Fuir, fuir, fuir et ne faire que fuir. C’est ce qu’elle avait en tête en ce moment. Fuir, sans se retourner. Fuir, parce qu’elle avait peur. Mais surtout fuir pour éviter toute confrontation qui s’avérait toujours à être désagréable. De nombreuses personnes tentaient de fuir leur problème espérant que le temps arrange le tout ou alors qu’une solution leur saute au visage du jour au lendemain. D’autres, n’attendaient plus qu’un dilemme ne se présente à eux parce que c’était ça qui les faisait grandir, qui leur ouvrait les yeux et qui les rendaient plus forts. Alors que le reste se situait plutôt au milieu, préférant prendre le temps de trouver une solution afin de s’en débarrasser au plus vite. Jinnie elle, se trouvait normalement dans le dernier groupe, même si en ce moment, la confrontation en question la portait grandement à fuir… par peur, par vulnérabilité, par impuissance. Si se montrer forte était l’une de ses tendances, la présence d’un certain Ineo la forçait souvent à s’y résigner. Et résultat, elle s’avérait à être celle qui était malheureuse. Ce n’était pas forcément par volonté, seulement, à la longue elle ne savait plus quoi faire mis à part endurer. Parce qu’il y a des moments comme celui-là où résister ne faisait qu’aggraver la situation. Rendu-là, c’était presqu’un choix à faire. Et le bon choix était normalement celui où l’on souffrait le moins.

Il y a encore quelques minutes de cela, elle déambulait dans les couloirs s’apprêtant à rejoindre sa salle commune. Cependant, elle eut rapidement fait demi-tour lorsque son regard avait croisé le regard ténébreux de Tae Min. Tae Min était celui qui avait décidé de jeter son dévolu sur Jinnie. Celui qu’elle n’osait jamais espérer croiser, celui qui se foutait carrément d’elle, celui qui, jusqu’à preuve du contraire, semblait avoir le plus de pouvoir sur elle en ce jour, celui qui prenait plaisir à l’enfermer quelque part ou qui encore prétendait l’avoir bousculé de façon totalement involontaire, alors qu’elle sait très bien que cela avait été sa seule intention. Personne ne méritait de vivre ce genre de chose qu’il s’agisse de vengeance ou autre… et encore moins lorsqu’il n’y a aucune raison derrière ça. Car en effet, la raison du comportement du plus vieux face à elle était totalement inexistante. Ainsi, la Muneo lui avait soudainement fait dos en le voyant se pointer dans son champ de vision, alors qu’elle marchait d’un pas rapide, empruntant divers couloirs. Tout ce qu’elle voulait à l’instant, c’était qu’il passe son chemin sans se soucier de sa présence. En gros, Jinnie allait d’un sens et dans l’autre au travers les couloirs dans une marche continue, jusqu’à ce qu’elle soit certaine qu’il ait carrément changé d’étage. Peut-être avait-elle l’air ridicule, peut-être semblait-elle perdue, mais qu’est-ce qu’elle en avait à foutre ? Dans tous les cas, elle avait jeté un coup d’œil derrière elle afin de voir si le garçon s’était décidé à la suivre ou non. Hors, elle ralentit carrément sa marche en voyant qu’il n’y avait personne. Elle pouvait tout de même sentir la nervosité faire battre son cœur plus vite qu’à la normale. C’est là que son regard se posa sur l’endroit où elle était. Elle ne savait pas comment elle en était arrivée là, mais devant elle se trouvait le bout du couloir où une énorme porte délabrée était présente. Sa tête se tourna brusquement en direction de l’entrée du couloir alors que des pas résonnaient jusqu’à elle. Les yeux écarquillés, elle fixa cette direction pendant de courtes secondes. C’était Tae Min. Enfin, non, peut-être pas. Mais avouez que cela serait tout de même étrange que quelqu’un se décide soudainement à venir déambuler jusqu’à la fin d’un couloir alors que normalement, les élèves font demi-tour lorsqu’une trop grande présence de mur apparaisse. Tentant donc de se faire discrète, la jeune fille regarda vite fait la porte devant elle avant de tenter de l’ouvrir; chose qui fut tout de même assez difficile puisque cette lourde porte ne lui avait donné que très peu d’espace pour franchir l’autre côté. Du coup, elle dû se faire le plus petite possible, rentrant son ventre et laissant sa peau se faire écorcher par la porte à peine ouverte. Elle ouvrit alors la bouche, ne laissant sortir aucun son tandis qu’elle sentait un bout de bois de cette porte lui entailler un peu le bras, pour finalement se coller directement au mur à côté d’elle une fois à l’intérieur.

L’endroit était vraiment sombre; seule une lumière était présente dans toute la salle ce qui faisait de l’endroit un endroit tamisé, mais dans lequel on pouvait tout de même y voir quelque chose. Jinnie resta adossé à son mur, attendant de voir si quelqu’un d’autre allait franchir cette porte. En attendant, elle pouvait sentir une coulisse de sang couler le long se bras entaillé. Merde, c’est qu’elle ne s’était vraiment pas manqué. Dans tous les cas, elle sorti sa baguette avant de murmurer un « Lumos ! » silencieux. Elle amena alors celle-ci à son bras pour constater qu’évidemment, elle semblait s’être entaillée assez profondément. Même que quelques gouttes se faisait voir au sol, allant jusqu’à la porte. Elle jura un coup dans un murmure, pour finalement voir la porte s’ouvrir grandement à nouveau mais d’une façon beaucoup plus brutale que la sienne. Elle attendit alors de voir le garçon à quelques mètres de celle-ci avant de se décoller à toute vitesse du mur et de partir à courir vers l’extérieur, l’accrochant involontairement au passage.

J’me fais chier. Je pourrai ne pas m’ennuyer. Mais vraiment. Sauf que j’sais pas quoi faire. Ou plutôt : j’ai envie d’faire un truc bien précis, mais cette foutue Soo Jin n’est jamais là quand on a besoin d’elle. C’est chiant. Puis, j’ai pas envie de lui courir après dans toute l’école. Relou. V’là. En fait, j’ai la flemme. Je lâche un soupir énervé. J’ai envie de passer mes nerfs. J’pourrai les passer sur le premier pecno trouvé, mais c’est plus fort que moi : dans ce genre de situation, faut qu’ce soit Soo Jin. Faut dire que c’te gonzesse là a la tête de l’emploi. Les autres élèves devraient la remercier d’exister. Pas que je les fasse pas chier pour autant, mais jamais comme elle en tout cas. Allez pas vous faire de films. Allez pas croire que j’veux m’la faire ou d’autres conneries comme ça. Elle fait trop pitié. Elle m’fuit comme un pauvre p’tit animal effrayé à chaque fois qu’elle me voit. J’l’ai laissée tranquille un peu trop longtemps. Selon moi, évidemment. Je baille, je m’étire comme un chat. J’saurai pas comment l’expliquer, mais voir son expression presque de panique quand je pose mes yeux sur elle me fait triper. Me fascine presque. Soo Jin, elle est sous mon emprise. J’pourrai lui faire faire tout c’que j’voudrai si jamais j’lui promettais de la laisser tranquille après. Mais bon. J’tiendrai pas ma promesse. Evidemment. Eh ouais Soo Jin. T’as pas de bol, qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? Finalement, je dépose Ratz par terre. Je m’accroupis sur le sol, ce dernier tourné vers moi prêt à écouter mes ordres. Me prenez pas pour un taré : ce rat est vraiment intelligent. « Va trouver Soo Jin et viens m’chercher là, j’veux la voir. » Et Ratz partit au pas de course me trouver celle qui parvenait à me faire oublier un peu la notion du temps quand l’ennui pointait son nez. Je souris en regardant l’animal disparaître derrière le couloir. Oh, j’m’inquiète pas pour lui. Et puis, le premier étudiant qui le touche, j’aurai sa peau. En attendant, j’me dirige vers la salle commune des calamars. On sait jamais. Sur un coup de chance, ça peut passer. J’m’adosse contre un mur pas trop loin de cette dernière et j’attends. Main dans les poches, j’laisse un sourire apparaitre sur mes traits, pas super engageants, pendant que d’autres étudiants me regardent et baissent les yeux rapidement. C’pas parce que je souris que j’vais pas les soûler. Ils le savent bien. Et personne ne veut remplacer la pauvre Soo Jin, véritable larve à mes yeux, que je traine plus bas que terre par pur plaisir.

Je la vois. Et à peine ai-je croisé son regard qu’elle fait volte-face. Ah non non. Pas cette fois ma jolie. Mais juste pour te faire un peu stressée, j’te laisse une petite longueur d’avance. Quelques secondes plus tard, Ratz apparait. Je le ramasse. La bestiole grimpe le long de mon bras pour se poster sur mon épaule. Et puis je suis la trace de Soo Jin. A l’instinct. Je l’aperçois parfois. Putain. Faut vraiment que j’veuille passer mes nerfs sur elle pour la suivre comme un larbin. J’aime pas ça. Ben tiens, elle me le paiera. Ca me donne une raison ? Pas vraiment. Mais j’fais semblant. C’est tellement drôle de la traumatiser un peu. Je souris quand je vois jusqu’où elle va. J’connais presque le château par cœur, y compris la plupart de ses passages secrets. T’as pas de chance ma pauvre, d’être tombée sur un type comme moi. J’attends quelques secondes. Puis je marche. J’entre à peine dans le couloir que je vois la porte en face se refermer. Un sourire malsain se dessine sur mon visage. J’avance, le pas décidé, sûr de moi. T’es faite comme un rat ma jolie. Avec force, j’ouvre la porte et je la vois foncer vers l’extérieur. Elle m’accroche : je lui saisis le bras par la même occasion d’un geste violent pour la forcer à rester contre la porte. Je sens un liquide entre mes doigts, sur ce même bras que je tiens. Et je vois une entaille et quelques gouttes rouges, qui parsèment même le sol. J’en profite pour resserrer un peu plus mon étreinte. « Ben dis dont, c’t’assez moche ça, comme égratignure. Et tu t’es fait ça en me fuyant ? » Je souris, comme si c’était un compliment qu’elle me faisait rien que pour ça. Je penche légèrement la tête en regardant d’un peu plus près la blessure. Puis je la relâche, essuyant ma main tachée de son sang sur son visage avec autant de délicatesse qu’une vulgaire poupée. En même temps, elle n’est rien d’autre pour moi. Elle peut bien parler ou bouger, j’fais abstraction de sa voix et je suis plus rapide qu’elle. Donc bon. Quoi ? J’profite du plus faible ? Ben, un peu ouais. J’vais pas m’en cacher non plus. « Tu tends vraiment le bâton pour t’faire battre ma pauvre. T’as vu un peu l’endroit ? Conditions idéales pour baiser ou s’battre. Tu préfères quoi ? » Bien sûr, j’ai pas l’intention d’la culbuter. Elle m’intéresse pas du tout. Franchement. Et puis la frapper… J’préfère largement la torture psychologique. Et j’suis en plein dedans. Ca fait partie d’mon p’tit jeu. Mais c’pas dit que j’lui fasse pas mal si elle lève la main sur moi.

J’la pousse contre un mur. Assez violemment, mais bon. Faut c’qui faut. Et puis, c’est quand même carrément jouissif. J’me rapproche. Lentement. Juste histoire de la faire baliser un peu. Eh, c’est toi qui l’a cherché aussi. C’est toi qui t’es enfermée toute seule dans c’te pièce. T’aurais pas fait volte-face, j’t’aurai humiliée devant tout le monde, mais t’aurais passé un moins mauvais quart d’heure que celui que tu vas connaitre. Ben oui. La vie, c’est dur. Finalement, j’te forge le caractère. T’as qu’à le voir comme ça. « Ca m’fait plaisir de t’voir. J’me suis dit : tiens, et si j’allai emmerder Soo Jin ? Ca fait un bail non ? Mais t’es de plus en plus douée pour m’éviter on dirait. » Je parle toujours sur le même ton. Jovial, apparemment de bonne humeur. Mais c’est pas choisi au hasard. C’est parce que c’est encore plus flippant. Enervant même. Je lui souris, comme si nous étions amis. Alors qu’au final, elle n’est qu’un insecte que je prends plaisir à torturer encore et encore avant de l’écraser définitivement. « Mais pas de bol, j’gagne toujours. Et puis vu qu’ça fait longtemps, faut rattraper le temps perdu. »

Évidemment, qu’avait-elle eu en tête en croyant qu’elle allait s’en sortir si facilement. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’elle se devait de faire face au garçon et elle savait très bien que les petites passes futées ne fonctionnaient pas trop avec lui. En plus de ça, faut croire qu’elle passait son temps à être maladroite. Il suffisait de regarder l’endroit dans lequel elle était atterrie pour savoir qu’au fond, elle n’avait fait que se caler d’avantage. Il suffisait aussi de s’apercevoir du fait qu’elle avait involontairement accroché le garçon pour finalement lui donner toutes les chances de la rattraper et d’avoir davantage de l’emprise sur elle. Ce qui d’ailleurs était arrivé; car à peine eut-elle le temps d’atteindre la porte pour sortir à l’extérieur que Tae Min lui empoigna fortement le bras pour la plaquer brusquement contre cette dite porte. Par conséquent, la brutalité du choc de son dos contre la porte lui coupa le souffle en l’espace d’un instant, tandis qu’elle se lamenta un peu de la douleur éprouvée. Certes, dû à ce plaquage, mais surtout parce que l’Ineo l’avait empoigné direct là où elle s’était entaillée le bras tandis qu’il mettait d’avantage de pression sur celui-ci, persuadée que c’était seulement par pur plaisir, comme le reste. « Ben dis dont, c’t’assez moche ça, comme égratignure. Et tu t’es fait ça en me fuyant ? » Il lui avait posé une question, mais elle n’avait aucunement envie de lui répondre. C’était évident, en même temps non ? D’ailleurs, Jinnie pouvait très bien le lire dans son visage que ça l’amusait. Et puis ce sourire… dieu qu’elle pouvait détester le sourire qu’il lui faisait à l’instant, rempli de méchanceté, d’indifférence et de supériorité. Comme lui. Il lui en fallait beaucoup pour pouvoir détester quelqu’un et Tae Min était tout ce qu’elle déteste autant en geste qu’en parole. Elle tourna la tête en sens opposé à sa main lorsqu’il essuya celle-ci sur son visage. Il y a encore quelque mois de cela, Jinnie aurait tout de suite bronché, elle était si facile à provoquer d’abord. Et même si se montrer forte n’était pas toujours très évident, en la présence du jeune homme, elle n’avait absolument rien à perdre en prétendant l’être. « Tu tends vraiment le bâton pour t’faire battre ma pauvre. T’as vu un peu l’endroit ? Conditions idéales pour baiser ou s’battre. Tu préfères quoi ? » Comme si elle avait fait exprès. Elle avait tout simplement couru sans vraiment savoir où elle allait pour finalement prendre la première porte qui lui était apparue sans forcément savoir qu’elle menait en fait à cet endroit. Car au contraire, si elle l’avait su, elle n’y aurait jamais mit les pieds. Encore une fois, il venait de lui poser une question. Malheureusement, il n’avait pas trop de chance puisqu’elle garda le silence. Parfois, valait mieux que ce soit ainsi, car certaine bêtise dites pouvaient faire en sorte que la situation ne se dégrade davantage. Hors, maintenant qu’il l’avait lâché, Jinnie ressortie rapidement sa baguette pour ensuite la pointer vers lui et ainsi prononcer « Wingardium leviosa ! », formule qui faisait en sorte de le faire léviter un moment. Puis sans plus attendre, elle se retourna vers cette lourde porte, tentant à nouveau de l’ouvrir. Malheureusement, le lourd poids de celle-ci la ralenti dans son geste, ce qui donna le temps au garçon de se reposer au sol.

Rapidement, il revint s’acharner en la poussa à nouveau contre le mur et la jeune fille se eut encore le souffle coupé sous le coup. Même si elle ne lui disait rien, ni n’agissait, au fond, elle bouillait d’énervement. Il croyait vraiment qu’il pouvait la manipuler aussi facilement, faire ce qu’il voulait d’elle, n’attendant plus qu’elle obéisse tel un vulgaire petit chien. Peut-être avait-il réussi jusqu’à présent, mais cela n’allait pas encore durer bien longtemps. De quelle façon, ça elle ne le savait pas encore, cela dit. Elle en avait juste marre, complètement marre. Marre de tout subir sans être capable de lui faire quoique ce soit, parce qu’il prenait toujours le dessus sur elle. Marre d’en avoir peur et de le fuir sans cesse. Marre de son visage et de lui. Adossée contre le mur, ses yeux se posèrent finalement sur lui. Si seulement il savait l’envie grandissante qu’elle avait de vouloir le frapper chaque fois qu’il était là… « Ca m’fait plaisir de t’voir. J’me suis dit : tiens, et si j’allai emmerder Soo Jin ? Ca fait un bail non ? Mais t’es de plus en plus douée pour m’éviter on dirait. » C’était agaçant. Agaçant de savoir que l’idée de s’en prendre à elle pour simplement passer ses nerfs sur elle lui passait constamment à l’esprit. Agaçant de savoir que ce genre de mec avait son nom à elle d’accroché sur ses lèvres. Et le pire dans tout ça, c’était qu’il devait n’avoir aucun remord; juste une putain de fierté. Et cette fierté-là, Jinnie cherchait sérieusement à la détruire. « Faut croire que le jour où je quitterais cette école ta fierté en prendra un coup, je me trompe ?... » Elle ne le lâche pas du regard. Si ces derniers temps il avait eu du mal à la trouver ou à tomber sur elle, c’était simplement par pur hasard. Ou du moins, elle allait traîner là où elle était convaincue ne pas le voir. Seulement, là c’était différent; il était monté jusqu’à son étage, voir jusqu’à sa salle commune pour vraiment espérer la trouver. Y avait de quoi flipper non ? Il continuait donc de la regarder avec cet air hypocrite au visage. « Mais pas de bol, j’gagne toujours. Et puis vu qu’ça fait longtemps, faut rattraper le temps perdu. » L’air toujours aussi neutre, elle avait remonté son visage vers lui. Qu’est-ce qu’il voulait cette fois ? « Alors tu rattraperas ton temps perdu avec toi-même, parce que je n’ai aucunement envie de collaborer, tu vois. Pas cette fois. » Certes, il y avait des choses à ne pas dire, mais bon au point où elle en était rendue…

Elle se croit maligne, à utiliser la magie contre moi ? Comme si ça allait pouvoir m’arrêter de toute façon. Soojin fait peut-être partie des calamars, elle n’est pas si futée que ça apparemment. En l’air, je souris. Et je ne tarde pas à retrouver le sol de toute façon. Elle est à ma merci. Elle ne fera pas un seul geste sans que je ne puisse l’arrêter. Elle s’est crue où, mh ? Depuis le temps que j’suis sur son dos, elle devrait savoir que j’suis pas du genre à laisser à mes proies la moindre chance. Sur mon visage, ce sourire agaçant, joyeux et, on peut le dire, pervers, continue d’insister pour la rendre un peu plus mal. Ha, je sais qu’elle ne se sent pas fière, là, maintenant. Pauvre gamine. P’tite merde, tiens. Mes mirettes noires brillent d’une lueur inquiétante. J’suis pas fou pour autant, oh non. J’aime juste… Faire du mal aux autres. Pas de la façon banale. Bon, j’frappe des gens, j’suis violent, c’est ma nature. Mais j’préfère la dimension plus psychologique du bordel, voyez ? C’est plus amusant. Plus drôle, oui. « Faut croire que le jour où je quitterais cette école ta fierté en prendra un coup, je me trompe ?... » C’est qu’elle peut être drôle à jouer l’attardée ! Bon dieu, et c’est chez les calamars ça. J’avoue pas trop comprendre. Je la regarde comme si… Comme si elle était atrocement débile. Et parce qu’elle m’a presque vraiment exaspéré, je lui donne une gifle. Oh, pas trop brutale. Juste bien claquante. Qui lui avait même laissé une petite trace rouge. Je prends son visage dans ma main, lui tenant ses deux joues potelées en la fixant intensément. Je ris doucement. Je plante un regard carnassier dans le sien. Dis dont Soo Jin. Tu sais pas réfléchir sous la pression ? Tu sais pas que j’quitterai cette école avant toi ? J’suis peut-être un branleur, j’me démerde toujours ma jolie. Et puis, franchement. Un jour, j’vais me lasser de toi. Quand t’auras pété ton câble. Et c’jour-là, j’me trouverai quelqu’un d’autre. Tu sais, dans c’t’école, t’es pas la seule à avoir la gueule de l’emploi. Alors évite de croire que j’en ai vraiment quelque chose à foutre de toi. Pour le moment, t’es à moi. T’es genre un jouet avec lequel un gamin s’amuserait jusqu’à ce qu’il s’en trouve un autre. Eh oui. J’ai toujours eu un petit côté puéril. « Ben p’tain, le temps t’arrange pas ma pauvre. Tu t’rends compte des conneries que tu peux dire ? Faut bien que quelqu’un te redresse un peu. »

Je soupire. Puis je prends un peu le temps de regarder autour de nous. Mh. C’est intéressant. L’endroit n’est franchement pas mal. Bien glauque, j’aime bien. Y a de quoi la faire baliser quoi. Un nouveau sourire étire mes lèvres. Je replonge mon regard dans le sien. Elle en profite pour parler, cette débile. Oh mon dieu. Mais c’est pas possible. Elle a pris un forfait spécial conneries avant de venir ou quoi ? « Alors tu rattraperas ton temps perdu avec toi-même, parce que je n’ai aucunement envie de collaborer, tu vois. Pas cette fois. » Je rapproche mon visage du sien. Doucement. Si bien qu’elle pourrait sentir mon souffle contre elle. Je laisse glisser ma main sur son bras, doucement. Je l’effleure même. Puis je saisis son poignet, brutalement. Et je lui fais cogner sa main contre le mur. Suffisamment fort pour qu’elle en lâche sa baguette. Je donne un coup de pied dedans, et elle disparait dans un coin de la pièce. Pas envie qu’elle recommence avec ses sorts stupides. Abrutie va. C’est pas avec ça que tu m’auras. Quant au reste, faut quand même que tu sois vraiment, mais vraiment attardée. Parce que je n’ai en aucun cas l’intention de prêter une attention quelconque à ce que tu penses. A ce que tu veux. « T’es vraiment trop conne ma parole. C’est pas comme si j’te laissais le choix Soo Jin. Que tu collabores ou pas, j’en ai rien à foutre. » Je m’écarte d’elle, croisant les bras. Et je la regarde avec le sourire. Non, elle ne m’intéresse pas. Enfin, vrai qu’elle reste quand même approximativement mignonne, mais, euh… Je tape plus haut généralement. Et elle ne me fait pas du tout envie. Je veux juste… La réduire en bouillie, voyez ? Juste pour le plaisir. « Bon alors. Baise ou on s’tape dessus ? J’te laisse choisir au moins ça. » Je retire mon haut. Juste pour la faire stresser un peu plus. Et je la regarde. Content. Fier. Pauvre Soo Jin. Déjà qu’tu supportes pas de te trouver dans la même pièce que moi. Et là, j’suis torse nu, juste pour que tu flippes. Si tu veux sortir ? Tu peux pas, j’te barre le passage. T’as pas la force suffisance pour me pousser. Sans ta baguette, tu peux rien faire. Et j’avoue que dans cette pièce, je saurai même pas la retrouver. Tu vas y passer trois plombes. Et moi, ça me fait rire. Je savoure cette petite victoire, je savoure le fait de te rabaisser encore et toujours. Je l’attrape par les cheveux. Sans signe avant-coureur. Et je la fais se tourner contre le mur, la forçant à aplatir douloureusement sa joue sur la surface froide et humide. Et je me colle contre elle. Une fois de plus, j’ai pas l’intention de la prendre là comme une chienne. Si elle pouvait arriver à faire se dresser l’appareil, peut-être ouais. Mais franchement, pour moi, elle n’est… sexuellement pas intéressante. « Alors, prête à faire le grand pas ? » Je le lui susurre à l’oreille, relâchant finalement la pression pour saisir ses deux poignets, juste histoire de ne pas me prendre de truc dans la gueule. On sait jamais. Là, techniquement, elle ne peut rien faire. J’sais pas trop c’qui se passe dans sa tête. J’veux juste qu’elle flippe comme une gamine, qu’elle y croit. Et qu’ensuite, elle réalise qu’elle est plus conne qu’autre chose à avoir pensé que ça allait vraiment se produire. Comme si j’allai la toucher de cette façon.