Pourquoi n’y arrivait-il simplement pas ? Jee devait avoir eu une vie bien plus difficile que la sienne, et pourtant, il tenait bien mieux le coup, il semblait ne pas être aussi affecté que lui du tout, à présent. Il avait une meilleure force mentale, de toute évidence. Après tout, ce serait mentir que de dire que Min Guk était fort mentalement – il ne l’était pas. Il en avait parfois l’air, parce qu’il s’affichait comme une personne inatteignable, parce qu’il aimait donner l’impression qu’il n’avait jamais souffert. Ce n’était pas par fierté – enfin, si, mais, pas uniquement. C’était aussi une question de honte bien réelle. Oui, il avait eu une vie équilibrée, il n’avait jamais été maltraité et n’avait jamais vécu la moindre horreur. La seule chose dont il avait souffert, c’était l’indifférence. Le manque d’attention. Et son manque de confiance – impossible à croire au jour d’aujourd’hui. Il était persuadé que si Jee découvrait ce qui pouvait autant l’atteindre et le tourmenter, il lui rirait à la figure. Même si ce n’était pas son genre, ça lui paraissait impossible qu’il puisse ne pas le trouver ridicule et puéril. Et pourtant il avait ressentie une réelle souffrance pendant toute son enfance à ce sujet. Il s’était vengé, certes. Mais les souvenirs restaient éternellement, et particulièrement les mauvais, malheureusement. Il devait également être ridicule à cet instant précis, il savait que sa robe devait être toute tachée et froissée à cause de leurs péripéties, que ses cheveux devaient être emmêlés – même s’il pouvait régler ça.. il ne pouvait pas vraiment faire quoique ce soit au fait que ses larmes avaient rendues sont visage bouffie et mouillé, et ses yeux rouges et gonflés. Il devait être horrible. Pourquoi pensait-il à son apparence physique quand les détraqueurs étaient si proches d’eux ?! Il était stupide, il se sentait affreux, il se sentait idiot, et il se sentait.. comme le pire des individus sur terre. Le tout était de savoir si c’était un sentiment réel, ou si c’était encore provoqué par les immondes créatures autour d’eux.. Mais en tout les cas, cette soirée resterait à jamais gravée dans la mémoire du plus jeune comme la pire des expériences de sa vie. La pire.

Il avait eu un hoquet alors qu’il avait sentit Jee bouger contre lui, se rapprocher et finalement, ses mains entrèrent en contact avec sa peau, lançant des frissons dans tout son corps. Il était plus sensible que d’habitude, et ses sens étaient également décuplés de la même manière. Ou peut-être était-ce la panique qui le rendait tellement.. à fleur de peau. Il releva les yeux vers le plus âgé, uniquement parce qu’il y était forcé. Ce qu’il avait honte d’être vu dans cet état. Il s’était déjà ridiculisé en public, mais jamais comme ça. Jamais d’une façon qui lui échappait totalement, comme ce soir. Il pouvait déjà imaginer à quel point ce serait difficile de faire face à Jee sans avoir le rouge aux joues les jours à venir. Maudite école et maudit directeur. « Guk, on est vraiment bien tout les deux. Écoutes-moi attentivement hein ? Il n'y a rien qui nous empêche d'être heureux tu vois? Il n'y a que toi, moi et cette sortie à quelque mètre. » Il hochait frénétiquement la tête, essayant de s’imprégner des paroles de Jee plutôt que de ce que les détraqueurs lui soufflait, il essayait vraiment de se battre. Il n’y avait plus que Jee. Il n’y avait plus que sa voix. Et ses yeux. Ancrés dans les siens, encore. « Tu es parfaitement capable de le faire, c'est toi le génie entre nous deux. Et puis tu as tout pour réussir, tu es parfait, gentil, intelligent, doué et.. » lui, un génie ? non, ce n’est pas v- si, il faut. Il n’était pas un génie, mais il était intelligent, oui. Il était doué.. parfait ? Non, il n’était pas- « tu es magnifique. » Il avait écarquillés les yeux un instant. Oui, non.. non, pas maintenant. Il n’était pas beau du tout en ce moment. Il devait ressembler à un déchet de la société, il ne devait plus avoir le moindre charme – il ne devait vraiment pas être magnifique.. Mais, peut-être que Jee pouvait voir encore derrière le masque. Pourtant.. Oui. Jee avait raison. Il ne devait pas contredire. Il devait avoir la force de repousser les créatures, parce qu’il était le seul à pouvoir le faire. Il n’avait pas le droit d’échouer. Il ne l’avait pas réellement vu venir, mais bien vite, alors qu’il se battait mentalement – il ne put simplement plus penser. Le contact était violent, effectivement. Et oui, bien plus violent qu’il ne l’aurait pensé d’un baiser avec Jee – encore qu’il n’y avait jamais vraiment pensé.. Mais, les faits étaient là. Jee l’embrassait. Et Min Guk n’avait pas eu besoin de réfléchir pour répondre à son baiser, pour s’abandonner a la douce sensation de sécurité et d’amour qui s’était insinuée en lui. Il se sentait aimé uniquement quand on le lui montrait physiquement. Et ça, il l’avait toujours su, mais il n’avait jamais réellement voulu l’admettre. Il avait l’impression d’avoir à nouveau 14 ans, et d’en être à son premier baiser. Il se sentait fragile, et il ne savait pas comment réagir. Il avait des papillons dans le ventre – l’impression de pouvoir à présent tout réussir. C’est les sensations d’un premier baiser, ça.. non ? Enfin, en plus.. Passionné. En plus.. brusque. Mais cette violence était nécessaire. C’est elle qui lui redonnait ce souffle de puissance, c’est elle qui allait l’aider à se battre. Il n’avait pas vraiment réalisé qu’il avait passé ses bras autour de sa nuque avant que Jee ne s’éloigne. Un sourire s’affiche sur le visage du plus vieux – et Min Guk le lui avait enfin rendu. Bien sûr, il allait tous les mettre K.O. Maintenant, c’est comme s’il était invincible. Il se redressa un peu, empoignant sa baguette un peu plus fort que la première fois, la pointant sur le plus proche, et il ne perdit pas plus de temps, priant mentalement pour que cette fois, ça marche.

▬ EXPECTO PATRONUM !

Et cette fois, ce ne fut pas une pitoyable petite boule de fumée qui s’échappa de sa baguette. Mais cette fois, une forme argenté en était sortie, jusqu’à prendre sa forme habituelle – ses cornes s’étaient dessinées doucement, ses pattes également, son corps.. jusqu'à ses grands yeux de biche qui avaient fixés leur propriétaire un instant, avant de s’élancer en cercle autour d’eux, faisant fuir les créatures. Bientôt, il n’y eut plus un seul détraqueur. Et la pression s’était relâchée d’un seul coup, violemment. La gazelle s’était dissipée dans les airs, et Min Guk s’était laissé tomber à genoux au sol, lâchant sa baguette un moment, celle-ci roulant au sol jusqu'à quelques centimètres plus loin. Il était à bout de force, mais il avait fait son boulot.

félicitations ! vous voilà sortis du labyrinthe.

Vous pensiez y rester, non ? C’est justement ce que notre directeur préféré voulait ! Vous faire peur. Vous entendre hurler. Et ça a fonctionné ! Par la barbe de Merlin, vous pouvez être fier ! Vous avez trouvé la sortie sans trop de mal. D’ailleurs, vous êtes le 2ème couple à sortir indemne de ce dédale de couloirs. D’ailleurs, vous venez de faire remporter 10 points à vos maisons respectives ! Peu d’entre vous auront déjà tenté de braver ce fameux labyrinthe. Donc peu d’entre vous savent réellement ce qui se trouve de l’autre côté de cet amas de haies. Lorsque vous ressortez, vous entrez dans une salle spécialement aménagée pour l’occasion. Sur votre gauche, une estrade. Des instruments de musique, des gens qui s’y affairent autour. Nul doute qu’il y aura un groupe pour mettre le feu à cette soirée ! En tournant la tête vers la gauche, vous apercevez une banderole. « Bienvenue aux grands traumatisés ! » Les infirmières sont là. Il y a une rangée de lits dissimulée derrière de grands rideaux. Trois bureaux sont placés à côté. Trois psychologues, tous présents pour écouter vos péripéties, vos traumatismes de la soirée. Notre directeur pense à tout, vous avez vu ? N’hésitez pas à aller les voir, ils sont là pour prendre soin de vos petits esprits troublés.

Encore une fois, l’alcool est présent. Et encore une fois, vous devez avoir une autorisation parentale pour boire si vous n’êtes pas majeurs … Le bar se trouve au fin fond de la salle, tout près de citrouilles et de la grosse vache. Grosse vache ? Ah, c’est vrai … Nous avions oublié de vous dire qu’Halloween était la fête préférée de notre grand et cher Jimmy. Et comme à chaque année, il s’investit corps et âme dans la préparation de l’évènement. Il voulait être responsable de la fabrication et de la distribution des boissons. Mais comme tout le monde, il voulait être costumé. L’an passé, il arborait un costume de sirène – d’une beauté incroyable, je vous assure ! Cette année, il a opté pour la vache. Avec les pies, sur le devant … Originalité, quand tu nous tiens ! Un coin a été aménagé spécialement pour que vous puissiez vous détendre. C’est bien beau vous faire peur, mais c’est tout de même le temps de reprendre vos esprits bien comme il le faut et avoir du plaisir. Lorsque tout le monde est entré dans la salle, les lumières se tamisent. Roulement de tambour. « Accueillez chaleureusement le maître de la soirée. L’organisateur de ce merveilleux évènement. Le fêté de la journée ! Vous avez bien entendu ! C’est son anniversaire, alors applaudissez-le du mieux que vous le pouvez ! J’ai nommé notre cher directeur, monsieur YSH ! »

Les lumières se braquent sur l’estrade. Et une jeune femme blonde, en robe rose toute brillante, se montre à vous. Grand sourire aux lèvres, une voix cristalline. Le présentateur s’est trompé dans son speech ou quoi ? La jeune femme agrippe le micro et commence à parler. Et puis .. hey, c’est, ce .. Non, ce n’est pas une femme. C’est le directeur. Vous entendez sa voix ? Plus il – enfin, elle – parle, plus la voix devient grave et ressemble à cette de notre directeur préféré …
« Les enfants ! Félicitations à tous pour être ressortit indemne de toutes ces épreuves. Je suis fier de vous ! Alors je me présente, je suis Yong So Hee, votre hôte pour cette magnifique soirée. Alors je voudrais souligner, tout d’abord, l’anniversaire de notre mer-vei-lleux directeur, hahaa ! 581 ans et toujours aussi se.. sérieux et plein de vie, haha ! » La jeune femme s’interrompit, toussant un peu, rageant contre elle-même. « Je savais que j’aurais du opter pour le costume de Jimmy, j’aurais fait fureur. Foutue métamorphose qui ne dure jamais cinq minutes … Ah, non d’un criquet ! Alors ce soir, amusez-vous, comme toujours ! N’abusez pas trop de l’alcool – malgré que les infirmières soient à proximités -, ET NE FAITES PAS LES FOUS. Ou alors juste un peu ... Passez une merveilleuse soirée ! Et maintenant je retourne me changer .. Jun Suk on ne regarde pas sous la robe, oooh ! »