Il y a ces journées qui commence sur une légère note nostalgique. Serait-ce la chanson de ce matin, la merveilleuse « Hallelujah » de Jeff Buckley qui serait responsable de ce sentiment qui m’a épris depuis mon réveil ? Cette chanson, en plus de me faire regretter un grand artiste me faisait indéniablement penser à ceux qu’il avait laissé derrière lui en disparaissant et principalement son fils.

Blaise hanta mes pensés toute la mâtiné. Pas de nouvelle depuis un moment maintenant, depuis ma réponse à sa lettre pour être exacte. Je n’avais toujours pas changé d’avis et l’attendais, je savais bien au fond de moi que je ne pourrais pas l’attendre indéfiniment et qu’un jour s’il n’est toujours pas revenue vers moi je devrais tourner la page. Mais honnêtement, je n’étais pas prête à faire ça, ni aujourd’hui, ni demain, ni même le mois prochain. Je ne savais même pas si je pourrais l’être un jour. Alors je n’avais qu’une espérance, qu’il me revienne enfin. Têtue et un peu fière, je n’avais pourtant demandé de ses nouvelles à personne, il devait venir de lui-même, c’était important pour moi. J’étais déjà allé vers lui et ça n’avait pas marché. Cette fois c’était à lui de venir de me montrer qu’il était lui aussi prêt à faire que ça marche. Car je ne serais pas assez forte pour lui pardonner une nouvelle fois.

Le reste de la journée, j’avais au creux du ventre comme une boule, nostalgique à tout moment, je ne réussis pas à bien me concentrer sur mes mouvements de danse, ce qui me valus plusieurs remarques désobligeantes. Je quittais plus tôt pour la première fois l’entrainement, ne me sentant pas apte à me concentrer d’avantage. Il est de ces journées où l’ont voudrait juste retourner se coucher pour ne plus être préoccupée par une seule pensée et dormir pour oublier. Ou plutôt ne plus y penser, car oublier n’était pas non plus mon souhait.

En rentrant chez moi cet après-midi là, je ressentais l’envie de ne pas y rester ni de m'y m’enfermer. Ça aurait été pire, je me serais apitoyée sur mon sort, j’aurais été tentée d’appeler Andreas pour lui demander où je pouvais trouver Blaise, j’aurais été faible. Alors, après une douche, j’enfilais la première tenue qui me vient en main, une tenue tout à fait simple et sans grand charme mais bon, je ne sortais pas pour séduire quelqu’un, je sortais pour me changer les idées. Mon mp3 sur les oreilles, je pris la décision de marcher. Je vagabondais dans les rues de Londres à la recherche d’un endroit où me poser tranquillement, un endroit où je pourrais simplement observer les gens marcher, bouger, parler entre eux.

Mes pas me menèrent jusqu’au Starbucks, chose assez étrange en réalité. Car s’il a bien un endroit qui me rappelait ma ville natale et les moments passés avec Blaise s’était ce café. Bien sûr, des Starbucks, on en trouvait dans toutes les villes à tous les coins de rues, mais dans ma petite tête cet endroit me rappelait le Starbucks que nous fréquentions à l’époque où l’on sortait ensemble. Je me rappelle encore très bien quelles boissons, quelle table et l’ambiance qu’il y avait. C’était peut-être dans une ville différente mais cet endroit me le rappelait.

Apparemment, je ne pourrais pas échapper à mon inconscient qui désirait tant me rendre nostalgique, triste et pathétique en cette journée pourtant si ensoleillée… A quoi bon lutter alors ? Je m’assis tranquillement à la terrasse après avoir été commander un latte au caramel. Je sirotais tranquillement mon café lorsque la musique dans mes oreilles changea. Je souris à la fois amusée et consternée. C’était vraiment la journée où il allait me pourchasser jusqu’au bout ? Si au moins il était là alors… Sa chanson s’écoula me laissant ré-écouter la chanson qui m’avait fait quitter mon fiancé de l’époque pour partir le chercher aux États-Unis, cette chanson qui par son biais avait chamboulée la vie que je m’étais construite jusqu’alors. Lui en voulais-je ? Non, au contraire, je la remerciais pour ça. Sans elle, je serais mariée à ce moment même, et je ne serais peut-être même pas danseuse. Je souris de nouveau, riant presque à cette journée qui n’avait pas arrêté de tourner autour de lui. A croire que c’était fait exprès…

Et si le destin venait frapper à ma porte aujourd’hui ?