Sa gène apparente ne pouvait masquer complètement le demi-sourire qui était né sur le visage de Yung Sook. Un sourire invisible pour qui ne serait pas habitué à guetter en permanence les traits de la demoiselle, comme moi, attendant avidement le moindre signe positif prouvant que je lui plaisais. Quoi qu'elle en dise et quoi elle fasse, elle appréciait le fait d'être avec moi. Et mes efforts n'étaient pas vaincs, même si en apparence j'avais passé quatre mois sans rien tenté, j'avais discrètement commencé à me faire une place dans sa vie. Et le fait de le savoir me rendait heureux. De son petit sourire timide, je tirais une satisfaction énorme. L'orgueil ? Sans aucun doute. Ce serait mentir que de dire que je ne me sens pas fier de moi à l'idée de lui plaire. Stupide fierté masculine ? Oh non je suis pire que ça ! Je pourrais presque en devenir arrogant si j'avais pas peur de la perdre à cause de ça. Mais j'enregistre tout de même précieusement l'image de son visage timide et souriant, pour pouvoir me souvenir de cette petite victoire, ce petit trophée. Si simple mais parvenant tant à me rendre heureux que le fait que je sois content m'émerveillait presque moi même. Signe de joie mêlé de satisfaction, je basculais un instant ma tête, sourire aux lèvres.

« Je dois être chanceuse que Park-sunbae puisse vouloir rendre jaloux les autres garçons, c’est plutôt moi qui doit faire des jalouses, je pense ! »

Je continue d'avancer mais je me retourne en même temps ce qui fait qu'au final, je recule plus qu'autre chose. Je la regarde, n'arrêtant pas de sourrire. Cette histoire de filles jalouses m'emmerde plus qu'autre chose pour être sincère. Si je le pouvais je gueulerais sur tout les toits que ceux qui ont quelque chose contre notre relation viennent donc me le dire en face, au lieu de lui pourrir la vie à elle, derrière mon dos. je meure d'envie de régler le cas de chaque chieur ou chieuse, un par un s'il le faut ! Mais je sais que le remède serait encore que le problème d'origine. Ce serait une déclaration de guerre ouverte, une montée en grade de ma part qui calmerait peut-être certains, mais une minorité redoublerait d'ardeur. Et je sais que c'est de cette minorité là qu'il faut se méfier.
Et puis je ne sais pas non plus ce que penserait Yung Sook de ce type de situation... Et son frère ? Mon petit doigt me dit qu'il aurait plus envie de me coller un pain en pleine figure que de me remercier. Ça serait pas le premier, mais je veux pas mettre Yung Sook dans une situation délicate... Enfin plus délicate encore, dirons nous.

Je me contente donc de sourire avant de lâcher un petit rire amusé :

« Les autres peuvent bien tous crever de jalousie, je m'en fou ! Tant que tu te sens bien et que tu reste à mes côtés, le reste m'importe peu. Et... j'espère qu'un jour un jour tu arrivera à voir ce qui me fais être fier d'être à tes côtés, Yung Sook, car si les autres te jalouse, c'est qu'elles l'ont bien compris ! »

Je termine sur un petit sourire narquois, histoire de dégager dans l'air ambiant toute l'assurance que je sais posséder. Comme si ça ne suffisait pas, je lève ma main en direction de mon visage, entrainant la sienne du même coup. Je pose mes lèvres contre le dos de sa main, croisant son regard et y lisant exactement ce qu'il fallait pour me rassurer. Je m'essaye sur l'instant à la télépathie : « Tout ira bien, Yung Sook, je m'occupe des commérages et des autres jalouses. » ... Comme si elle pouvait lire dans mes pensées ! Mais j'espère qu'au moins elle aura saisi dans mon regard mon envie de la protéger.
Avant qu'elle ne répond, je fais volte face et reprends mon chemin dans le bon sens. Je n'étais pas tombé pour l'heure, mais mieux valait ne pas tenter le diable, n'est-ce pas ? A moins que je tombe, essayant d'entrainer -délicatement évidement- la demoiselle avec moi. On vois ça dans certains dramas, si mes souvenirs sont bon, non ? Le coup de tomber et de s'embrasser après. Ki Suk mon chers, tu deviens pitoyable ! Depuis quand tu a besoin de provoquer une situation aussi pourrie et clichée pour embrasser une fille ? ... Depuis que j'ai compris que parfois les choses pouvaient échapper à mon contrôle et que les conséquences peuvent s'avérer douloureuses, peut-être ? ... Pas faux.

Mon petit combat mental achevé, je conclus que de toute façon, ça serait vraiment nul de ma pars de calculer et d'être impatient. Quand elle sera prête, je le saurais. Une petite voix diabolique ricane dans mon oreille. Et si au final c'était moi qui n'étais pas prêt et reculait le moment de m'engager physiquement, au delà de l'aspect moral ? Foutaises.

Au lieu de me poser des questions idiotes et non existentielles, je me recentre sur ce qui est vraiment important. Nous avions un repas déjà prêt avec nous, ce qui réglait le soucis et la question du repas. Nous le prendrions sûrement dans le parc, à moins que Yung Sook est une autre idée en tête. Mais il était onze heures dix à vu de nez -j'ai une pendule dans la tête, j'arrive en général à estimer combien de temps c'est écoulé depuis la dernière fois que j'ai regardé l'heure en me trompant jamais de plus de cinq minutes- et il restait donc trois quart d'heure avant l'heure du repas.
Je réfléchissais rapidement. Ma demoiselle portait des talons aujourd'hui, c'était un détail important à prendre en compte. Pas question d'aller marcher durant quasiment une heure, j'allais lui ruiner les pieds. C'est dans ses moments là qu'on peux constater que oui, j'ai fait un grand nombre de rendez-vous. Mais après tout, je ne peux pas effacer ce que j'ai fais par le passé et ça me permet d'être plus attentionnée envers ma petite amie... Où était le problème à me référer à mes anciennes expériences, tant qu'elle ne le savait pas ?

J'abandonnais donc l'idée de marcher longtemps. Mieux valait se trouver un banc libre, mi-ombragé pour le cas où le soleil se mettrait à cogner plus fort. Si il pouvait se trouver pas loin du petit lac dans le parc, ça serait bien. Il y avait bien un micro lac ici, hein ? J'eus un léger doute, n'étant jamais venu dans ce lieu. Mais si, la Seoul forest était réputée pour son étang... Oui ok, étang et lac, ça à pas la même taille. Mais un petit lac, ça se rapproche déjà plus de la taille d'un étang, non ?

« Yung Sook ? Ça te dis qu'on aille s'assoir sur un banc, près de l'étang ? Où tu préfère faire autre chose ? »

Je pointe du doigt la direction dont je parle, bien que d'ici on ne vois ni banc, ni étang et tourne la tête vers elle, mon petit sourire éternel aux lèvres. Rien à faire, dès qu'elle est dans les parages, je ne peux m'empêcher de me sentir bien.