que, effectivement, ces deux-là auraient fait non pas un couple d'enfer, mais un couple de l'enfer, haha … Okay, j'arrête.

Cela va sans dire que la demoiselle tenait des propos légèrement … étranges. À toujours se référer aux poupées – n'étaient-elles pas l'idéal masculins, ces poupées-là ? – et à maintenant se mettre de parler paradis et d'enfer … comme si elle y connaissait une foutre chose là dedans. En réalité, elle se fichait pas mal de finir dans les flammes de l'enfer ou dans le pays des petits anges à poil qui sont peace&love. Ouais, elle en avait strictement rien à battre, la seule chose qu'elle voulait savoir c'était si elle aurait un jour l'honneur de rencontrer son oppa tant regretté. Elle voulait savoir si, de là haut, il la regardait et veillait sur elle comme tous les morts étaient sensés le faire. Elle voulait juste savoir si, pendant tout ce temps, il pensait à elle. Si ses sentiments n'étaient pas qu'à sens unique. Car autant elle se fichait bien que quelqu'un lui retourne ses sentiments – et parfois, c'était tant mieux car elle n'avait pas que de purs sentiments la petite, c'était certain – autant si son grand-frère venait à se ficher d'elle alors qu'elle avait tant souffert de sa mort … Elle ne lui pardonnerait jamais. Jamais. Mort ou pas. D'ailleurs ? Est-ce que nos âmes s'élevaient dans le ciel etc ? Est-ce qu'on pouvait se voir entre morts ? Tant de questions qui resteront à jamais sans réponses à moins qu'elle fasse elle même le voyage. Mais elle n'avait pas peur. Elle avait beaucoup plus peur des insectes que de la grande faucheuse qui viendrait voler son âme. Elle avait déjà lu un dicton qui disait; la mort doit être un beau voyage puisque personne n'en est jamais revenu, et depuis, elle s'amusait à dire cela à tout va comme l'on dirait bonjour à quelqu'un. C'était un jeu. Vie, mort, ce n'était qu'un concept, le premier entrainait le second aussi bien que le second amenait au premier. C'était dans la logique des choses, qu'y avait-il d'étrange à donner un petit coup de main à ce cycle en poussant des gens à l'agonie ? Rien. Du moins. Pas de son point de vue. Cela semblait juste honteusement normal. Et il fallait juste réduire à néant les gens qui osaient traiter Sarah de cinglée. Elle l'était, pour sûr, mais au fond qui ne l'était pas ? Nous avons tous une partie d'ombre en nous même. Et … Chez certains ça ressort plus que chez d'autres personnes, voilà tout. Et … Forcément, chez Chun c'était approximativement la même chose. Il n'était pas net lui non plus. Son explication réussit bel et bien à faire rire la plus jeune. Eux ? Des dérangés mentaux innocents ? Dieu clément ? Elle riait autant que la narratrice. Sarah n'avait rien d'une personne innocente, et elle ne le savait que trop bien. Elle était entièrement capable de tout et pour tout. Le pire dans tout cela était probablement le fait qu'elle ne ressentait aucuns remords à l'idée d'être jugée par la cour céleste en tant que « coupable » de tous ses affreux crimes. Non. Cela la laisserait juste de glace, voilà tout. Et elle demanderait à ce qu'on hâte sa descente en enfer parce que voir des anges habillés de blanc la gaverait au plus haut point. Et parce qu'ils en auraient probablement marre d'entendre la petite princesse qu'elle était se plaindre, alors ils l'expédieraient en enfer sans attendre leur reste. Voilà la destinée de Sarah. Vous croyez qu'elle s'en plaignait ? Non, elle était juste réellement curieuse de savoir si on souffrait à longueur de temps là-bas, si c'était juste normal, si on avait l'impression de commencer une seconde vie … S'il fallait, on se ré-incarnait même ? Elle secoua la tête, chassant ces pensées. Bof. Rien à foutre.

Le problème dans le discours de son interlocuteur préféré fut bel et bien cette horrible contradiction qui gêna Sarah un peu plus qu'elle ne l'aurait cru. Évidemment, il assurait ne pas savoir dans quel côté du monde céleste se trouvait son grand-frère. Et après tout, c'était normal. Celui-ci était mort depuis plus de trois ans maintenant, ils n'étaient même pas encore à akiwa qu'il était déjà décédé. C'était donc avec une certaine logique qu'il avait répliqué. Connaître son grand-frère aurait été quelque chose d'impossible quand bien même ils se soient rencontrés. Chun était Anglais, la famille Yang, non. Mais alors … Pourquoi disait-il juste après qu'il le croisait tous les jours dans les couloirs ? Était-il crétin ? Elle avait frappé trop fort, c'était cela ? Sa maladie refaisait surface ? Il s'imaginait des trucs. L'étudiante resta un long moment à l'observer, cet air boudeur affiché sur le visage. Et elle sauta de la table pour venir s'accroupir face à lui, posant ses mains à plats sur ses genoux.

« Tu t'es pris un coup sur la tête, Chunnie. » Pourquoi Chunnie et pas Chun ? Je t'en pose des questions, moi ? Non. Bon. Elle passa sa main sur sa joue, fronçant les sourcils. Pourquoi, l'espace d'un instant, son cœur s'était arrêté lorsqu'il avait osé dire qu'il le croisait dans les couloirs ? Parce que, sans le vouloir, Chun lui avait donné un faux-espoir qui, évidemment, était impossible. Et c'était parce que, finalement, elle n'avait pas tant perdu la raison que cela qu'elle lui caressa la joue tout doucement, un air plus ou moins triste – ouais, quand on est pas habitué à l'être, on donne quelque chose d'approximatif – affiché sur le visage. Elle prononça bien distinctement chacune de ses paroles, afin que cela rentre bien dans la tête du yongwang, et que cela ne quitte plus jamais la sienne, même si un type mentalement atteins lui assurait l'inverse. « Mon adorable frère est décédé, baby. Completely dead. Mort et enterré, tu comprends ? … » Et là voilà qui se prenait pour une mère poule, comme si elle assurait au jeune homme que, non, c'était pas grave qu'on lui ai volé ses cartes pokémon et qu'elle irait lui en racheter demain. « … mort … » Répéta-t-elle à elle-même, comme si c'était si dur à avaler alors qu'en réalité, cela faisait un bon moment qu'elle s'était habituée à son absence. Elle se releva, s'asseyant sur ses genoux puis vint déposer un baiser sur son front. Osant faire ce qu'elle n'avait jamais faire auparavant, c'est à dire l'entourer de ses petits bras et le serrer contre lui. « Tu dois faire erreur. J'ai entendu qu'une personne avait le même prénom chez les ineos, mais il ne peut pas s'agir de mon frère … Il n'est plus là, tu comprends ? »

Étrange, étrange. Ce discours-là ressemblait fortement à celui que son père lui avait dis quand elle n'avait pas voulu croire à l'assassinat de sa mère et son grand-frère.

Comment pouvaient-ils tous deux être si tendres l'un envers l'autre alors qu'ils se vouaient une haine presque profonde ? Une haine ? Vraiment ? Qu'était-ce réellement ? Au final, aucun des deux ne le savait. Sarah encore moins. Elle n'avait simplement pas envie de perdre son temps à tenter de réfléchir et à essayer de comprendre leur relation ou tout ce qui pouvait s'y rapprocher. Tout cela était synonyme de prise de tête et de mal de crâne immense. À quoi bon se casser la tête à tenter de comprendre quelque chose quand c'était inutile ? Parce que, oui, comprendre sa relation avec Chun n'était pas une chose inutile ? Elle pensait bien que si. Ne pas chercher à tout assimiler, laisser les choses aller comme elles viennent … Au final, n'était-ce pas mieux que de toujours vouloir tout calculer à la seconde près ? Et puis … à quoi cela servait de mettre un nom, une étiquette, sur une relation, hein ? Tout évoluait. Toujours. Et ce jour-même en était la preuve. Elle avait commencé énervée, elle l'avait poussé jusqu'au bout … Ils pouvaient même glisser sur des flaques de sang sur le sol. Mais maintenant là voilà extériorisant sa peine en le serrant contre lui – et le pire dans tout cela ? Elle ne le serrait qu'à peine. Habituellement, quand elle avait de subites envies d'étreinte, elle serrait si fort qu'elle parvenait à briser des os, ou a carrément tuer. Le dernier à en avoir fais les frais était son petit chaton lequel elle trouvait fort mignon au point de lui briser les os et de le contempler, inerte, dans ses bras. Constatant difficilement qu'elle venait de le tuer, elle fit la moue un moment avant de le laisser s'écraser sur le sol en soupirant. Sans sentiments, Sarah ? Oui, un peu. Mais justement parce qu'actuellement elle se retrouvait à enlacer quelqu'un qui ne la laissait pas totalement de marbre – ou disons plutôt qu'elle ne se fichait pas de sa vie tant que cela – la jeune ineo se retrouvait changée. Pas très certaine de comment il fallait faire, de comment il fallait s'y prendre ou encore jusqu'où elle pouvait serrer … Si elle laissait transparaitre son malaise ? Pas vraiment, la seule chose qu'elle faisait c'était se laisser contre lui en arrêtant de réfléchir. Parce que réfléchir est toujours synonyme d'ennuis, parce que réfléchir ne sert à rien dans ce cas-ci. Parce qu'elle n'en avait tout simplement pas la moindre envie …

Lorsqu'il passa ses bras autour de sa taille, la cadette des Yang se mit presque automatiquement a fermer les yeux en soupirant légèrement. Si elle avait eu peur qu'il la rejette ? Non, pas l'ombre d'une seconde. Ses nerfs se relâchaient, ses muscles se décontractaient, et elle se sentait bien. L'envie d'être seule était loin, actuellement, même si elle était constamment à ses côtés habituellement; la seule chose dont elle avait envie actuellement, c'était Chun. Et, non, pas dans le sens charnel de la chose, milady avait tout simplement besoin de quelqu'un sur qui passer sa frustration, sa haine et sa peine autant qu'elle avait besoin de montrer à cette même personne le petit côté gentil qui faisait surface uniquement quand ses pensées se dirigeait vers son frère aîné décédé … Mais décédé … L'était-il vraiment ? Pas sûr. Ses pupilles s'agrandirent sous l'effet de la surprise quand ce crétin de yongwang chuchota que, finalement, il y avait peut-être bel et bien un autre Chun sur cette foutue terre. Vraiment ? Elle se serait même mise à rire si tant de pensées n'encombraient pas son esprit. Un autre Chun ? Un autre … maso ? Mais … mais où ? Non parce que Sarah irait immédiatement le chercher pour le ramener à ses pieds. C'était une espèce en voie de disparition, ça, les masochistes … Enfin soit. La phrase du jeune homme était assez stupide en soi, vous ne trouvez pas ? Comme s'il pouvait y avoir un double de monsieur Chun dans ce monde ! … Ce n'était pas possible, n'est-ce pas ? La simple idée qu'une seconde Yang Sarah existe en ce bas monde suffit à arracher une grimace de dégout à la jeune fille. Non pas qu'elle se dégoutait elle-même, non pas qu'elle voulait être unique … Mais tant de sang gâché pour une autre ? Non, cela, elle se le refusait au plus haut point. Grognant doucement, elle continua de l'écouter. Quoi ? Désolé de dire quoi ? Ses sourcils se froncèrent automatiquement alors qu'elle attendait ce qu'il allait lui dire. Patience, patience … Des qualités qui ne faisaient absolument pas partie de son être. Les quelques secondes qu'il prit pour approcher son visage du sien lui parurent une éternité. S'amusait-il à la faire languir dans un moment pareil ? S'amusait-il à installer des silences – inexistants – alors qu'il était parallèlement en train de lui donner de faux-espoirs quand à une certaine existence de son frère ? … Minute. Son frère ? À akiwa ? Et elle ne le savait pas ? Mais comment était-ce possible ? Et puis pourquoi son père, sa seule famille, lui avait assuré que son frère était mort s'il était en réalité ici ? … Cela n'avait tout simplement aucuns sens. C'était parfaitement improbable … Et pourtant. Elle commençait légèrement à avoir des doutes alors que, jusqu'ici, elle croyait dur comme fer à l'enseignement de son cher et tendre géniteur – ironie, ici – mais il ne fallait pas se voiler la face. Sarah refuserait de se donner de l'espoir d'avoir son frère encore vivant tant qu'il n'apparaissait pas devant elle. Yang Joon Hae, elle l'avait rencontré. Comment passer à côté de cet homme ? Il était un de ses préfets. Il devait bien avoir accès au fichier des ineos, non ? Il devait bien connaître les plus jeune, non ? Sarah n'était pas un prénom ordinaire, si cet homme en question avait réellement été son grand-frère, il aurait immédiatement tilté, il serait venu la voir et … Et, elle ne savait pas comment cela aurait pu se passer, mais soit, il serait venu quand même. Or, lui semblait être tout à fait étranger à notre jeune cinglée nationale. Preuve irréfutable qu'il ne s'agissait pas de lui. Et pourtant … Et pourtant, il y avait maintenant une petit lueur d'espoir qui commençait à luire dans ses yeux. Mais elle ne voulait pas, elle ne voulait pas tomber de haut … Mais c'était beaucoup trop tentant. Beaucoup trop pour une simple petit fille qui recherche depuis plus de trois ans la protection et la chaleur des bras d'un grand-frère perdu dont elle n'a plus aucuns souvenirs. La jeune fille fut tirée de ces tristes pensées par la nouvelle parole de Chun. Elle avait tord ? Mh, peut-être. Jamais elle n'avait prétendu tout connaître ou tout savoir – et actuellement, elle aimerait être dans le faux. Elle aimerait retrouver son âme enfantine et courir dans les bras de ce grand-frère retrouver … S'il existait encore. Ne réagissant pas à son baiser dans le cou, elle se contenta simplement de soupirer une nouvelle fois, baissant la tête vers leurs jambes … Tête qu'elle releva bien rapidement en reculant furtivement, évitant les bras du jeune yongwang qui se levèrent d'un coup, Sarah écarquilla de grands yeux quand son corps se souleva légèrement. Il s'étirait ? Vraiment ? Alors qu'elle était sur lui dans une position que l'on pourrait qualifier d'étrange ? Huh. Y'avait pas à dire, ce type était vraiment hors du commun. Cela lui arracha un sourire. Chun Chun Chun … Mais que ferait-elle sans toi, mh ? Il vint de nouveau toucher le bout de son nez et elle se mit à froncer les sourcils. Sérieusement ? La prochaine fois qu'elle faisait cela, elle le lui mordait jusqu'au sang … vraiment. D'ailleurs, en parlant de sang, s'il lui avait donné de faux espoirs pour rien, elle allait bien faire couler son sang jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus et ne sente plus rien. Soit.

« ▬ Ne fait pas la warrior. Et puis vraiment, ça ne m'étonnerait même pas si vous étiez frères. Vraiment » Phrase qui eut, effectivement, le mérite d'attirer de nouveau son attention. Son regard se leva vers lui, tentant de percer ses pensées à l'aide de ses yeux, et elle articula après avoir volontairement laissé un silence de quelques secondes s'installer. « Comment est-il.» Cela n'était même pas une question, non, c'était un ordre. Elle voulait savoir comment ce type était, s'il était digne d'un ineo, s'il n'était qu'un pauvre gamin apeuré qui jouait les durs … « J'ai besoin de savoir comment il est, Chun, dis moi ? Suis-je une pâle copie de cet homme ? Posséderait-je des similitudes physiques ? Aime-t-il les cerises ?» Sa voix se brisa sans qu'elle ne le souhaite vraiment alors qu'elle continuait. « Pourquoi dis-tu que cela ne t'étonnerait guère ? Je veux savoir, Chun. Je n'ai pas besoin de tout savoir, je me fiche de tout connaître, mais cela … c'est nécessaire, tu peux comprendre.» Rictus sadique. « Que tu le souhaites ou non, c'est un ordre.» Elle approcha son visage du sien, perçant de ses yeux ses pupilles chocolatées avant de laisser ses lèvres effleurer sa joue, se posant à côté de son oreille tandis qu'une de ses mains venait agripper, avec une certaine violence, ses cheveux ensanglantés. Ceci contrastant parfaitement avec toute la douceur dont elle tentait de faire preuve. « Et je t'assure que si tu as faux, Chun … Si tu as eu le malheur de m'avoir menée en bateau.» Souffla-t-elle contre son oreille. « Je pourrirais ta vie comme jamais personne ne l'a fais avant.»

Point à la ligne.

(pardon. c'est vraiment court et minable.)

Pas de réponses. Il y avait un adage qui disait que le silence était d'or, et Sarah appliquait cette technique quand cela l'arrangeait. Actuellement … Cela l'arrangeait, là. Avait-elle prétendu connaître sa vie pour le plonger davantage dans l'enfer dans lequel il vivait ? Non – ou alors elle n'en avait pas souvenance – mais elle savait très bien qu'elle pouvait le pousser à bout. Lui, comme tous les autres. Pourquoi lui faire un traitement de faveur ? Parce qu'elle l'aimait ? Sa tête se secoua, laissant ses longs cheveux s'agiter, retombant sur ses épaules. Elle ? Aimer ? Non. Apprécier ne faisait déjà pas partie de son vocabulaire. Elle ne disait pas qu'elle appréciait quelqu'un, simplement qu'elle supportait, acceptait ou tolérait sa présence. Et l'évidence même était que la présence de ce jeune yongwang était beaucoup plus que tolérée – si elle oserait lui dire un jour ? Non. Pour cela, il aurait d'abord fallu qu'elle se le dise à elle-même, et c'était loin d'être gagné – non, en fait pour être honnête, c'était complètement impossible. Le pire dans tout cela était peut-être qu'elle n'avait pas eu dans l'idée de l'accepter l'ombre d'une seconde. Pourquoi faire ? Elle finirait par le tuer, de toutes façons, elle en avait conscience. C'était toujours ainsi, quand elle se mettait à trop « accepter » une personne, cela se soldait par un échec relationnel cuisant où l'un des deux finissait par être blessé physiquement ou mentalement. Sarah prônait l'indifférence, la froideur. Parce que les blessures ne l'atteignaient pas, parce qu'elle était insensible – parce qu'elle se pensait inhumaine et au dessus de toute forme de souffrance. Elle était celle qui infligeait la douleur, pas celle qui la recevait, et à force de côtoyer la mort tous les jours, on finissait par doucement lui serrer la main et travailler de pair avec elle jusqu'à ce qu'elle décide finalement de vous rappeler à elle. Là était la clef du mystère : la jeune demoiselle ne pouvait pas souffrir parce qu'elle s'y connaissait et qu'elle était elle-même au service de toute forme de douleur … Oui, en quelques sortes, voilà ce qu'il se passait dans la tête – beaucoup trop vide – de la demoiselle. Il fallait compenser les manques par d'autres choses, voilà comme elle le faisait. Chaque case de son cerveau vide représentait chaque trait de son caractère. Autant dire que le sadisme et le sang avaient peut-être une trop grande place. N'importe qui pouvait en témoigner, Chun le premier, sans aucuns doutes. Ou peut-être pas aujourd'hui, du moins. Il venait d'enclencher une bien différente partie du cerveau de la demoiselle, une partie dont elle n'avait jamais soupçonné l'existence, dont elle ne l'avait jamais espérée … Une partie qui portait le nom « d'affection » … Celle qui n'avait jamais fais surface dans l'esprit de Sarah … Ou celle qu'elle avait oublié, pour être précise. Si elle était curieuse ? Non. Pas l'ombre d'une seconde, elle détestait cette partie. Haïssait ce genre de sentiments, ce genre de faiblesse … Elle que l'on appelait poupée de glace, pour son incroyable froideur et son impassibilité, refusait catégoriquement que de quelconques sentiments viennent s'interposer entre elle et le monde. C'était absolument impossible, elle était méchante, elle avait été méchante, elle resterait méchante. Parce que c'était le seul moyen de faire face à ses problèmes sans flancher, parce que c'était le seul moment où elle se sentait supérieure … Et parce qu'elle aimait cela, surtout. Sans compter le fait qu'elle n'avait jamais rien connu d'autre que la méchanceté. Quand on vit dans un environnement dont vous n'avez aucunes connaissances, aucuns repères, si ce n'est votre père qui est un haut mage noir … alors, évidemment, vous n'avez que la magie noire dans le sang. Dans vos veines ne s'écoule pas un liquide rougeâtre et chaud, mais glacial et noir. Sans sentiments, sans cœur, sans états-d'âmes … voilà comment Yang Sarah voulait que l'on la définisse, voilà comment elle souhaitait être. Et si elle désirait cela tant ardemment, c'était parce qu'elle avait bien conscience qu'elle ne serait absolument jamais ainsi à partir du moment où son frère referait surface. À cette pensée, son cœur de pierre se serra, et elle eut l'impression qu'il commençait réellement à battre depuis tout ce temps. Une boule se formait dans sa gorge, ses yeux commençaient à légèrement lui brûler. Qu'était-ce ? Un sentiment fort désagréable. Un qu'elle n'avait le malheur de ressentir que lorsque l'on osait prononcer le prénom de son frère. Et Chun venait de le faire. Par ailleurs, le discours qu'il tint ne plu qu'à moitié à la jeune demoiselle, ils semblaient si proches … et la jeune femme se refusait à l'idée que des gens aient réussi à remplacer sa place de petite sœur dans le cœur de son grand-frère. À l'idée qu'une l'avait fais, ses sourcils se froncèrent, laissant un sourire que l'on pouvait clairement qualifier de psychopathe se dessiner sur ses lèvres – oh, à partir de maintenant il ne fallait plus donner cher de sa peau, soyez-en sûr. Ses mains restèrent suspendues dans les airs alors qu'il venait déposer un léger baiser sur le bout de son nez, faisant grogner de plus belle la jeune femme qui, dès maintenant, était remplie d'espoir et de … peur. Étrange ? Oui. Paradoxal. Par la faute du yongwang, elle venait réellement à penser que son stupide préfet qu'elle avait dû croiser une ou deux fois, n'était qu'en réalité son frère disparu … Décédé … Assassiné. Mais alors ? Pourquoi est-ce que son père se serait amusé à lui raconter des mensonges ? Quelle idée stupide avait pu lui passer par la tête pour qu'il ose lui dire que son frère et sa mère avaient été assassinés ? Si ils ne l'étaient pas, avait-il dis la même chose à son propos ? Un vrai casse-tête comme histoire. Elle plissa le nez … Après tout ? D'où venait son amnésique ? D'un accident. Mais quel genre d'accident, au final ? Après tout, c'était tout à fait probable de provoquer cet accident ? … Non. Son père n'aurait jamais lui faire ça, il était beaucoup trop attentionné avec elle pour lui faire une chose pareille … aaaah. Tout s'embrouillait. Pourquoi était-ce si compliqué ? Elle secoua la tête, agitant ses cheveux sur ses épaules avant de se relever, coupant tout contacts physiques avec le jeune dragon. Elle fit deux pas en arrière avant de lui tourner le dos, se positionnant face au mur avant de poser sa tête contre celui-ci, tentant vainement de se remémorer ce qu'il avait bien pu se passer le long de son amnésie.

« Pas certain de survivre très longtemps, Chun ? » Un rire moqueur s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle relevait les yeux, fixant le plafond d'un air absent. « Pourtant. Si tout ce que tu me dis est vrai, je ferais probablement en sorte à ce que personne ne t'approche de trop près.» Se rendant compte de ses paroles, elle se retourna vivement, lui adressant un regard encore plus noir que la pièce dans laquelle ils étaient. « Je veux dire par là que je t'en serais reco...» … naissante ? Le mot ne sortait pas. Elle grimaça, soupirant d'un coup sec avant de reprendre. « ... Je ne connais pas la nature de votre relation, mais si tu as eu le malheur de me remplacer dans son cœur. » Son regard se planta dans le sien sans ménagement. « Tu es un homme mort.» Elle s'adossa au mur, repliant sa jambe afin de poser un pied contre celui-ci, achevant d'une voix calme et posée.. « ... Moi je me demande s'il se souvient de moi. »