Trou noir, profond, voire même infini. Des voix, des mots, des visages identiques. A tout cela venait s'ajouter une douce mélodie, apaisante et réconfortante puis arrivait une lumière chaude qui laissait ensuite place à des pluies torrentielles, s'abattant sur le lieu sans décor telles les dix plaies infligées à l'Égypte. Rien de très cohérent mais c'est pourtant du cerveau de la jeune et jolie Hyo Rin que venait tout ce désordre. Dominée par un cauchemar complexe, elle s'agitait dans son lit, tandis que les autres Muneo s'affairaient à la préparation du bal. C'était bien le jour J, le commencement de la fête qui durera trois jours, pour danser, s'amuser et décompresser une dernière fois avant la reprise des cours. La jeune coréenne ouvrit brusquement les yeux. On lui avait, semblait-il, froidement coupé le pied et c'était sans doute son propre cri qui la réveilla. Ce rêve incompréhensible allait la bouleverser un petit moment, il fallait qu'elle l'oublie au plus vite. Quel subconscient idiot, elle trouverait un moyen de le dompter plus tard. En effet, il lui restait à peine deux heures pour se préparer et rejoindre son cavalier. Une douche bien chaude, voilà ce qu'il lui fallait.

Débarrassée des flashs incessants lui rappelant son cauchemar, elle enfila sa robe de bal qui, espérait-elle, ferait sensation. Courte, noire, cintrée et légèrement pailletée, elle s'accordait parfaitement au corps de la demoiselle. Ça lui donnait une toute autre allure et elle paraissait ainsi classe, mûre et élégante. Hyo Rin semblait ravie et affichait désormais un sourire délicat qu'on lui connaissait bien. Il était maintenant temps d'attaquer la coiffure. Elle boucla quelques mèches qu'elle ébouriffa ensuite pour mettre un peu de volume. Un coup de laque, une frange bien placée et le tour était joué. Voilà enfin la partie qu'elle préférait: maquiller ses yeux. Elle recourba ses longs cils noirs et les habilla de quelques paillettes, discrètes mais qui changeraient tout à son regard. Ce dernier allait être ensorcelant après un petit coup de crayon noir. La jeune fille n'avait sans doute pas conscience de sa beauté; elle se savait simplement mignonne, sans plus. Cependant, ainsi vêtue et préparée, elle dégageait une assurance - involontaire, certes - qui la rendait très belle. Déposant délicatement ses pieds dans les escarpins noirs qui lui avaient coûté une fortune, elle s'examina une dernière fois dans le miroir. Tout semblait fin prêt, il était désormais temps de rejoindre son cavalier.

Telle une reine se déplaçant avec élégance sur son tapis rouge bordé par les serviteurs, la petite Hyo Rin s'avança dans le réfectorium qui avait bien changé. Était-elle encore à Akiwa ? Le lieu était vraiment magnifique. Beaucoup de monde était déjà arrivé et il lui fallait trouvé son partenaire de danse parmi toute cette foule. Jung Soo, cousin pervers qu'elle allait s'efforcer de ne pas maltraiter en cette soirée. Elle devait absolument lui faire confiance, il avait un cerveau et il serait un véritable gentleman avec elle. C'est ainsi que la jolie demoiselle se rassurait.
Se frayant un chemin entre le bras d'un Ineo et le corps imposant d'un Geobuk, elle scrutait la salle du regard. Où se cachait-il ? Jimmy allait bientôt faire son entrée.
Un crapaud lui barra la route. Les élèves pourraient au moins faire attention à leur animaux. La coréenne enjamba l'amphibien, quelque peu décontenancée et se retrouva face à un groupe de jeunes hommes Yunikon. Parmi eux: Jung Soo. C'était la première fois qu'elle le voyait si classe et si beau. Qui plus est, son cousin était désormais préfet. Il va sans dire qu'elle serait donc en charmante compagnie.
Hyo Rin contourna le groupe d'amis afin d'arriver dans le dos de son cavalier. Il était inutile de le contempler de loin. Elle lui tapota l'épaule pour lui faire remarquer sa présence, ce à quoi il réagit immédiatement. Tous ses amis projetèrent leur attention sur elle lorsqu'il se retourna. La demoiselle fut un peu gênée; quoi de plus normal quand tant de beaux garçons vous regardent ? Espérant qu'il la trouve jolie pour ne pas lui faire honte, elle défia son regard de ses yeux ensorcelants.