1. C'est exactement pour éviter de me retrouver dans ce genre de situations que j'évite les « amis de cœur ». Les sirènes et moi sommes loin de nous entendre : je n'aime pas spécialement l'idée d'une femme munie de crocs. Tout deviendrait soudain bien plus compliqué quand il s'agit de les laisser sur le bas-côté, après une nuit agitée. Mais je m'éloigne du sujet, je crois... mon ami de cœur, donc, est visiblement une imbécile et de ce fait, ne mériterait même pas que je risque ma peau pour sauver la sienne, elle qui n'a pas su se mettre hors de portée du danger le plus évident. Mais je suppose que cette amie, si elle doit porter ce nom, je l'aime. Non ? Et l'amour a tendance à rendre aussi bête qu'aveugle, malheureusement. Donc, sans pour autant me jeter sur les créatures (je ne suis pas idiot au point de me retrouver prisonnier, à mon tour, du charme mortel des sirènes), j'imagine que je chercherais un sort capable de sonner deux ou trois de ces poissonières à la fois, ou peut-être capable de les tromper. Un sort d'illusion ? Ça me semble être une idée judicieuse, ce pendant, je crois que je préfère encore un sort qui leur fasse mal. Aussi mal qu'elle m'aurait fait en prenant un être aimé pour petit-déjeuner.


2. Je déteste le Quidditch peut-être autant que la botanique, et c'est un fait que je ne cache pas. Je ne vois donc pas une seule raison pour qu'on me prévienne, si ce n'est qu'une fête sans moi perd beaucoup de son intérêt. En toute modestie. J'enverrais donc promener les porteurs de la nouvelle, résigné à me plonger dans mes cours. Je suis un bon élève, un excellent même, et ne tiens pas à faillir à ma réputation. Et les livres me paraîtront toujours mille fois plus intéressants que les humain peuplant cette école et ce monde. De plus, une salle commune pour moi tout seul, ça ne se refuse pas ! Le silence et la tranquillité sont des choses rares à Akiwa... bien entendu, j'aurais du me douter que ça ne devrait pas durer. Je resterais toutefois surpris qu'on ose me voler quoique ce soit, et surtout derrière mon dos. Ces petits plaisantins, visiblement, n'avaient aucune idée de la bêtise monumentale dont il venait de faire preuve, et des conséquences qu'ils ne manqueraient pas de subir. Il se trouve que je suis un sorcier très doué, et sans beaucoup de scrupules. Il ne faudra pas plus de deux ou trois amis de cette même trempe pour interroger (gentiment) tous ces charmants élèves de deuxième année. Je suis sûre qu'après deux ou trois heures à vomir des limaces, ils deviendront tous très coopératifs. Cependant, je ne dis pas si j'annulerais les effets du sort une fois mes notes récupérées. Après tout, il faut bien tirer des leçons de ses erreurs, non ?


3. Je ne dors pas beaucoup, et quand j'ose fermer les yeux, des cauchemars de la pire espèce ne manquent jamais de s'inviter. Les cernes sous mes yeux ne sont pas simplement la source de mes nuits en agréable compagnie, comme beaucoup aime à le penser. Je en les contredis pas. Pour quoi faire ? Ce serait avouer une de mes faiblesses. Eclipse aime la nuit, presque autant que moi, et nos petites ballades nocturnes relèvent à présent de l'habitude. Inutile de s'aventurer dehors, avec ce vieux Jimmy posté à l'entrée, il serait presque impossible d'entrer de nouveau sans se retrouver collé. Non pas que ça me dérange mais... je ne tiens pas à entacher mon dossier scolaire plus que nécessaire. Les couloirs du châteaux suffiront bien. Mes pas résonnent et Eclipse se fait silencieux, le museau en l'air. Comme moi, il ne se lasse pas de redécouvrir ces couloirs sombres et plein d'un mystère qu'on ne percera sans doute jamais. Akiwa était la maison que je n'avais jamais eu, même si je donnais bien souvent l'impression de mépriser tant l'endroit que ceux qui y résidaient. Les lieux étaient, néanmoins, toujours empli d'une sagesse indéniable, contrairement aux hommes. Bien sûr, les risques de croiser un professeur étaient grands et justement, voilà Mlle Pincette qui fait claquer ses talons sur le sol, comme si sa vie en dépendait. Elle espérait ainsi toujours attirer l'attention des professeurs et du personnel masculin célibataire, ce n'était pas le genre de choses difficiles à deviner. Et ça la rendait beaucoup plus vulnérable qu'elle ne le pensait. Je ne chercherais pas à me dissimuler, puisque ce serait impossible de toute façon, à moins de savoir traverser les murs. Hors, je n'étais pas encore réduit à l'état d'ectoplasme. Que puis-je faire sinon lui expliquer que je ne parvenais pas à dormir, trop préoccupé par le cours qu'elle doit donner à notre classe demain matin ? En effet, j'ai peur d'avoir un niveau trop faible par rapport à mes camarades qui... j'ai toujours menti à la perfection, seul mes yeux, peut-être un peu trop inexpressifs, sauraient me trahir. Tout cela agrémenté de mon sourire le plus charmeur, bien entendu.


4. Est-ce parce-que j'ai seulement quinze ans qu'on associe la bêtise à mon caractère, sans se poser de questions ? Ce professeur se fiche visiblement de moi, et ce qu'il me propose en échange de la lecture de ce document se trouve être un parfait chantage, et la preuve de sa mauvaise foi. Non que je me soucies de ce que contient ce document, et de ce que ce professeur pourrait en faire, cependant, je ne peux le laisser croire que je ne suis qu'un parfait imbécile, naïf de surcroît. Je ne le lui montrerais rien, et ferais sauter les retenues en allant faire un rapport au proviseur.


5. Je ne vous mentirais pas, je viens d'une famille aussi pourrie que je semble l'être. Nobles jusqu'aux tripes, ils m'ont élevé avec la certitude qu'être de sang pur était une véritable bénédiction, qu'on ne faisait qu'honorer en rabaissant quotidiennement ceux qui n'avait pas eu la chance de naître dans des familles sorcières. Mon frère en revanche, ne partageait pas cette vision et avait même de nombreux amis nés moldus, voire cracmol. Bien sûr, il n'en faisait part à personne d'autre qu'à moi, et n'a eu de cesse d'effacer de ma petite tête toute espèce de racisme vis à vis de ceux dont le sang était dit « impur ». Je ne crois pas qu'il ait entièrement réussi, je ne parviens pas à me débarrasser de cette quasi certitude de leur infériorité. Peut-être est-ce davantage du à mon arrogance naturelle qu'à mon éducation... je dois bien avouer, toutefois, que certains nés moldus n'ont rien à envier, au niveau du talent ou du caractère, à certains sorciers de souche. Un peu plus, et ils seraient même digne d'admiration. Un peu plus.


6. Il n'est pas de ceux qu'on apprécie aux premiers abords, pas plus qu'en le connaissant davantage. Il est bien trop réservé, trop sombre et souvent très mesquin. Il ne se moque pas « gentiment ». Il est doté d'un cynisme déstabilisant. Il est jeune pourtant, jeune et parfaitement éduqué. Sa façon de parler et ses manières sont exquises, et s'ils collectionnent les femmes sans jamais s'attacher, il n'en reste pas moins le plus galant des hommes. Il y a parfois dans ses yeux, une fugitive lueur de douceur et de tristesse, qu'on ne parvient jamais à réellement saisir. Mais peut-être est-là la clé de ce caractère si peu attrayant, de ce manque de scupules et d'âme apparents. Qui irait imaginer qu'il pleure parfois, dans un coin sombre ou lorsqu'il se retrouve seul quelque part ? Car il a une peur bleue d'être seule, même s'il est persuadé de l'être depuis toujours. Il semble se tenir hors de portée du genre humain, qu'il méprise autant qu'il envie. Ils appartiennent tous à quelqu'un, ont tous un autre être en tête lorsqu'il passe dans les couloirs ou rient avec quelqu'un. Mais qui pense à lui lorsqu'il est loin ? Lui pense à son frère, mais il n'est plus, et ses pensées ne lui seront plus jamais rendues. Yoo Sung a mal en permanence et pourtant, il est de ceux qu'on exige à toutes les fêtes puisqu'il semble les rendre plus importantes rien que par sa présence. Sans être beau, il a cette prestance qui fait fondre bien des cœurs, qu'il piétine sans même s'en rendre bien compte. Peut-être n'en a-t-il pas ? Vous vous tromperiez sur ce point, pourtant, puisque son cœur est gros, et bien trop lourd à porter pour une seule personne. Yoo Sung a le sourire facile, mais souvent moqueur ou amusé, qui reflète bien sa personnalité. Lorsqu'il a des comptes à régler, il le fera avec sa baguette, jamais avec les points. Sa violence est morale, mentale, jamais physique. Quoiqu'avec une baguette, on ne sait plus réellement ce qui est vrai ou non. Il excelle dans toutes les matières, et dans tout ce qu'il entreprend, mais cela lui demande un travail considérable : contrairement à son frère, qui changeait tout ce qu'il touchait en or. C'est encore aujourd'hui son idéal, mais comme pour se convaincre qu'il ne le vaut en rien, il ne cesse de se laisser aller dans les recoins les plus sombres de l'esprit et de l'humanité. Beau-parleur, flatteur invétéré, ce qu'il prend il le jette avec le même semblant d'indifférence. Il semble faire tout ce qu'il et quand il le veut : on aimerait le lui refuser, mais c'est dans ce moment d'hésitation qu'apparaissent encore ces lueurs dans ses yeux, ces lueurs dont on aimerait en apprendre davantage, tant elles ne cadrent pas avec le portait qu'on avait brossé de lui jusque là. Mais vous avez beau essayer et essayer encore, il ne se livre pas, comme si cela pouvait le perdre, comme s'il pouvait tomber plus bas encore.