« Lève-toi ; lève-toi et entretiens donc ta musculature » ; voilà les mots qui résonnaient en ce moment même dans son esprit ; « si tu ne le fais pas, tu redeviendras cet être flasque, cet affreux cure-dent dont plus personne ne voudra » ; et voilà de quoi motiver un sportif profitant alors un peu trop librement de son temps de repos. Redevenir la risée de ses petits camarades ? Ça jamais, il avait travaillé bien trop dur pour cela et ne s’en remettrait certainement pas de si tôt. Il lui fallait donc se rendre à l’évidence et se dégager de ce lit pourtant délicieusement moelleux. Comme la majeure partie des élèves, notre athlète adorait trainer au lit ; il aimait aussi ne rien faire de ses journées, faire la fête et se coucher tardivement ; seulement voilà, lui sentait qu’il avait plus de responsabilités que n’importe qui, et s’il ne travaillait pas correctement son corps, celui-ci perdrait de sa musculature. Il se redressa donc, pivota de quatre-vingt dix degrés sur sa droite et posa un premier pied à terre. Bon sang, ce que sa tête pouvait lui tourner. Cet idiot, il avait accumulé tant de fatigue les jours passés qu’il ne tiendrait pas la cadence bien longtemps. Il se résolut donc à ne sortir de sa chambre que dans l’idée d’aller flâner du côté d’Atlantis, la reprise se ferait donc une autre fois – au moins, il cesserait d’ennuyer ses petits camarades avec son satané sport. Les yeux à peine éclos, il mit la main sur son téléphone portable et s’empressa de rédiger : « je serais sur sellfish avenue dans une heure ; retrouvons-nous là-bas, si ça te dit. » Aussitôt son message transféré, il se leva d’un bond et sauta dans son jean balancé à terre la veille au soir. L’idée de retrouver une amie chère à son cœur pour une sortie en tout bien tout honneur – évidemment – le mettait en joie et suffisait à lui faire retrouver sa motivation envolée depuis des jours. Le visage rayonnant, il enfila un débardeur de couleur claire, puis se glissa dans un gilet plutôt épais – prendre froid aurait été chose abominable. Comme il n’avait pas l’intention de passer par le réfectoire (certainement bondé), il se contenta d’une barre de céréales en guise de petit déjeuné, sauvegardant l’autre pour plus tard.

Lorsqu'il bénéficiait d'un peu de temps libre, notre joli petit blondinet adorait se balader dans les rues d'Atlantis, une ville attrayante, passionnante aussi. Celle-ci regorgeait de commerces et autres endroits où il faisait bon se prélasser bien tranquillement au soleil. S'il avait préféré Atlantis à Akiwa, c'était tout d'abord pour le cadre – idyllique, pourrait-on dire – et ensuite pour le dépaysement, parce qu'il arrive un moment où nos chers étudiants en sorcellerie ressentent le besoin de s'évader des quatre murs de leur école, le temps de prendre un café par exemple, ou de faire quelques emplettes. En ce qui le concerne, Je Hyeon profitait de ce dépaysement pour effectuer quelques petits rapprochements avec tel ou tel élève, tout cela donnait un peu de piquant à son existence – il arrivait parfois qu'on le prenne en train de charmer ses petits camarades à la terrasse d'un café ; certains s'offusquaient, lui aimait à en rire. En tout cas cette fois, sa venue sur Atlantis ne ressemblerait en rien à ces rendez-vous galants que le gamin organisait traditionnellement et pour cause, il avait donné rendez-vous à Nanba Natsumi, une jolie jeune fille n’ayant jamais succombé à son éternel charme – aha. Pourtant, ce n’était pas faute d’avoir essayé, mais cette dernière ne semblait tout simplement pas intéressée par l’amour et ses multiples dérivés, « elle finira bien par craquer » pensait-il au plus profond de lui. Au final, ce n’était pas plus mal, il avait au moins trouvé une amie avec qui passer du bon temps et ça, ça valait tous les rendez-vous galants du monde – enfin ça, c’était ce dont il voulait se persuader. Fraichement débarqué d’Akiwa, il s’installa en terrasse, seul endroit où il pourrait prendre un bain de soleil en paix. Il commanda ensuite un jus d’orange bien frais et s’étonna de ne pas voir son amie. Ce n’était pourtant pas dans ses habitudes d’arriver avec du retard – les rôles semblaient inversés. Au moins, il aurait de quoi lui faire la morale, et il attendait bien évidemment des excuses de sa part ! Habituellement, c'était elle qui se moquait, haussait le ton – toujours avec un léger sourire au coin des lèvres – et lui rabâchait de ne plus raconter de sottises au sujet de ses amourettes. Cette fois, il prendrait un malin plaisir à la charrier jusqu'à ce qu'elle avoue la raison de son retard, une raison valable, bien entendu.