*Le soir. Il était 20h passé. Peu importe que je vous donne l'heure exacte, ça ne vous intéresserait pas. Moi qui est une véritable horloge à plumes, j'étais dehors, dans le parc. Le soleil rendait ses dernières lueurs et je me dirigeais vers l'école. J'étais parti, comme chaque soir, me balader le temps que ma maitresse mange. Le refectorium est généralement toujours plein à cette heure de la journée et je ne peux donc pas passer du temps avec Maya. Mais peu importe à vrai dire que je ne passe pas le repas du soir avec elle. Enfin, SON repas du soir. Car justement, il était bientôt l'heure du mien. Oui, pour le soir, nous avons des horaires décalées. Mais je dois avouer que ce n'est pas plus mal. Comme ça, je peux me dégourdir les ailes et vaquer à quelques occupations personnelles. Lesquelles? Pourquoi je vous le dirais? Moi aussi j'ai droit à un peu de mystère. Et si j'ai utilisé le mot « personnel », ce n'est pas pour rien. Quant à elle, elle peut discuter avec mon cuisinier personnel. Oui, j'ai un cuisinier attitré. Oh, il ne fait pas de marinade de bouts de viande. Mais ce qu'il me donne est suffisamment bon pour que ça me plaise, varié pour que je ne m'en lasse pas et consistant pour que je sois rassasié. C'est donc amplement suffisant pour me satisfaire. Et quand je suis satisfait, Maya l'est également. Ce qui est une bonne chose pour mon cuisinier qui semble ces derniers mois s'être considérablement rapproché de ma Maya.*

*Non non, ce cuisinier n'est pas un elfe de maison de la cuisine d'Akiwa. Aucun d'eux n'a véritablement le temps pour ça. Non, mon cuisinier est un élève. D'ailleurs, nous l'avons rencontré d'une manière très comique. Je vous ai déjà parlé que Maya me chassait parfois des souris et des rats. Si si. Je vous ai même dit qu'il était très drôle de la voir pourchasser une souris dans un couloir, baguette à la main. Et je vous ai aussi dit qu'il arrivait que cet animal soit domestiqué. Et bien un jour, Maya et moi avions poursuivi une souris blanche dans les couloirs, comptant la capturer et la mettre dans le menu de mon diner du soir. Mais au moment où nous avons enfin réussi à mettre la main dessus, son propriétaire est apparu. Oui, cette souris avait le doux nom de Inu Nocha et avait un propriétaire qui y tenait. Pas la peine de vous dire que nous avons eu droit à un scandale de la part de son maitre. Mais contre toute attente, celui-ci s'est mis en tête de me nourrir. Il a dit qu'ainsi les animaux des autres ne seraient plus en danger. Oui, s'il veut. Enfin, ça ne m'empêcherait pas de chasser. Mais au moins Maya arrêterait de le faire pour moi. Ainsi, tous les soirs, le garçon ramenait biscuits, bouts de viande et autres choses toutes aussi bonnes. Mais plutôt que partir tout de suite après m'avoir donner mon repas comme au début, au fur et à mesure il est resté de plus en plus longtemps pour parler avec Maya. Si tard parfois que ce maniaque du règlement partait en courant à peine quelques minutes avant le début du couvre-feu. Ça vous semble louche? Oui, moi aussi. Je suis sûr qu'il y a anguille sous roche. A force, j'ai l'impression de n'être devenu plus qu'un prétexte pour que mon cuisinier puisse voir Maya. Mais enfin, je suis nourri, je ne vais pas me plaindre. Maya? Maya ne se doute de rien, bien évidemment. Elle ne croit plus à l'amour depuis belle lurette alors voir qu'un garçon lui compte fleurette? Elle ne s'en rendrait pas compte, même si c'était affiché dans toute l'école. Enfin, je dis ça, je peux me tromper sur ce garçon. Il n'empêche, ça me paraît bizarre à moi.*

*Je m'engouffrais dans le hall de l'école et me dirigeais à coups d'ailes vifs et sûrs vers les profonds cachots. Même s'ils étaient sombres, je voyais comme en plein jour. En même temps, ma nature d'oiseau nocturne m'avantage. Vous vous demandez comment je fais pour suivre Maya toute la journée alors que je suis un animal de la nuit? Si je vous dis que c'est un secret? Mais non! Mais que croyez-vous que je fais quand elle est en cours ou quand elle est par exemple avec les commères? Pensez-vous que je me prenne un bain de soleil? La réponse est évidente. Je suis sûr, après avoir vu son planning, que je peux dormir tous les matins tranquillement. Et puis, ce n'est qu'un rythme à prendre. Des humains vivent également la nuit alors que ce sont des êtres diurnes. Enfin, je m'engouffrais dans la salle commune des Ineo. A cette heure-là, la porte est toujours ouverte. Les Ineos n'ont pas peur de visites incongrues, vu la position de leur salle commune dans le château. Ou quand il fait trop froid et que la porte est fermée, il y a tant de passage que la porte s'ouvre et se ferme sans arrêt. Il suffit simplement d'avoir le bon timing, ce que j'ai très naturellement. Je m'engouffrais donc dans la salle commune des Ineo et rejoint ma maitresse qui était penché à une table. Lorsque je me posa, elle releva la tête vers moi pour me sourire et je vis qu'elle terminait son devoir de Défense contre les Forces du Mal.*

« Tiens, c'est bientôt l'heure. »

*Dit-elle sans se déparer de son sourire. Ne pensez pas que c'était à moi qu'elle disait ça. C'était à elle. C'était justement parce que j'étais arrivé qu'elle s'est dit cela. Oui, il était bientôt l'heure que mon cuisinier arrive. Et cette perspective la faisait sourire. Pourquoi? Bah, elle aimait bien mon cuisinier. Il était gentil, à l'écoute et de bons conseils. Ça changeait de l'ambiance froide qu'elle avait chaque soir quand elle pénétrait dans sa chambre. Et puis, il me nourrissait en m'offrant des repas équilibrés (pour un hibou, hein). Elle ne pouvait lui en être que reconnaissante. Après m'avoir vu, elle abandonna bien vite son devoir et rangea ses affaires. Impatiente? Disons qu'elle n'arrivait plus à se concentrer sur son devoir maintenant que la venue du garçon était imminente. Après avoir rapidement mis ses affaires dans sa chambre, elle s'installa sur un des canapé de la salle commune avec un livre à la main. Un livre moldu, si j'avais tout suivi : la semaine prochaine était prévue une réunion sur les livres avec Seung Joo. Et leurs réunions traitaient toujours de choses moldues. Bref, à peine eut-elle ouvert le livre que le garçon tant attendu se présenta à la porte de la salle commune des Ineo. Je l'accueilli comme il se doit en hululant et volant autour de lui joyeusement tandis que ma maitresse referma son livre, se leva et dit en lui souriant :*

« Bonjour Nichido-kun. Tu as passé une bonne journée? »

Nichido n'était pas descendu manger, son cerveau ne pouvait le lui permettre,son cœur aussi, surtout. Il était dans sa chambre une enveloppe en main, tremblant. L'adresse était joliment inscrite de cette écriture allongée qu'il reconnu aussitôt comme appartenant à sa mère adoptive. Enveloppe était épaisse, la marque d'une larme s'étalait sur le coin en haut à gauche. Il n'avait pas osé l'ouvrir, il l'avait reçut le matin même, cependant, il avait accumulé tout son courage pendant la journée pour découvrir le contenu de cette simple lettre. Il en avait peur car il se doutait qu'elle mettrait un terme à toute sa vie familiale qu'il avait loué avec tant d'ardeur. Il comprendrait cette décision. Il comprendrait que ses parents ne veuillent plus de lui maintenant qu'ils ont leur propre enfant. Il n'était pas leur fils, ils avait été bon de s'occuper de lui si longtemps. Alors pourquoi était ce si dure d'ouvrir cette lettre pour lire les lignes que sa tendre mère avait écrit. La raison était d'une simplicité désopilante, il les aimaient et il ne voulait pas se séparer d'eux. Drôle de logique que celle d'un enfant abandonné et adopté.
Assit sur son lit, il trouva finalement la force d'ouvrir la lettre, il en tomba une photo. Il la ramassa et la regarda. C'était celle d'un enfant, un bébé d'environs deux mois. Il le regarda une demi seconde, juste suffisamment longtemps pour remarquer que le poupon ressemblait à son père, ou du moins, au photo que Nichido avait vu de celui ci à cet âge là. Il la déchira, en huit morceaux, qu'il jeta en l'air. Il lança l'enveloppe par terre et ce leva. Il se recroquevilla sur lui même, cacha sa tête dan ses genoux et trembla. Il sentit une larme couler, il pleurait? Cette photo et la lettre n'était pas surprenante, il savait que ça arriverais un jour.

C'était bientôt l'heure du repas de Saphir, d'ordinaire cet simple pensée suffisait à le faire sourire parce qu'il savait qu'il passerait un bon moment avec Maya. N'était ce pas étrange, ce pouvoir qu'elle avait sur lui de le rendre heureux et souriant? Aujourd'hui était certes différents, certes il se réjouit d'aller la voir, mais son cœur restait lourd de peur et de rancœur. Il se leva, regarda la photo déchirée, il sortit sa baguette et la répara. Il la pris, la mit dans sa poche et sortit pour descendre dans les cachots, ses yeux encore légèrement rouge.

Il descendit la centaine de marches qui le séparait du rez de chaussé où il fit un détour par le refectorium pour trouver de quoi nourrir le hibou. Il y avait du lard, il coupa une tranche en morceaux et le mit dans un petit tupperware . Il sortit un second et le rempli de petits biscuits au beurre qu'il trouva sur la table. Il n'avait pas mangé alors il se permit de piquer un des biscuits pour le manger lui même. Non pas qu'il avait vraiment faim, il sentit que le gâteau avait du mal à passer le nœud de sa gorge, mais face à tant de nourriture aux allures succulentes, qui donc n'aurait pas céder à la tentation. Il ne prit pas la peine d'essayer d'avaler quoi que ce soit d'autre, il n'avait qu'une hâte, se trouver dans la salle commune des ineo face à Maya. Il versa un peu de jus de citrouille dans un verre en plastique, ce n'était pas pour lui, il détestait le jus de citrouille, mais bien pour le fidèle oiseau de sa confidente.

Il sentait chaque battement de son cœur, les entendait comme il descendait vers les cachots du château, la nourriture dans un sac et le verre à la main. Il ne se posa pas de question, mais c'était là bien étrange, qu'est ce qui faisait battre son cœur si vite. Ce n'était certainement pas le stress, était ce l'impatience de voir son amie, ou bien la peur encore cuisante de la lettre de sa mère qu'il n'avait toujours pas lue ? Un peu des deux sûrement.
Il respira avec force, comme pour se calmer, ce n'eut que peut d'effet, mais dans son cerveau, il avait l'impression que ça changeait tout. Il aperçut bientôt l'entrée de la salle commune des ineo. Comme à l'ordinaire, la porte était ouverte. Aussitôt se fut il présenter dans l'encadrement que le hibou hullula joyeusement en venant tourner au dessus de la tête du geobuk, comme pour lui souhaiter la bienvenue. Il leva le bras droit comme pour inviter Saphir à s'en servir de perchoir.
« -Salut toi! » murmura t'il à l'adresse de Saphir, le duc devait déjà savoir ce qu'il lui avait ramené. Ce n'était pas très original, bien qu'il tentait de varier le plus possible ses repas, mais c'était toujours mieux qu'Inu Nocha, qui ,d'ailleurs, était perchée sur son épaule regardant le hibou d'un air méfiant. Si Nichido avait depuis longtemps pardonné au rapace et à Maya, il semblait que ce n'était pas le cas de sa souris. Il faut la comprendre aussi, avec tous ces prédateurs et le fou qui lui courait après, pour la manger elle devait se considérée comme une proie fragile face à eux.
Toutefois le vert n'avait d'yeux que pour sa maitresse (au hibou) qui venait de se lever en souriant:
« -Bonjour Nichido-kun. Tu as passé une bonne journée? »

Le jeune homme en question sourit à son tour, celui ci était plus crispé qu'à l'ordinaire malgré sa sincérité. En le regardant bien, on pouvait voir que ses yeux était encore un peu rouge d'avoir pleuré.
« - Bonsoir Maya-chan! Mmh passionnante! » dit il ironiquement en gardant ce même sourire forcé avant d'ajouter:
« Deux heures de divination à mourir d'ennui, deux heures sous les cris de la prof d'histoire de la magie et un cours de potion, qui a tourné au désastre. Mais sinon, bonne journée ! »
Nichido était un plutôt bon élève, mais comme tous les jeunes, il ne pouvait échapper à l'ennui général que certaines classes inspiraient, si il ne s'endormait jamais en cours comme le faisait son voisin, il lui arrivait bien de bailler par ennui.

Il n'avait pas dit à Maya de ce qui le tracassait depuis ce matin, ni même depuis deux mois, que dis je, dix mois! Évidemment, il ne la connaissait pas il y a dix mois! Étonnant comme il s'était rapidement rapproché d'elle, et la joie qu'elle lui procurait par sa seule présence. Étrange! Nichido ne comprenait pas tout ça.
« Et toi comment ça s'est passé ? »

*Je volais autour de lui pour le saluer puis dévia très rapidement ma trajectoire pour voler au dessus de sa tête. Le but n'était pas de faire peur à lui ou à Inu Nocha mais bel et bien de deviner ce qu'il avait ramener pour moi. Jus de citrouille, Et deux tupperwares où je put entendre des morceaux de viandes se déplacer mollement les uns sur les autres et des biscuits s'entrechoqués. J'ai l'ouïe très fine et peut entendre très loin les moindres détails de discussions ou de déplacements. Par contre, je doit dire que mon odorat n'est pas mon sens le plus développer, aussi n'ai-je pu deviner plus en détails. Dès qu'il me vit tourner autour de lui, il leva le bras pour en faire un perchoir et lorsque je le posa, il me salua doucement. Je put le voir ainsi de face à face et suffisamment proche pour observer des yeux rougis. Chez les humains, les yeux rougis étaient la conséquence de trois choses : soit il avait pleuré, soit il était très fatigué, soit il se droguait et était en état de manque. Mouais. Difficile à croire que ce soit la troisième hypothèse, venant de lui. Je regarda Inu Nocha pour qu'elle me donne un indice concernant les deux autres hypothèses. Mais elle m'en veut encore de notre rencontre mouvementée et je n'obtiendrais rien d'elle. Pourtant, depuis que son maitre avait décidé de me nourrir, je n'avait plus fait aucun signe d'attaque envers elle. Et je suis trop repu chaque soir pour y songer. Mais la souris à la rancune plus tenace que son maitre apparemment. Bah, de l'instinct de survie, tout simplement. Je la comprend assez, moi qui côtoie également certains de mes prédateurs comme les serpents. Je lui hulula donc un simple bonjour courtois et m'envola vers ma maitresse pour profiter encore un peu de pouvoir être sur l'épaule de son maitre sans crainte.*

*Ce garçon ne faisait aucune faute de bienséance, même par rapport à nous les animaux. Bien qu'il m'ait gentiment donné son bras comme perchoir, il m'a suffisamment éloigné d'Inu Nocha pour qu'elle ne soit pas trop effrayée. Pour dire que Seran, que nous avons rencontré il y a deux jours avait bien choisi son professeur de diplomatie. En parlant d'elle, je croyais que ma maitresse aurait abordé la chose le soir même. Rappelez-vous, Maya avait découvert que Nichido était le professeur de diplomatie de Seran. Et bien qu'il lui disait tout, cela, il ne le lui avait pas dit. Quel choc pour elle! Ce jour-là, elle s'est rendue compte que Nichido ne lui disait pas tout sur tout. Après tout, prendre une Ineo comme confidente est un acte assez naïf en soit. On ne pouvait jamais dire si cette Ineo n'allait pas un jour tout révéler sur vous ou utiliser ces informations contre vous. Et bien peut être que Nichido n'était pas si naïf que ça. Dans un sens, ça rassurait ma maitresse : elle n'était pas tombée sur un idiot. Mais dans un autre, elle se sentait bien évidemment déçue car il y avait toujours cette différenciation par maison. Et même si Nichido était juste, il n'en restait pas moins un élève d'Akiwa avec des appréhensions humaines. Maya était sensée parler de cette déception, de ce sentiment, de cette rencontre avec Seran. C'était ce que nous avions convenu. Mais cela faisait deux jours de suite qu'elle le repoussait. Sans doute espérant qu'il en parlerait de lui-même ou ne souhaitait-elle tout simplement pas en parler, ne pas l'ennuyer avec ses sentiments.*

*Je me posais sur l'épaule de ma maitresse quand mon cuisinier la salua. Regardez-le : déjà, j'étais passé aux oubliettes. Il n'avait d'yeux que par elle, Inu Nocha et moi n'existions plus. Cela se voyait dans ses yeux. Les sceptiques du début, pensez-vous encore que c'est ma jalousie qui me fait des tours? De toutes façons, je ne vois pas pourquoi je serais jaloux de lui : il n'est pas constamment avec elle, il n'est pas son confident, il ne la veille pas quand elle est malade, il n'est pas aussi proche d'elle que comme un petit frère. Je n'ai RIEN à lui envier. Peut être son humanité. Mais si j'avais été humain, je n'aurais jamais réussi à être aussi proche d'elle comme aujourd'hui. Avec ma forme d'oiseau, nous sommes si proches que nous n'avons pas besoin de nous parler pour nous comprendre. Et ça, il ne le peut pas non plus. Il ne le pourra jamais. Donc non, je n'ai pas à me sentir jalouse. Ceux qui le pensent encore sont des idiots. C'est juste que je n'aime pas être oublié ou être utilisé comme prétexte. Je comprends que le Geobuk le fasse : elle a une telle aura ma Maya. Si envoutante, si présente. Si douce, reposante, lumineuse quand elle est calme et si électrique, brulante, étouffante quand elle est énervée. Je comprends donc. Mais je n'aime pas ça. Enfin bon. Tant que j'ai un repas convenable...*

*Nichido salua ma maitresse et celle-ci se raidit aussitôt. Elle a du repérer les yeux rouges comme moi. Elle a du également sentir qu'il était crispé, comme moi à l'instant. La journée n'avait pas été bonne, sans aucun doute. D'ailleurs, il ne balaya pas nos doutes puisqu'il la qualifia de passionnante. Avec ironie, je le concède, mais il ne l'a qualifié ni de bonne ni de mauvaise. Enfin, jusqu'à ce qu'il ait fini parlé de ses cours. A d'autres. Ça ne pouvait pas être les cours qui l'avaient mis dans cet état. Pourquoi ne parlait-il que de ça d'ailleurs? Une journée n'est pas faite que de cours. Mais le plus important était qu'il venait de mentir à Maya. Et Maya.... Eh bien Maya n'aime pas ça.*

« Vraiment? »

*Dit-elle avec tout le scepticisme qu'elle put en s'asseyant de nouveau. Elle soupira en croisant les jambes et en passant la main dans ses cheveux puis lui fit signe de s'assoir à côté d'elle en tapotant doucement le tissu du canapé. Les vêtements de Maya ce soir étaient simples. Le T-shirt qu'elle avait passé était de mêmes couleurs que son pantalon et son pull blanc maillé était fait de tel façon que l'on pouvait voir à travers. Elle était belle dans cette simplicité, sans aucun doute. Mais cette beauté affichait un air un peu déçu. Néanmoins elle prit une profonde respiration et commença son récit, bras croisés :*

« Je me suis réveillée avec des cafards dans mon uniforme aujourd'hui. Après un Recurvite, j'ai profité d'avoir ma baguette en main pour bruler l'uniforme de ma camarade. Et je m'en fiche que ce soit mal. », précisa-t-elle en le regardant pour bien lui faire comprendre qu'elle ne souhaitait aucun commentaire à ce sujet avant de continuer, « J'ai pris mon petit-déjeuner toute seule et je suis allée en cours de Sortilèges. Je m'en suis bien sortie comme d'habitude et après je suis allée en cours de Botanique. Ma plante a eu une bonne appréciation, ce qui est une bonne chose, puis j'ai déjeuner seule. J'ai ensuite eu cours de Méthamorphose. Ma souris ressemblait à un verre à pied sauf qu'il y avait toujours les poils et la queue. Ensuite je suis restée un peu avec les commères pour me détendre avant d'attaquer mon cours d'Histoire de la Magie avec mon élève. Une catastrophe. J'ai ensuite eu mon cours de vol et ça a pas arrangé les choses. J'ai croisé Soo Rin et j'ai mangé avec elle et voilà. »

*Elle se tourna alors vers Nichido à la fin de son histoire avec un air genre c'est-ça-une-journée-racontée. Je dois avouer que si je pouvais rire, je l'aurait fait au souvenir du cours d'Histoire de la Magie et du cours de Vol. C'était épique. Maya dans toute sa splendeur. Je quitta l'épaule de ma maitresse pour me poser devant les deux humains. Maintenant que leurs histoires étaient finies, j'avais droit à mon repas?*

Nichido sentit le regard suspicieux de Maya et de son hibou aussi d'ailleurs se poser sur son visage, sans la soutenir du regard, il fixa le point entre ses deux yeux. Il savait qu'elle n'était évidemment pas dupe, elle était plus maline que cela. Elle devait savoir qu'il lui cachait de nombreuses information à son sujet, à propos de son frère, de ce qu'il ressentait, de ce sentiment étrange qui grandissait en lui malgré sa volonté.
Le jeune homme la considérait comme sa confidente car il lui avait parler de nombre de ses problèmes, de ses joies aussi, elle connaissait une bonne parties de sa vie,avec son cousin, ses propos de son adoption, de ses craintes. Il avait l'impression qu'elle l'écoutait sans le juger. Il lui avait avoué de nombreuses choses, mais pas le plus important.
La journée l'avait décidé à lui avouer tout ce qu'il lui avait toujours cacher, de ne rien omettre, même si il devait lui paraitre stupide, ridicule ou idiot, même si elle devait se mettre en colère face à la quantité d'information qu'il avait omit de lui raconter. Il avait décidé de lui ouvrir les plus profondes portes de son cœur. Mais par où commencer?

Il avait plein de chose à ajouter quand elle ouvrit ses lèvres pour articuler un "vraiment" sceptique à la fin de son récit de sa journée, mais il n'ajouta rien. La convenance voulait qu'on accable pas son interlocuteur de tous ses maux dès les premiers mots qu'on leur adressait. De plus, il n'était pas le genre de personne à avouer facilement à n'importe qui qu'il allait mal, bien que Maya ne soit pas n'importe qui...une petite fierté l'empêchait d'insister sur son mal être. Ils auraient tout le temps de l'étudier de long en large plus tard. Ce serait plutôt malvenu d'importuner quelqu'un de ses malheur dès les premières phrases échangées. Extrêmement convenant et poli, notre petit Nichido? Qu'attendiez vous de moins d'un japonais très stricte sur le règlements et les règles. La bienséance, la diplomatie, la politesse, tout ceci était partie intégrante de loi sociale qu'il aimait et devait respecter

Elle se rassit sans cacher son désappointement et invita Nichido à en faire de même, il posa les tupperwares sur la petite table près du canapé et s'assit à coté d'elle. Elle se mit à parler et raconter toute sa journée. Nichido remarqua qu'elle s'était renfermée, en croisant bras et jambes, non par timidité, mais par une légère déception semblait il. Il écouta son récit avec attention.
Il ouvrit la bouche pour intervenir lorsqu'elle raconta qu'elle avait bruler la robe de sa camarade. Mais elle le connaissait bien, et coupa court à tout envie de lui faire une remarque sur la vilénie de l'acte vengeur en lui demandant de se taire. Il en fit ainsi. Il n'avait pas vraiment envie d'entrer dans ce débat là, il avait des choses plus importante et innovante dont il voulait lui parler.

Elle finit son récit et le le fixa, il ne soutint pas une fois de plus son regard, comprenant qu'elle lui reprochait l'évasif et très partiel rapport de sa journée. Saphir vint se poser face à eux, Nichido vit dans ses yeux globuleux que le repas du hibou devait commencer. Il acquiesça d'un léger signe de tête. Il prit la première boite ou se trouvait le lard et l'ouvrit. Il prit un morceau et le tendit à l'oiseau nocturne. Un petit silence s'était installé entre les deux jeunes gens. Ca arrivait parfois, ce n'était pas tellement gênant, mais celui ci se trouvait plus pesant qu'à l'ordinaire. Il lui fit picorer deux trois bout avant de reprendre la parole.
Sa voix semblait assez détachée, bien qu'un peu plus cassée qu'à l'ordinaire, mais ce qu'il s'apprêtait à lui dire lui semblait très important.
« - J'ai reçu un lettre de mes parents ce matin. » Il tendit un nouveau bout à Saphir, inconscient qu'il était encore en train d'avaler le précédent. Non, il ne souhaitait pas le gaver comme une oie, c'est juste qu'il entrait dans le vif du sujet et ne savait pas comment s'y prendre pour ne pas se rendre ridicule à ses yeux. Car, oui, son jugement à elle lui importait. Il aurait du être ravi d'une telle nouvelle, mais il ne l'était pas.

« -J'ai passé toute la journée à tenter de l'ouvrir,au final, je n'ai toujours pas réussit à commencer à la lire. J'en ai pas eu le courage! » Il ne parlait pas du descellement de enveloppe, celle ci n'était pas bloqué par un sort quelconque, non, il parlait de force moral, du désir de la lire, de sa peur de ce que ces lignes pourrait contenir. Il porta la main qu'il n'utilisait pas pour nourrir Saphir, vers l'épaule où Inu Nocha se trouvait perchée. Il baissa légèrement la tête de manière à ce que celle ci repose sur son poignet comme si celui ci était la mentonnière d'un violon. De ses petites pattes, sa souris vint caresser la joue de Nichido comme elle avait compris son mal être. Certainement était ce là un des seuls être qui ne trouvait pas cette peur déplacée et ridicule.

« - C'est stupide n'est ce pas, de ne pas être capable de lire une lettre de sa mère. » Il sortit le papier plié de sa poche, la photo envoyée, le bébé qui souriait. Il n'y avait pas à dire, c'était un splendide bébé, mignon et un peu rondouillet, bien nourrit, bien formé, malgré l'âge de la femme qui venait de le mettre au monde. Il le montra à sa confidente, lui passa pour qu'elle prenne entre ses mains le bourreau et la victime des plus grands tourments du garçon.
« - C'était dans l'enveloppe, c'est tout ce que j'ai pu en sortir...le reste, j'ai pas pu...j'ai pas pu lire une lettre de mes parents! »Bien sur il se sentait idiot, il aimait ses parents, et une part de son cœur savait que la réciproque était vrai, mais il ne pouvait se délier de cette peur, de cette terreur de l'abandon que la naissance d'un bébé avait raviver plus puissamment encore.

*La convenance, la diplomatie, la bienséance,... C'était sans doute pour toutes ces choses que Maya pensait devenir le professeur de rudesse de Seran, en opposition à tous ces beaux principes. C'est principes, elle ne les aimait pas. Non pas parce qu'elle ne les maitrisait pas mais parce que selon elle, ils induisaient en erreur. Même si il faut être ceci, il faut être cela. Même s'il ne faut pas dire : « Non, ma journée était pourrie ». Car pour Maya, si on ne le dit pas, c'est que l'on ment. Et qu'on lui mente, elle n'aime pas vraiment. Elle a l'impression qu'on la prend pour une idiote facile à manipuler alors que c'est loin d'être le cas. Surtout après avoir été manipulée par Ha Min pour qu'elle lui donne sa virginité. C'était une leçon qu'elle avait apprise et donc oui, dès qu'on lui mentait ou qu'on faisait preuve de convenance à son égard, elle était déçue et se refermait comme elle venait de le faire en croisant les bras et les jambes. Après tout, pourquoi faire preuve de convenance avec elle? Dis ce que tu as envie de dire, c'est toujours mieux que de t'enfermer comme une huitre. Parce que si tu ne le fais pas, Maya te décortiquera comme une huitre pour voir en toi.*

*Mais enfin revenons à notre histoire. Maya ne le remarqua sans doute pas mais moi je voyais depuis tout à l'heure que Nichido fuyait le regard de Maya. Pourtant, les fois précédentes, il avait ses yeux entièrement rivés sur elle, peu importe la révélation ou le comportement de l'un ou de l'autre. Il y avait donc clairement quelque chose qui n'allait pas. Mais comment le faire comprendre à Maya et le lui dire sans que Nichido comprenne lui aussi? Mission impossible vu la proximité qu'ils avaient. J'abandonnais donc pour le moment, me disant que je trouverais un moment plus approprié. A la fin du récit, je vola donc sur le sol en face d'eux et Nichido comprit tout de suite la signification de ce mouvement. Il faut dire qu'à force de venir tous les soirs, il avait fini par comprendre certaines choses sur moi. Notamment que je n'étais pas un animal comme les autres, que je parlais beaucoup avec mes gestes et mes regards et que j'adorais les biscuits. Si si, ce dernier détail est très important également, surtout pour mon cuisiner et moi-même. Ayant comprit qu'il était temps de démarrer, Nichido acquiesça comme si je venait de lui parler et qu'il me répondait et ouvrit la première boite. Je m'approcha et remarqua très vite que ce qu'il m'avait apporté été du lard. Bonne initiative. Il me tendit un morceau et je commençais à le picorer pour chercher la meilleure prise du bout de viande. Pourquoi? Pour le déchiqueter pardi! Comment voulez-vous que j'avale ce gros morceau en une seule fois? Je n'ai pas de dents, moi! Alors je déchire mes grosses proies comme celle-ci en petits morceaux. Finalement, je prit le morceau et commença à le transformer en petites pièces alors que déjà Nichido m'en tendait un deuxième. Je regarda alors surpris mon cuisinier d'un air surpris. Il ne faisait jamais ça d'habitude! Pourquoi tant de hâte? Je me rendis compte alors, au regard de Maya et à la tête du Geobuk, que pendant que je m'occupais de manger, j'avais loupé un détail important.*

*Je vais vous raconter brièvement ce que Maya m'a dit lors de notre briefing. Je m'était posé pour recevoir mon repas et elle a avoué qu'elle avait sourit en voyant ce que Nichido m'avait rapporté. Elle savait que j'aimais beaucoup cette viande grasse, parfaite pour l'hiver, et qu'un peu d'exercice de déchiquetage juste avant le repas ne ferait qu'accroitre mon appétit. Un silence s'était installé pendant que je tâtais le terrain pour mon premier morceau. C'est une chose courante avec Maya : pas besoin de parler pour se sentir bien avec elle. Mais elle me précisa que ce silence était pluss pesant que les autres. Il y avait un non-dit dérangeant qui planait dans l'air. Maya s'était demandé si c'était son non-dit fort explicite qui gâchait l'ambiance. Mais elle abandonna bien vite cette idée quand il lui dit qu'une lettre de ses parents était arrivée au mâtin. Bien qu'il était sensé en être heureux, connaissant son amour pour ses parents, il semblait stressé et grave. Et perturbé au point de faire cette erreur de timing concernant mon deuxième morceau de viande.*

*Mais revenons de mon point de vue si vous le voulez bien. J'abandonnais mon repas à son début tandis que Maya regardait Nichido d'un air intrigué, appuyant sa tête contre sa main passée dans ses cheveux, s'accoudant contre le dossier du canapé. Elle s'était légèrement déplacée pour pouvoir faire ce geste, se retrouvant désormais entièrement tournée vers le Geobuk inquiet qui continua son récit sans la regarder.*

« -J'ai passé toute la journée à tenter de l'ouvrir,au final, je n'ai toujours pas réussit à commencer à la lire. J'en ai pas eu le courage! »

*Je dois avouer que ces paroles étaient aussi incompréhensibles pour moi que son état concernant la lettre de ses parents. Pourquoi ne l'a-t-il pas ouvert? C'est une bonne chose de recevoir une lettre de ses parents, surtout quand on les aime comme il les aime. Maya devait d'ailleurs sans doute penser la même chose que moi. Cependant, nous restâmes silencieux, attendant la suite, attendant une explication. Nous vîmes le geste affectif et fort qu'il eut pour Inu Nocha et ce que fit celle-ci pour répondre du mieux qu'elle put à cette vague de sentiments. Maya et moi nous regardâmes. Nous n'avions jamais vu Nichido aussi bouleversé. Enfin si, une ou deux fois. Ces fois là, il nous parlait de son passé, de son abandon et de son placement. Était-ce encore sa peur d'abandon qui refaisait surface? Pourtant, il n'y avait aucune raison. Aux dernières nouvelles, ses parents étaient aimants. Il sortit alors un papier brillant plier dans sa poche en disant qu'il ne pouvait pas « lire une lettre de SA mère ». Encore plus intriguant. Je vola sur l'épaule de la maitresse pour voir la photo qu'elle venait de prendre et de déplier. Un bébé humain nous faisaient face. SA mère.... Mais Nichido venait de recevoir une lettre de la sienne. Ce qui voulait dire que sa mère était la mère de l'enfant. Impossible! Il y a neuf mois de gestation chez l'homme et le bébé ne venait pas de naitre en plus. Cela voudrait dire que cela fait dix mois au moins que les parents de Nichido cachent cet enfant à leur fils?.... A moins que ce soit Nichido qui ait caché cette enfant à Maya.... Je regardais ma maitresse mais celle-ci ne m'accorda aucun regard. Ses yeux étaient fixés sur la photo et elle n'affichait aucune expression, telle une statue. Elle était surprise. Elle réfléchissait. Sans doute avait-elle compris bien avant moi la signification de cette photo. Je regarda de nouveau l'image que ma maitresse fixait inlassablement tandis que Nichido nous expliqua qu'il n'avait pas pu lire la lettre après avoir vu la photo.*

*Le tube digestif vivant et gigotant semblait heureux : il était souriant, mignon pour un bébé humain, rondouillet, bien formé,... Le bébé parfait. Un adversaire de taille pour un Nichido dont la peur d'abandon le ronge. Logique qu'il n'ait pas pu lire la lettre. Et si cette lettre disait : « Tu es adorable mais nous n'avons plus besoin de toi »? Non, il l'ont accueilli depuis si longtemps. Ils le considèrent désormais comme leur fils, sans aucun doute. Une mère peut abandonner un bébé parce qu'elle n'a pas la force de l'élever, faire ses nuits, etc. Mais elle ne peut pas abandonner un enfant pratiquement autonome! J'ai beau dire ça mais... Je regarda Maya. Mes yeux devaient sans doute être pleins de tristesse. Elle avait vécu l'abandon à 15 ans. D'accord, c'était parce que Maya était une sorcière. Mais quand on a connu une mère abandonnant son enfant pour une excuse pareille, l'excuse de maintenant-on-a-un-enfant-à-nous est très justifiée. Maya ne parlait toujours pas et ça commençait sérieusement à m'inquiéter. Je hulula donc tout doucement pour l'appeler et elle émit un bruit d'agacement avec sa bouche en fermant les yeux. Ses mains commençant à trembler, elle posa la photo sur le tissu du canapé entre elle et Nichido et appuya ses mains sur sa jambe qui barrait le canapé entre eux pour qu'elles arrêtent de trembler. Ses propres souvenirs devaient la submerger en ce moment. Pourtant, elle gardait son masque de No inexpressif sur son visage. Il n'était clairement pas encore l'heure de manger. Je savais que mon poids sur son épaule la calmait sensiblement, comme une main protectrice posée dessus. Je me fit donc un peu plus lourd pour qu'elle sente davantage ma présence. Après une dizaine de secondes, elle finit par inspirer profondément et dire :*

« Omoi. »

*Ça, c'était pour moi! Je vola donc sur le dossier du canapé juste à côté d'elle. Sa voix n'avait eu aucun vibrato, aucun changement du à sa peine ou à sa colère que Nichido ne lui ait rien dit depuis tout ce temps. Aucun sentiment n'avait percé de sa voix. C'était juste une constatation, ni plus ni moins, sans le moindre sentiment. Elle rouvrit les yeux et les posa sur Nichido. Et continua pour lui cette fois sans le moindre sentiment révélateur :*

« Tu dois lire cette lettre. Même si tu ne veux pas savoir, tu le dois. On peut la lire ensemble si tu veux. »

Nichido observa le visage qui resta inexpressif tandis qu'il lui passait la photographie du bébé souriant si ce n'est un froncement de ses fins sourcils. Il préférait se perdre dans les trait délicat et légèrement androgyne de Maya plutôt que d'affronter le regard pétillant du papier glacée. Aucun sentiment ou émotion ne traversait sa face devant le petit ange gazouillant que les adultes idolâtraient tant sans pouvoir s'empêcher de dire"oh comme il est mignon, oh la la, ca donne envie d'en avoir un! "Les gens sortait toujours ce genre de banalité. Son regard à Maya restait impassible, illisible et insaisissable si bien que le geobuk se demandait ce qui se passait dans son esprit à cet instant.
Certainement avait elle déjà tout comprit de ce que signifiait cette image fixe. Qui était cet adorable petit être, son lien avec Nichido, ce que ce dernier lui cachait depuis dix mois et surtout, la terreur attiser par l'apparition de cette merveille attendue.
Il était souvent difficile de déceler le moindre sentiment, la moindre expression sur le visage ovale de la jeune ineo, en dehors des sourires francs qu'elle lui adressait la plupart du temps, il ne parvenait que très rarement à sentir son humeur et ses état d'âme. Le cinquième année se disait qu'elle devait se protéger de quelque chose, sans qu'il ne puissent vraiment déterminer la nature de celle ci, il en avait une idée partielle que ce qu'elle lui avait dit de son histoire le laissait deviner. Quand bien même, les humains se protègent individuellement à peu près tous des mêmes maux : le froid, la peur, la tristesse, la solitude,l a mort, la folie, la souffrance et le malheur. Il ne voulait pas forcer les barrières qu'elle avait monté, il préférait qu'elle tombe toute seule.
Elle, en revanche, avait réussit à lui faire ouvrir la porte pour entrer dans son cœur et s'y était aménagée une chambre juste à coté de celle de son cousin Hikaru et de ses parents. Dans la chambre d'en face, un ancien ami boxait les parois pour sortir de sa prison sentimentale, mais les murs résistaient et sa violence ne faisait qu'accélérer les battement de son cœur.

Mais nous nous égarons un petit peu je crois, l'histoire avec Kimi-chan n'était pas à l'ordre du jour. Tout celà pour dire qu'elle lui était très importante et qu'il lui faisait réellement confiance. Ce qu'il lui avait tut ne relevait alors pas de sa méfiance mais de son incapacité, de son appréhension, de son immaturité pour aborder les sujets concerner. Mais c'était devenu trop lourd, et puis, on peut facilement cacher un enfant à quelqu'un tant qu'il est dans le ventre de sa mère mais ca devient bien plus compliqué quand il est né. Alors, il était à présent normal qu'il soit entièrement clair avec celle qu'il considérait comme sa confidente. Il se demandait parfois si la réciproque était vraie, elle se confiait plus rarement à lui, sans pour autant être totalement imperméable. Il ne s'en plaignait pas, il se satisfaisait de cette situation. Mais il était des moments comme celui ci ou il aurait bien aimé être capable de lire dans ses pensées.

Sans doute Saphir en était il capable, c'était un hibou intelligent, presqu'humain à vrai dire, il communiquait avec Maya et les autres singes à deux pattes comme si il était des leurs, la parole et la forme en moins. Impressionnant. Inu Nocha était capable de ressentir les humeurs et sentiments de Nichido, mais était loin d'être aussi communicative. Parfois Nichido avait l'impression que c'était le rapace qui veillait sur Maya plutôt que l'inverse.

Il la vit trembler et s'étonna de ce signe de faiblesse qu'elle montrait si rarement, elle se força cependant bien vite à contrôler cette pulsion. Nichido savait qu'on l'avait abandonnée tard, et ceci ne le rassurait pas du tout. Oui, même maintenant qu'il y repense, il sent sa peur grandir. Certes, ses parents avait facilement accepter le fait qu'il soit un sorcier, ils avait même était ravi que l'enfant puisse suivre son cousin adoré de cette manière.
Toutefois, l'unique Tanuki était conscient qu'il n'était qu'un remplaçant dans la famille. Ils l'avaient adopter parce qu'ils étaient incapable d'en avoir d'autre... en attendant. D'ailleurs, ils ne s'étaient même pas donnés la peine de lui donnait leur nom de famille pour le faire appartenir à celle ci. Ce devait être plus facile de se débarrasser de lui ainsi si il réussissait malgré tout à avoir un vrai bébé venu naturellement, même après plus de 15 ans.
Pourquoi les parents ne se rendait il pas compte que les abandons blessaient leurs enfant. La vision d'une si forte Maya tremblante d'émotion rendait cette injustice plus frappante encore. La demoiselle repris ses esprit et s'adressa à Nichido de façon directive, tel un ordre ca s'apparentait plutôt à un conseil. Étrange un ineo donnant un conseil à un geobuk, c'était une situation bien inédite.

Lire la lettre, oh bien sur qu'il le fallait, mais il n'en avait pas la force. Il craignait d'y lire « Merci pour tout mais avec l'arrivée de Jujiro, nous ne pouvons plus nous occuper de toi. »
Bien sur, sa mère ne manquant pas de tact tournerait ceci d'un manière moins aiguisé mais le fond anéantirait certainement le jeune homme.
Sa confidente proposa cependant une idée intéressante et légèrement, vraiment légèrement, rassurante. Lire cette lettre ensemble, ca ne calmerais certainement pas la terreur du garçon mais le forcerais à lire ses lignes. Il regarda Maya dans les yeux, pour la première fois de la soirée sans fuir son regard et affirma d'un signe de tête.
« -Si tu veux bien, je préfèrerai »

Il regarda autour de lui, passa sur le sac de nourriture, ses poches, a table et le canapé avant de se rappeler qu'il avait jeter la lettre dans sa chambre, elle devait encore se trouver sur le sol de son dortoir trois étages plus haut.
« -Elle est dans ma chambre. »Qu'à cela ne tienne, il était un sorcier après tout, il avait une simple solution pour avoir la lettre sous la main sans se déplacer. Il prit sa baguette dans sa poche et la leva et murmurant concentré.
« -Accio lettre. » Il ne pouvait plus revenir en arrière, bientôt la lettre portant l'écriture de sa mère se poserais devant lui et il devrait la lire, affronter les kanji et hiragana ne lui avait jamais sembler si difficile surtout comparer au coréen.

Comme prévu la lettre arriva derrière la porte et vint se poser sur la petite table. Il regarda Maya, priant silencieusement pour son aide et son soutien, il avait besoin de la voir sourire à cet instant précis. Inu Nocha descendit de l'épaule pour venir se lover dans la poche où il venait de ranger sa baguette magique, avait elle peur elle aussi, peur d'être abandonnée?
Il avança sa main vers la table, celle ci tremblait légèrement, il attrapa enveloppe et la ramena vers lui. Il respira fortement et regarda une nouvelle fois Maya comme si il pouvait trouver de la force rien que dans ce regard.

« -Bon allons-y, puisqu'il le faut bien... »Il rouvrit enveloppe et sortit la lettre, c'était une copie simple, manuscrite recto-verso comme les habituelle lettre que ses parents lui envoyaient régulièrement. Il la déplia et se serra de Maya pour qu'ils puissent la lire en même temps. Il attrapa le poignet de la demoiselle qu'il serra mais pas assez fort pour la blesser, juste parce que ce contact le calmait, et qu'il sentait qu'il aurait peut être besoin de serrer très fort quelque chose, c'était soit son bras, soit la souris dans sa poche qui offrait moins de résistance.
« -Tu ne m'en voudras pas, si je te fais un peu mal en serrant! » Il faut bien sûr être conscient que c'était là un doux euphémisme, si la lettre était annonciatrice de mauvaise nouvelle, son pauvre poignet serait bien torturé.

Il respira fortement et se plongea dans la lecture de la simple lettre de sa mère.

Spoiler:

*Maya ou l'auto-flagellation mentale. Pourquoi avait-elle proposé de lire cette lettre avec lui? Ça ne pouvait que lui faire du mal. Soit c'était une lettre négative et dans ce cas revivre un nouvel abandon, même si ce n'était pas d'elle qui s'agissait, ne lui ferait que du mal ; soit c'était une lettre positive et dans ce cas elle serait sans doute ravie pour lui mais pleine de peine que ce genre de chose ne lui ait pas arrivé. Jalousie? Oui, sans doute que là, elle serait jalouse. J'ai beau dire que ce mot ne fait pas parti de son vocabulaire, elle serait sans doute tout de même jalouse de Nichido qui non seulement aurait une mère aimante, mais aussi une famille complète avec un petit frère. Car ce n'est pas pour rien qu'elle me considère comme tel : c'est parce qu'elle a toujours souhaité en avoir un. Un petit humain mâle avec qui partager et s'amuser. Oui, elle m'a déjà dit qu'elle aurait souhaiter un mâle. Car une femelle, il aurait fallu la traiter comme une princesse et jouer avec elle avec des poupées. Alors qu'avec garçon, les playmobils et les jeux vidéos sont amplement suffisants. Elle m'a même avoué qu'elle aurait appris à jouer au football s'il l'aurait fallu. Mais désormais, sas mère, difficile d'avoir un petit frère avec qui jouer. Peut être est-ce pour cela qu'elle me considère ainsi. Peut être aussi est-ce tout ce que je fait pour elle. Car il faut avouer que je ne chôme pas pour l'aider à s'intégrer dans le monde sorcier et lui faire plaisir. Oui, je suis impressionnant. Oui, je suis son patronus de tristesse et de solitude. Je pense que ce n'est pas pour rien que le patronus de Maya ressemble tant à moi.*

*Mais reprenons. Maya avait fait la suggestion de lire la lettre avec Nichido. Je ne pense pas que le Geobuk se rendait compte de l'effort qu'elle faisait pour l'aider. Il ne semblait pas enchanté à l'idée. D'accord, il allait lire une lettre de sa mère qui risquait de déterminer son avenir de façon fâcheuse. Mais il pouvait au moins montrer qu'il se sentait rassuré par cette proposition! Même s'il accepta et la regarda dans les yeux pour la première fois de la soirée, je ne le sentis pas aussi reconnaissant qu'il aurait du l'être envers Maya. Bon, d'accord, il ne connaissait pas toute son histoire. Mais était-ce une raison?*

*Nichido chercha un moment la lettre dans les affaires qu'il avait ramené avant de se rappeler qu'il l'avait laissé dans sa chambre. En bon sorcier qu'il était, il ne s'absenta pas et pris sa baguette pour lancer le sortilège d'attraction. Le silence retomba à l'attente de la lettre et je me posa de nouveau sur le sol devant eux pour continuer à déchiqueter ma viande tandis que Maya retira sa jambe du canapé pour se rapprocher du garçon. Il le fallait bien pour lire la lettre et elle n'oublia pas de déplacer la photo du bébé de l'autre côté d'elle afin de ne pas l'écraser. Ces simples gestes de la vie courante, nous les faisions machinalement pour ne pas que l'attente de la lettre ne soit pas trop pesante, tels une musique d'attente téléphonique. Nous étions bien orchestrés car la lettre arriva en un clin d'œil. A moins que ce ne soit l'appréhension de son contenu qui rendait les choses ainsi. La lettre vint se poser sur la petite table près de Nichido et il la prit en regardant Maya. Sans doute pensait-il qu'elle allait l'encourager d'une quelconque façon mais elle devait être trop tendue elle-même pour cela. A la place de mots d'encouragements, il n'eut qu'un très bref petit sourire crispé. Maya ne le remarqua pas, les yeux fixés sur la lettre, mais je vis Inu Nocha se planquer dans la poche de son maître. La tension était à son comble et palpable pour tout le monde.*

*Le Geobuk ouvrit l'enveloppe et en sortit la lettre pour la déplier avant de se serrer un peu plus contre Maya. Besoin d'être rassuré ou simple commodité pour lire la lettre ensemble? Les deux à mon avis. Maya répondit sans doute à ses attentes en passant son bras autour des épaules de Nichido, se rapprochant davantage et lui fournissant ainsi un geste affectueux. Il était apparemment d'avis commun entre elle et moi qu'il en avait grand besoin. Elle le laissa prendre le poignet de son autre bras et elle enroula également ses doigts sur son poignet à lui. Lorsqu'il s'excusa à l'avance pour les potentielles douleurs qu'elle ressentirait à la base de sa main, Maya lui fit un sourire rassurant en hochant négativement sa tête. Message voulant sans doute dire : « Ne t'en fais pas pour ça. ». Quant à moi, j'avalais avec difficulté ma dernière pièce déchiquetée de mon premier morceau de lard. J'avais sans doute la gorge nouée par l'évènement. Je pensais lire avec eux, mais ils étaient tellement proche que je ne voyais pas comment m'immiscer entre eux. Finalement, j'optai pour une autre solution : je me mis sur la tête de Maya. Je savais qu'elle n'aimais pas ça mais elle ne sembla pas s'en offusquer quand je me posai dans ses cheveux. Tout le monde se mit à lire presque en même temps. C'était sans doute déroutant de l'extérieur de nous voir tous les trois ainsi penchés sur une lettre.*

*Le début de la lettre fut intéressant sur les détails de l'histoire. On appris que l'enfant était né il y a deux mois, que Nichido a appris la naissance peu de temps après et que le petit homme se nommait Jujiro. Jujiro, quel drôle de nom! Mais ce qui était à retenir, c'était que cela faisait au moins deux mois que Nichido cachait l'enfant à Maya. Comme un mari qui a trompé sa femme et qui n'avait pas réussi à ce que sa maitresse avorte. Drôle de comparaison, je le conçoit, mais c'était ce à quoi ça me faisait penser. J'appris également que le benêt fan de Quidditch et qui organisait des soirées pour ressortissants japonais n'était autre que le cousin de Nichido. Ne le prenez pas mal : je l'ai appelé ainsi parce que c'est de cette façon que Maya le nomme. Il est maladroit comme pas deux et il n'aurait pas eu la clémence de Maya s'il n'avait pas été un passionné de Quidditch. Je voulus connaître la réaction de ma chère maitresse en apprenant leur lien de parenté mais je n'étais pas dans le bon angle pour voir quoi que ce soit sur son visage. Je continuait donc ma lecture et vit un souvenir d'enfance. Le Botruc et le Troll. Un classique comme conte pour enfant sorcier. A l'animalerie, on arrêtait pas de nous le lire quand on était encore que oisillon. Comme Le Pitiponk et la Sirène. Ou Le Sombral et le Sinistros. Ce n'est pas pour rien que j'arrive à comprendre les humains, qu'est-ce que vous croyez? On m'a formé au nid.*

*Je lus que la mère parlait beaucoup de Nichido à son frère, ce qui était une bonne nouvelle. Si ses parents voulaient le supprimer de leur vie, ils auraient forcement fait le contraire. Néanmoins, Maya ne semblait pas se réjouir à ce détail. Tout ne semblait donc pas joué et je poursuivait ma lecture. Sans doute est-ce parce que la mère ajouta juste après que le père avait remarqué que l'enfant ne partageait pas la joie que tous semblaient exprimer. Mais la mère rassura les inquiétude des deux jeunes gens en précisant qu'à aucun moment ils n'avaient pensé abandonné Nichido et qu'ils l'aimaient. Là, je sentis Maya doucement sautiller sur place. Elle devait avoir un grand sourire aux lèvres : elle ne pouvait être que heureuse pour le Geobuk. Elle rit même à un passage, sans doute celui du déambulateur. Elle ne cessait de sautiller doucement sur place et de sourire largement. Finalement, peut être au passage d'Halloween ou eut-elle déjà tout fini, je ne sais pas, elle ne tint plus et sauta au cou de Nichido, me donnant l'obligation de m'envoler pour ne pas tomber, en lançant :*

« Tu va être grand frère! Félicitations!!! »

*Elle avait sauté à son cou tellement fort, de par sa joie pour lui non contrôlée, qu'elle le fit basculer en arrière et se retrouva allongée sur lui. On ne pouvait faire exclamation plus gaie et visage plus radieux. Elle pensait ce qu'elle venait de dire, cela se voyait, et elle était clairement ravie pour le garçon. J'atterris près du tupperware de biscuits et des morceaux de lard renversés par l'acte irréfléchi de ma maitresse. Les biscuits étaient en miettes dans leur boite mais ce n'était pas ça qui me préoccupait : les avoir en miettes sera plus facile à les picorer. Non, ce qui me préoccupait étaient mes pauvres morceaux de lards qui avaient volés et qui étaient retombés mollement sur le sol. Je commençais à les rassembler en un tas quand Maya me vit faire et me dit en se levant pour m'aider à les ramasser :*

« Ah! Désolée Saphir. »

*Elle se mit donc à genoux et m'aida. Elle continuait à sourire, bien que ce sourire fut un peu triste désormais. Je compris pourquoi quand elle dit à Nichido aussi gaiement qu'elle put :*

« Tu en as de la chance d'avoir un petit frère! J'ai toujours voulu en avoir un. »

Les doigts de la jeune fille se serrèrent autour de son propre poignet, il était tout proche d'elle, calé par son bras rassurant à ses côté. Si il n'avait pas été aussi stressé par la situation, si il n'avait pas aussi peur, la chaleur de ce contact et de cette étreinte l'aurait certainement calmer. Mais à cet instant la tension était à son comble, la lettre sous ses yeux, il allait se révéler ce contre quoi il avait lutter toute la journée.
Nichido commença sa lecture en priant intérieurement pour que ce soit que du positif, bien qu'il doutait que ce soit le cas. Défaitiste le petit Tanuki, certainement pas très réaliste en tout cas, ni très juste envers les personnes qui l'ont élevé et aimé. Peu de gens pourrait penser que ses parents l'abandonneraient après tant de temps...Ceux ci n'avaient certainement jamais connu et été traumatisé par l'abandon volontaire.

La lettre commençait par une excuse pour le temps qu'elle avait mis à lui écrire. Il y avait de long paragraphe où elle racontait la vie à la maison avec une pointe de son humour habituelle. Sa mère était une femme très expressive qui adorait le faire rire. Toutefois, ces mots ne parvinrent pas à la faire sourire, du moins pas au début. Certes dès ses premières phrases il n'y avait que de l'amour dans ses mots, mais il savait qu'elle aborderait le sujet, et c'est ce qu'il attendait. Il voulait qu'elle lui disent qu'il avait tord de penser qu'ils allaient l'abandonné, il aurait voulu que ce soit marqué en gros dès la première phrase. A la limite il aurait préféré qu'il n'y ait que ça, et qu'elle disent qu'elle était désolée, qu'elle gardait des chocogrenouilles pour lui et qu'elle parlait de lui à Jujiro ne lui semblait pas être des élément suffisant pour comprendre qu'il n'y avait rien à craindre.

Ce fut que dans la seconde moitié de la lettre que la mère apporta une réponse à son fils, son étreinte se desserra comme il lisait ses mots. Elle l'aimait et ne voulait pas s'en débarrasser, il n'avait jamais penser à ça. L'idée mit un peu de temps à monter à l'esprit de Nichido, et comme il finissait de lire la lettre, à peine un sourire ne s'était marqué sur ses lèvre, seul un imperceptible soupir de soulagement s'échappa . De toute manière, elle coupa court à tout autre expression de sa part du soulagement et de la joie que la lecture de cette lettre aurait pu lui procurer comme elle se jetait à son cou le renversant au passage. Il ne fut d'ailleurs pas le seul à être renversé alors qu'elle s'allongeait littéralement sur lui dans sa joie en le félicitant d'être grand frère. Un sourire, plus sincère et ayant perdu toute marque de crispation éclaira le visage de Nichido!
Il était grand frère, cette affirmation avait encore du mal à atteindre son cerveau, ne réalisant pas vraiment toute la portée de ce qu'il venait de lire. Ses parents ne l'abandonnait pas, ca c'était sur, ils l'aimaient et voulaient encore et pour toujours de lui. Ils parlaient de lui à Jujiro, souvent et montrait des photos de lui comme pour le présenter. Il attendait avec impatience son retour et il rencontrerait le bébé, Jujiro, son frère. Pas par le sang bien sur, mais dans le cœur...bien qu'il ne le connaissent pas encore, il suffisait à Jujiro d'être le fils des même parents pour se faire aimer de lui.
En fait, Nichido l'avait toujours aimé, il ne lui en avait jamais voulu, le bébé n'y était pour rien, il n'avait rien demandé. Mais sa peur irrationnelle l'avait détourné de cette vérité.
Maintenant que la question était élucidé et que son esprit avait saisit et réalisé l'ampleur de cette nouvelle, une vague d'amour pour le poupon souriant de la photo emplit son cœur.

Il n'avait aucun mot pour décrire son soulagement, et seul son sourire était nécessaire pour constater sa joie. Il rit doucement de cette situation un peu perturbante...une jolie jeune fille allongée sur vous, vous ferriez quoi vous? Surtout lorsqu'elle tient cette place dans votre cœur... Heureusement pour lui, elle se releva assez rapidement pour aller aider le rapace avec ses bout de viande. Nichido en profita pour se rasseoir de manière convenable. Il parcourut une seconde fois la lettre de sa mère comme pour vérifier qu'il avait bien tout compris à ce qu'elle avait marqué, qu'il n'y avait pas d'erreur, pas incompréhension dut à son désir de lire une lettre de cette tournure. Ce n'était évidemment pas nécessaire, Maya ne se serait pas réjouit, il était improbable que tout deux se trompe sur le sens des phrases de sa mère. Mais, on est jamais trop prudent, et puis son coeur en avait besoin pour s'en remettre.

Il leva les yeux vers Maya et la vit ramasser ses bout de viande, son sourire rester en suspend sur ses lèvre, mais ses yeux marquait une légère tristesse.
C'est alors qu'il se rendit compte de son manque de tact et de son idiotie. Elle avait été abandonné alors qu'elle était grande, et il avait, involontairement remuer le couteau dans la plaie. Quel idiot, il aurait du être capable de lire cette lettre sans avoir à lui faire supporter ses peur et ce revirement de situation. Il sourit tendrement à la jeune fille en disant:
« -Je suis un idiot! Mais un idiot content. » Oh, ce mot n'était pas suffisant pour décrire ce qu'il ressentait, mais il commençait vraiment à culpabiliser. Pauvre Maya, quels efforts elle faisait pour paraître forte. Elle semblait heureuse, sans doute l'était elle, mais finalement la lettre était rempli d'amour. Elle n'avait pas eu cette chance, on l'avait réellement abandonné, après l'avoir aimée. Sa situation était finalement très éloignées de celle de Nichido qu'on avait laisser à sa naissance. Chacun cependant continuait à en souffrir. Il n'aborda cependant pas le sujet, il voulait lui laisser libre chef d'en parler si elle en avait envie.

Peut être pour le rassurer sur la nature de cette douce mélancolie, ou juste sincèrement elle lui dit:
«-Tu en as de la chance d'avoir un petit frère! J'ai toujours voulu en avoir un. »
Il n'avait jamais vraiment ressenti le besoin d'avoir un frère, il partageait tout avec son cousin Hikaru et l'avait toujours considéré comme tel. Mais il avait souvent rêvé d'une petite sœur, une fille à protéger, parce que les petites filles c'est trop mignon, et beaucoup plus calme que leurs opposés les garçons à quelques exception près... Mais tout cela importait peu à présent, garçon ou fille, le bébé était sa famille, sa fratrie.
« -Oui ! Quand j'étais enfant, je voulais une petite sœur, parce que j'avais Hikaru qui est comme mon frère. Jujiro, il prononça ce prénom avec délectation, c'est super »

Il avait envie de reprendre l'ineo dans ses bras pour fêter l'évènement mais s'en abstint. A la place il reprit la photo et prononça ce qui lui semblait impossible de prononcer et même ridicule quelque minute auparavant:
« -Il est vraiment mignon en plus... Le pauvre, il va pas en être heureux tout les jours de m'avoir comme grand frère! Il va me trouver ennuyant! » Il faisait là référence à nombre de ses défauts qui déplairait certainement à l'angelot encore innocent, sa lubie pour les règles, ses peurs, sa tendance à se rabaisser toujours, à vouloir toujours tout faire pour être à la hauteur et l'amour qu'il demande.

*J'aurais plussoyer si j'avais pu : Nichido est en effet un idiot fini et qu'il ne le remarque seulement qu'à ce moment précis me faisait grande peine. Mais sans doute pas autant que Maya qui a du revivre son abandon et a du le féliciter malgré sa jalousie évidente. Il ne lui fit même pas un geste pour la réconforter. Et il ose la regarder avec des yeux de harengs pas frais, mais c'est quoi ce garçon? Bon, peut être étais-je énervé par le fait que mes morceaux de lards avaient volé un peu partout, mais il aurait quand même pu aider à venir ramasser, c'était la moindre des politesse. Mais non, il relisait la lettre de sa mère et disait qu'il était un idiot. Et bien je le pense aussi et très fort. Finalement, Maya et moi réussirent à tout rassembler en petit tas tandis que Nichido se délectait de prononcer le nom de son petit frère. Ne se rendait-il pas compte qu'il ne faisait que remuer le couteau dans la plaie?! Ne trouvez-vous pas qu'il exagérait? Et bien moi si! A peine se fût-il plaint que son petit frère risquait de le trouver ennuyeux -et c'est ennuyeux, pas ennuyant! ><- que je ne put me retenir d'avantage : je lui fonça littéralement dessus. Peu importe ce que je souhaitait attaquer, le visage ou le cuir chevelu, le principe étant qu'il ait mal. Mais à peine me suis-je élancé, à peine m'étais-je mis en position d'attaque, à peine eu-je pu sortir mes serres toutes devant que Maya ordonna d'une voix forte :*

« Saphir NON! »

*Bon sang, elle les voit arriver comme des éléphants dans un couloirs, mes coups tordus. Pourtant, Nichido méritait bien celui-là. Il m'a littéralement mis hors de moi. Comment peut-il se pavaner a dire qu'il avait désormais un frère qu'il était beau, etc, alors qu'il y a Maya juste à côté qui souffre de n'avoir ni frère, ni véritable famille d'ailleurs. Une famille tronquée, avec un parent en moins, n'est plus une véritable famille, même si l'autre parent fait tous les efforts du monde pour combler ce manque. J'avoue que j'admire le père de Maya. Il n'est pas un sorcier, sa femme l'a quitté parce que Maya était une sorcière, pourtant, il ne s'est pas plaint. Il a entouré Maya de tout son amour, l'a protégé des commentaires qu'elle n'ait plus sa mère, l'a envoyé dans ce monde qu'il ne connait même pas, lui a fourni un ange gardien connaissant ce monde inconnu, et la protège encore aujourd'hui, comme il peut, par mon intermédiaire et par ses lettres. Qui a déjà vu meilleur père? Il aurait pu choisir la facilité et rejeter Maya également. Il aurait pu choisir la facilité et ne pas l'envoyer dans le monde sorcier. Mais il ne l'a pas fait. Pour le bien de sa fille. J'admire et je respecte le père de Maya. C'est un homme courageux, bon et intègre. Et ce n'est sûrement pas Nichido, surtout en se pavanant ainsi devant la pauvre Maya, qui aura un jour un tel respect de ma part. *

*A l'ordre de ma maitresse, je fit un coup d'aile pour bifurquer de justesse et laisser ainsi sauf le martyriseur. Je regardais Maya. Son visage était inexpressif mais ses yeux, qui m'observaient, étaient brillants. Était-ce à cause de moi ou à cause du Geobuk? Était-ce de la colère, de la déception, de la tristesse? Qui sait? Je suis sûr et certain que même Maya ne pouvait pas déterminer ses véritables sentiments à ce moment précis tellement ils devaient être confus. Maya vérifiait que sans doute que je ne chargeais pas une seconde fois et c'est pour la rassurer à ce sujet que je me posa près d'elle et pris un morceau de lard de mon tas pour commencer à le déchiqueter à la fois distraitement et avec rage. Maya, qui était toujours à genoux à côté de mon tas, me regarda faire un moment avant de soupirer et se relever. Que voulait dire ce soupir? Encore une fois, c'était confus. Ce pouvait être à cause de moi, ou à cause de Nichido et moi. Ce pouvait être aussi par rapport à ses sentiments. Ce que j'aimerais parfois lire dans ses pensées. Même si je la comprend quasiment tout le temps, il est parfois difficile de savoir à quoi elle pense précisément. Elle se laissa tombée dans le canapé près de mon cuisinier et prit la lettre pour la lire une seconde fois, distraitement. A moins que les yeux qu'elle faisait étaient des yeux pleins de tristesse. Quoiqu'il en soit, elle semblait continuer d'un air lasse sa lecture et dit après un moment :*

« Le bal d'Halloween... Bon sang, j'y ai clairement pas pensé. »

*Il était clair également que ma maitresse cherchait à changer le sujet de discussion. Autant éviter celui qui fâche et qui blesse. Maya posa sa tête en arrière, sur le dossier du canapé trop bas, de sorte qu'elle puisse regarder le plafond afin de réfléchir avec « confort », dirons-nous. Il est certain que se casser le cou ainsi n'était pas vraiment confortable, mais elle ne semblait même plus capable de tenir sa tête elle-même. Elle soupira de nouveau. Il semblait que les ennuis ne faisaient que s'accumuler ce soir. Nichido n'avait plus à s'inquiéter d'un quelconque abandon, il avait même un frère, et Maya était sans doute heureuse pour lui. Mais à quand un conte de fées pour elle aussi? Et maintenant, avec l'annonce du bal d'Halloween, il fallait qu'elle trouve non seulement un cavalier pour ne pas avoir l'air cruche d'y aller seule, juste pour les lumières, mais aussi un déguisement original. Car pas question d'y aller avec un égocentrique ou un maladroit, et encore moins d'y aller déguisée comme tout le monde. Au moins, elle avait le temps d'y penser, vu le laps de temps donné entre l'annonce du bal et la soirée en elle-même. Étrange d'ailleurs. Le bal était toujours annoncé une semaine à l'avance. Or là, ce n'était pas le cas. Le directeur préparait-il quelque chose de spécial? J'en mettrais 10 plumes au feu. Et mes plumes, c'est précieux.*