Sâto Rin y
pseudo : ivy messages : 31 i'm here since : 09/04/2011 points : 24930 age : 31 wizard's spellbook :
| Sujet: Hanging by a moment. Jeu 2 Juin - 13:34 | |
| Peu à peu l'atmosphère s'alourdit. La chaleur s'amplifie. Tout est gorgé d'électricité. D'une façon, j'ai déjà gagné. Rin avait un rêve, devenir Bourreau d'animaux dangereux. Elle le désirait de tout son cœur, rongée par la soif et par la volonté de réformer ces abjectes créatures de telles sortes que les sorciers n’aient plus à vivre dans la crainte. De même, elle aspirait à une connaissance supérieure en ce domaine. Ceux qui avaient choisis de consacrer leur temps à cette fonction ne revenaient pas forcément indemnes. La jeune femme le savait pertinemment mais pourtant elle demeurait déterminée, rien ne semblait la faire changer d’avis, pas même sa famille, plus inquiète que jamais face à ce choix et ne manquant nullement d’arguments. Cela étant, Rin convoitait cette position pour l’aspect autoritaire et la distinction qu’elle conférerait. La nuit, imaginant l’avenir, elle se voyait déjà ordonnant à un compère de nettoyer l’immense désordre causé par ces bêtes. La jeune yongwang ne faisait part de ses espérances à personne. Elle se rappelait plus que bien la coordination parfaite avec laquelle un camarade l’avait attristé lorsqu’elle avait pris la parole pour expliquer ses choix futurs dont le souhait de devenir bourreau d’animaux magiques. Ce nigaud avait raillé contre sa personne. On ne l’y reprendrait plus ! Cependant, Rin ne se laissa pas démonter. Mieux vaut pour lui de ne plus jamais croiser à nouveau son chemin. Un brouhara de rires et de cris attira son attention. Un de ses camarades lui apprit que Sun Hee se trouvait aux serres. Tout en empruntant les couloirs qui conduisaient à la cour extérieure, Rin s’enjoignit de ne pas se laisser effrayer. Que pouvait donc cette licorne contre elle ? Elle s’élança hors du bâtiment, évitant la foule. Le moyen le plus efficace de courir une longue distance, elle le savait, consistait à passer de la marche à la course tous les vingt pas et inversement. Elle avait commencé à pratiquer cette méthode plus tôt dans la matinée. Pendant un moment, elle était parvenue à maintenir la distance. Mais quand la route lui avait à nouveau permis de voir au loin, elle avait pu se convaincre d’adopter une allure plus variable, alternant marche et course. Elle ne discernait presque plus le chemin envahi par les fougères qui lui griffaient le visage et par les longues herbes qui entravaient sa course, plus périlleuse que jamais. Les heures se succédaient. Elle comprenait qu’à ce rythme, elle mettrait bien plus de temps à rejoindre Sun Hee. Dans le ciel, un soleil voilé, immense, propageait des lumières pâles qui diffusaient sur le paysage, les alentours, une lumière assez fantomatique. Quelle atmosphère lugubre. Ses jambes commençaient à lui faire cruellement mal. Après un petit moment, la douleur avait diminué en intensité, la laissant pantelante et épuisée. Ne sachant que faire, Rin s’était enfoncée dans les bois. Veillant à ne pas trop s’égarer. La tâche devenait plus difficile à chaque enjambée et faisait grimper le sentiment de panique de Rin. Elle se haïssait de ne pas pouvoir mieux se contrôler. Ce n’était qu’une simple forêt, des plantes, rien de très surprenant et effrayant tout de même ! Elle continuait à marcher dans la forêt, s’arrêtant toutes les secondes ou minutes. S’était-elle trompée de chemin ? Fort probable. C’était la première fois qu’elle venait ici. Tout paraissait si impérieux. Elle avançait lentement, obligée de frayer son chemin dans les broussailles pour ne pas risquer de se perdre. La voie était libre. Malgré son épuisement, elle reprit sa cadence et trottait. Chaque fois qu’elle changeait de rythme, la yongwang se pinçait les lèvres. Elle n’était plus qu’à quelques centaines de pas. Le désespoir s’abattait sur Rin. Celle-ci avait l’impression d’être dans cette immense forêt silencieuse et obscure depuis des heures. Elle aurait tant voulu se coucher. Des petits trots, voilà ce qu’elle était à présent capable d’accomplir. Ses pieds la faisaient souffrir. Baissant les yeux sur ses chaussures, elle vit que ses semelles éculées étaient tachées de sang. Pas une âme pour lui prêter main forte ! La route était bordée sur un côté. Le terrain devant elle était une vaste étendue de boue. Rin devait à tout prix arrivée à temps aux serres avant que Sun Hee parte. Rin accéléra le pas et tenta de se faufiler au travers des fougères. Arrêtant constamment le pas pour reprendre des forces, elle ne comptait plus le nombre d’arbres auxquels elle s’était accotée. Quelques minutes plus tard, Rin releva les yeux et aperçu enfin l’entrée. La jeune femme tambourina à la porte et, n’entendant pas de réponse, elle pénétra à l’intérieur de la pièce à toute volée en affichant une confiance qu’elle était certainement loin d’éprouver. Regardant autour d’elle pour deviner où son amie pouvait être allée, Rin fut brusquement frappée par la nudité des lieux. Il ne restait pas une seule de toutes les petites fioles et bouteilles qui s’entassaient d’habitude sur les étagères. Pas une seule mandragore dont on se servait pendant les cours de botanique. Lorsqu’elle la vit enfin, la créature reptilienne plissa des paupières et fit un pas en avant afin de mieux voir son visage. Rin contemplait la licorne sans ciller. Les lèvres pincées et les bras croisés sur sa poitrine. La yongwang s’efforçait de déchiffrer le visage de son acolyte. Assurément, il y avait une forte émotion, mais laquelle ? Ce n’était nullement l’agacement ni l’ennui et ce n’était pas non plus la fureur. Sun Hee ne semblait pas sur le point d’éclater. Non, le sentiment qui l’agitait était de nature différente, plus froid que l’embarras, plus minime que la démence. Peut-être de l’effroi ? Sun Hee avait-elle peur de Rin ? C’était difficile à croire. Rin commença par feindre l’incompréhension. Elle doutait fortement que son aînée s’y soit résolue. « J’ai entendu parler de la façon dont tu as pris la fuite et je me demandais quand je tomberai enfin sur toi. Ne te hâte pas, tu es si jolie. N’ai-je pas le droit à un petit sourire ? Pourquoi es-tu si effrayée ? Tu n’as rien à craindre. Loin de moi le désir de créer des ennuis. Mais je considère que nous devons achever… »
Cette pensée fouetta son énergie. Sun Hee semblait éviter son regard, Rin se planta carrément devant elle et la regarda des pieds à la tête. Quelle mouche l’avait piqué ? Elle marqua une hésitation. Elle s’efforça de garder un visage impassible sous le regard intransigeant de son interlocutrice. Elle se sentait tomber sous son charme comme si elle la voyait pour la première fois. Ses yeux, d’un noir intense, illuminaient sa peau blanche et soyeuse. De son petit nez joliment dessiné, de sa mâchoire déterminée, elle était d’une beauté magnétique qui irradiait autour d’elle lorsque la demoiselle avait un franc sourire aux lèvres. Rin l'examina attentivement, sous le coup de l’émotion. Ses traits d’une finesse extrême étaient à peine altérés. Un désir impérieux semblait s’être emparé de son corps. Enfin, ce n’était pas un désir commun, juste une envie de la mettre dans tous ses états. Chacune de leurs rencontres avaient un goût d'intensité. |
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