Sa journée de cours venait de finir. Il devait être dans les environ de 14h et Jin Sia avait décidé d’aller errer quelque part. Quelque part ailleurs qu’entre ces quatre murs. C’était trop bruyant, souvent trop achalandé et surtout, à la longue ça devenait banal. À force de traîner dans les immenses et interminables couloirs, on finit par découvrir des endroits dont on ignorait l’existence. Et cela, Jin Sia aurait pu le faire et chercher pour ce genre d’endroit, encore une fois. Mais pas à cette heure. C’était trop tôt et les chances qu’on la voit traîner là où il ne faut pas étaient beaucoup trop grandes. D’où le fait qu’elle préférait le faire durant la nuit, lorsqu’elle était sûre de ne tomber sur personne ou encore sur un ou deux professeurs qui par malchance, n’arrivaient pas à dormir. Hors, à l’instant elle avait plutôt opté pour l’extérieur. D’après ce qu’elle voyait le soleil brillait à son maximum, le ciel était bleu clair et le temps ne semblait pas trop chaud, ni trop froid. L’ambiance idéale pour simplement traîner et profiter de cette fin de journée, sans but précis. C’est donc en quittant son cours qu’elle entreprit une marche dans les couloirs. Normalement, les gens espéraient croiser quelqu’un qu’ils connaissaient pour ensuite leur demander de passer du temps avec eux. Mais dans le cas de Jin Sia, c’était différent. En fait, elle n’avait pas vraiment eu la chance de se faire beaucoup d’amis depuis son arrivée. Ou plutôt, quand l’opportunité s’était présentée, elle avait préféré jouer le rôle de l’emmerdeuse. Car oui, Jin Sia avait deux énormes facettes de sa personnalité. La première, il s’agissait d’une chieuse, entêtée, hautaine, détestable, n’aimant pas que l’on se mêle de ses affaires, facilement insultée et qui avait énormément de culot. Tandis que la seconde, c’était celle d’une petite gamine; vulnérable, mignonne, attentionnée, sensible et qui parfois faisait preuve d’immaturité. Toutefois, ce n’était pas vraiment le hasard qui faisait en sorte du caractère qu’elle allait adopter avec les gens; c’était bel et bien elle qui le décidait.

Elle était donc maintenant à l’extérieur, sur l’énorme terrain vert et vaste d’Akiwa. Bien, et maintenant qu’allait-il se passer ? Faut dire qu’en même temps, il n’y avait pas non plus grand-chose à faire, surtout seule. Et pour l’instant, la jeune Yunikon n’avait aucune envie de curiosité et d’exploration. Alors le labyrinthe, la forêt et les grottes étaient déjà à oublier. Du coup, elle s’engagea dans une quelconque direction, espérant trouver un endroit où s’isoler un peu. Et ce n’était pas peu de dire que de traverser cette énorme cour avec ses toutes petites jambes allaient lui prendre un temps immense. Au fur et à mesure qu’elle marchait de façon assez lasse, elle observait les alentours. Puis ce fut après dix minutes de marche qu’elle commença à apercevoir au loin le terrain de Quidditch. Le Quidditch… elle ne connaissait pas grand-chose à ce sport, mais apparemment, les élèves étaient invités à regarder les matchs disputés entre les différentes maisons durant l’année. Pour l’instant, aucun n’avait eu lieu, mais s’il y avait bien une chose pour laquelle elle était curieuse depuis un petit moment, c’était bien ce sport. Malheureusement, elle avait cru entendre dire qu’elle était encore trop jeune pour s’inscrire dans l’équipe. Néanmoins, ce qu’elle aperçue aussi, c’est que plus elle se rapprochait de l’endroit et plus elle cru remarquer que des élèves semblaient y jouer. Ou du moins, s’y pratiquer. Car en levant les yeux au ciel, elle pouvait voir ces fameux balais voler ainsi que des objets ronds. Et d’après leur uniforme, c’était des Ineos. C’est là qu’elle eut en tête d’aller s’asseoir dans les estrades et d’observer un peu le jeu afin de s’y familiariser. Après tout, elle pouvait très bien apprendre en observant.

Lorsqu’elle arriva près de l’entrée du terrain, son regard se posa alors sur les deux personnes qui s’y tenaient. Il s’agissait d’un Muneo et d’un Yongwang. L’un d’eux avait sorti sa baguette et la pointait directement vers le ciel, là où se trouvaient les joueurs rouge. Intriguée, le regard de Jin Sia ne semblait pas vouloir les lâcher. Ils semblaient comploter quelque chose puisqu’elle put aussi entendre quelques petits fous rires avec de forts chuchotements. Puis c’est là qu’elle remarqua le Yongwang faire aller sa baguette après avoir dit une formule. Le regard de la jeune fille suivit donc la direction dans laquelle une quelconque action semblait se faire. C’est là qu’elle vit le balais de l’un des Ineo se mettre à aller dans tous les sens, l’Ineo semblant perdre le contrôle de celui-ci. À nouveau, elle entendit les deux élèves rirent pour ensuite voir le Muneo faire de même mais avec l’autre joueur. Des grognements plutôt mécontents se faisaient entendre de la bouche des Ineo et c’était à peine s’ils parvenaient à rester sur leurs balais. Quelques secondes ensuite, elle put entendre l’un des Ineo dire qu’il voyait que c’était quelqu’un qui était en train de leur jeter un sort. À ce moment, Jin Sia se fit bousculer par les deux élèves au sol qui tout de suite, se mirent à courir à toute jambe comme pour se sauver d’eux. L’un des rouge venait tout juste de tomber de son balais tandis que l’autre s’était posé au sol pour finalement partir à courir avec son ami. Puis lorsqu’ils eurent atteint l’entrée, qui était aussi la sortie du terrain, ils s’étaient arrêtés, agitant la tête dans tous les sens pour tenter de voir par où étaient partis les deux jeunes. Cela dit, il s’avérait que Jin Sia traînait aussi à côté de l’endroit et du coup, ce fut vers elle que les deux rouges foncèrent, l’air plutôt mauvais. Mais à peine avait-elle commencé à courir pour éviter leur furie qu’ils l’avaient tout juste rattrapé, lui serrant fortement le bras pour l’obliger à se tourner vers eux. « Putain de gamine ! Mais tu te prends pour qui ? » Elle ne dit rien. Pour une fois qu’elle n’avait pas semé la pagaille et qu’elle était innocente, il fallait quand même que l’on s’en prenne à elle. Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle avait grandement envie de leur montrer son petit côté peste et de ne pas se laisser faire. Mais elle s’y résigna tout de suite en voyant qu’à quelques mètres d’eux traînait un autre Yunikon. Quand je vous disais qu’elle décidait d’elle-même quel caractère adopter en présence de quelqu’un, ça c’était un exemple. Voyant que les Ineo ne la lâchaient pas, elle se mit à tenter de tirer son bras pour leur faire lâcher prise en les suppliants de la lâcher. Peut-être que de cette façon, cela allait attirer l’attention du Yunikon qui semblait venir dans leur direction. Dans tous les cas, Jin Sia afficha un petit air totalement vulnérable « Mais j’y suis pour rien… s’il vous plaît lâchez-moi. » Pendant ce temps, elle continuait de tirer sur son bras. Puis lorsqu’elle senti le garçon faiblir son emprise, elle se mit à courir de nouveau. Cette fois, elle se précipita à toute vitesse derrière le Yunikon, les rouges la suivant toujours, pour finalement le tenir par la taille, comme pour lui montrer qu’elle avait peur. Elle cacha ensuite son visage contre son dos, tel un enfant le ferait avec sa mère pour se faire protéger. Seulement là, elle ne connaissait pas du tout le Yunikon. Enfin, pas directement. Elle avait cependant eu le temps de reconnaître son visage et de constater que c’était son préfet. Quoique, d’une certaine façon, elle était bien tombée. Après tout, il se devait de protéger les siens, non ?

Même à l’heure actuelle, il ne comprenait décidément pas pourquoi ces professeurs avaient décidés de faire de lui, le préfet masculin de sa maison. Aucune raison n’avait été particulièrement donnée si ce n’est l’avantage que cela allait lui apporter sur son dossier pour suivre des études en médicomagie plus tard. C’est vrai qu’en étant préfet, cela allait lui ouvrir plus facilement à ouvrir les portes de cette branche si particulière et difficile que représentait cette matière et puis surtout ça lui donnait enfin une raison pour changer un petit peu son caractère si orgueilleux. Cela faisait quelques temps qu’il se disait qu’il était temps qu’il modifie un peu ce caractère si froid et brusque qui avait fait sa marque de fabrique. D’ailleurs ce n’était pas étonnant qu’on le surnomme « l’homme de glace » ou « l’homme ours » tellement il était connu pour être un être solitaire. Solitaire, le garçon l’était assurément, ne cherchant en aucune façon la présence et l’amabilité des gens comme si cela l’importunait peu d’être seul au monde. Chose qui n’était pas faute car lui-même disait bien volontairement qu’il n’avait surement pas besoin de l’aide, de l’amitié de quiconque et pourtant il possédait quelques amis. Des amis de plus ou moins longues dates auprès de qui il laissait un tant soit peu sa carapace de côté mais qui était et restait bien disposée autour de lui, comme une barrière pour camoufler une vérité qu’il gardait secret plus que tout au monde. Au fond, cela lui importait peu qu’on l’aime, le respecte, le craigne ou qu’on soit tout simplement indifférent à sa personne car de toute façon cela ne le regardait point. A ses yeux, tout le monde pouvait se faire une idée précise de sa personne comme il le souhaitait tant qu’il ne lui faisait pas part de ces observations et de ces conseils qui de toute façon ne serait pas du tout entendu par sa personne.

C’est donc évidant, qu’il avait tendance à ignorer les Kouhai qui venaient à sa rencontre pour lui demandait des informations sur le règlement, sur les cours ou tout autre sujet. Il savait que ça faisait partie de sa tâche en tant que préfet de guider ces cadets mais il ne fallait pas compter sur lui pour cela car il risquait malheureusement de n’être pas tendre. Il n’avait jamais réellement apprit à communiquer avec autrui ou du moins il en avait perdu l’habitude mais au fond cela personne ne pouvait le savoir et a force d’être resté mué dans le silence pendant tant d’années, il avait fini par perdre la technique. Il était loin d’être muet et il pouvait même faire des discours digne d’un orateur politique mais il ne cherchait pas à faire particulièrement attention au ton, ni aux mots qu’il employait et qui étaient souvent très maladroits et pouvaient donc être mal interprétés par les personnes avec qui il discutait. Alors il préférait ne pas effrayer qui que ce soit et il restait le plus souvent muet sauf lorsqu’on lui prenait incroyablement la tête et ça, seulement sa collègue yunikon était parvenue à lui faire perdre son calme olympien, un jour. En gros, le jeune homme était une véritable barrière de froideur et d’orgueil…un peu comme une bête qui n’était pas apprivoisée et qui ne risquait pas de l’être avant un long moment.

C’est en quittant les cours qu’un de ces professeurs était venue à sa hauteur pour lui demandait d’apporter un document officiel au professeur de vol qui se trouvait dans les alentours du château surement en train de donner ces cours à des premiers années. Comme un bon élève, et préfet, il avait accepté la demande et il s’était donc dirigé vers l’extérieur du château pour accomplir sa noble tâche. Serviable ? Le jeune homme l’était que seulement lorsqu’il y était contraint et comme il ne voulait pas faire de vague, il marchait dans les rangs. Enfin les professeurs le pensaient car pour lui avoir donné un tel rang, c’était qu’il pensait sérieusement que c’était un gentil agneau sous son apparence austère. Si seulement ils pouvaient se souvenir des nombres de fois où ils avaient subis le sort d’amnésie lorsqu’ils avaient croisés sa route dans les couloirs obscures de l’école la nuit, leur avis serait surement bien différent de celui qu’ils avaient à l’heure actuelle… Mais cela, il était le seul à savoir et comme il était du genre calme, posé et quasi imperturbable, ils ne risquaient pas d’avoir des aveux de se part et même s’ils avaient des preuves pour l’accabler.

Lorsqu’il franchit les portes de l’entrée de l’école, il remarque quelques premières années sur leur balai dans les airs, ils se trouvaient près du terrain du quiddich, du moins en avait-il l’impression alors qu’il inspirait un grand bol d’air pour se revivifier les poumons. Cet après midi serait surement parfait pour faire un jogging auprès du lac ou autour de l’école. Chose qu’il avait l’habitude de faire plutôt le matin en temps normal mais comme il avait du s’occuper d’une affaire urgente dès le levé du jour et il n’avait pas pu effectuer son exercice quotidien. Une dépense physique nécessaire à son équilibre mental pour détruire toutes les toxines négatives qu’il accumulait au fond de son être depuis près de sept ans. Le sport était résolument la seule chose qui parvenait à ne pas lui faire péter les plombs et n’être qu’une bête assoiffé de sang et surtout de se défouler en frappant qui que ce soit. Du moins, c’était ce qu’il avait tenté d’empêcher en ayant recours à une telle dépense physique qui avait au moins le don de le défrustrer quelques temps et apaiser ses pensées si tourmentées.

Il avait tellement tendance à se fatiguer l’esprit avec des données, des informations qui n’avaient pas de sens, qui étaient même inutiles et pourtant, il n’était pas foutu de les oublier. Ainsi, il savait déjà qu’en arrivant au stade de Quiddich, il allait y trouver l’équipe des ineos en train de s’entrainer. Comment le savait-il ? Tout simplement en ayant posé ses yeux quelques millisecondes sur le planning des entrainements officieux des équipes de Quiddich. Surdoué depuis son enfance, le jeune homme retenait tout ce qu’il voyait, ce qu’il lisait et parfois en fin de journée toutes ses données emmagasinées lui donnaient un horrible mal de tête, qui était parfois insupportable. C’est donc en se rendant vers le terrain de quiddich qu’il s’amusa à retourner le document dans tous les sens, comme pour éviter de poser ses yeux sur quelconques élèves qui avaient décidés de réviser, lire ou discuter à l’air libre.

Ayant dépassé tous ces groupes réunis, il rangea de nouveau le document dans la poche de sa robe de sorcier et s’attela à rejoindre le groupe d’élève de première année pour remettre ce fichu document. Lorsque ce fut fait et après avoir les remerciements qui lui étaient dus, il s’apprêtait à retenir vers le château, lorsqu’il se fit bousculer par deux jeunes gens qui semblaient fuir. Les fixant quelques instants de son air froid et impassible pour pouvoir retenir leurs traits dans son esprit, il remarqua aisément qu’il s’agissait d’un yongwang et un muneo qui semblait fuir comme des coupables d’une scène de crime, ou plutôt d’un sal coup. Intrigué, et surtout guidé par ses nouvelles responsabilités, il se dirigea vers l’endroit d’où ils venaient, le terrain de Quiddich. Arrivant à l’entrée du terrain, c’est ainsi qu’il remarqua que deux ineos avaient pris en grippe, une des cadettes de sa maison. Il s’agissait de Choi Jin Sia, élève en première année si les données qu’il détenait étaient bonnes. Parvenant à s’extirpait de l’emprise du rouge sur son bras, la demoiselle s’élança à sa rencontre pour se cacher derrière lui, le serrant contre elle, la tête posé au creux de son dos. Elle semblait effrayée, chose qui n’était peut être pas étonnant d’une jeune fille face à deux garçons si âgés qu’étaient ces deux rouges.

C’est dans un ton placide presque imperturbable qu’il laissa la jeune fille faire alors que les deux rouges s’avançaient vers lui, bien décidés à s’en prendre à la jeune fille. Etre impliqué dans une histoire sans son avis, n’était pas une chose qu’il aimait en temps normal mais le simple fait qu’elle se soit retrouvée seule face à deux hommes avaient fait qu’il consentait à lui venir en aide…ou du moins de lui tendre la main. Ce n’était pas trop son genre de venir totalement en aide aux gens en difficulté, il acceptait par contre de faire diversion ou de donner un léger coup de main mais sauver les gens surement pas. A ses yeux à partir du moment qu’on possédait une baguette, toute personne pouvait anticiper et se défendre de toute attaque et donc se sortir elle-même d’une situation quelque peu dangereuse. Or dans le cas présent, il n’y avait pas égalité de chance et comme la lâcheté était une chose qui l’insupportait en temps normal, il se contenta seulement de lancer à l’attention des jeunes hommes, dans un ton ferme et froid.

« On peut savoir ce qu’il se passe, ici ? Je suppose que cela ne doit pas être dans les habitudes des Ineos de s’en prendre à une fille plus jeune qu’eux et à deux ? »

C’est donc sans attendre plus longtemps qu’ils accusèrent la jeune femme d’être la responsable de la chute de son ami, son ami qui se massait douloureusement à l’épaule du surement au choc avec le sol un peu plus tôt. Soupirant d’un air cynique, tellement il les trouvait stupide, il lança tout simplement.

« Et tu crois sérieusement que si elle était responsable de l’accident de ton ami, elle serait restée bien sagement là ? Je pense plutôt que les responsables de l’accident sont les deux garçons que j’ai vu passés un peu plus tôt avant de venir ici… Alors retournez sagement jouer, je vais m’occuper de ce problème. »

Pestant contre lui et la jeune fille, l’Ineo cracha par terre à quelques mètres d’eux en lui lança qu’il avait intérêt de s’en occuper sinon il n’hésiterait pas à toucher à cette demoiselle, qui était à ces yeux la seule responsable qu’il avait vu réellement. Lorsqu’il les vit retourner à leurs occupations, il retira les bras de la jeune fille d’autour de sa taille alors qu’il se retournait vers elle, lançant tout simplement dans un ton froid mais serein.

« J’espère que tu n’as vraiment rien fais, Choi Jin Sia ? Tu te souviens du visage des deux mecs qui sont responsables de cet accident ? Si oui, tu pourrais être un témoin pour pouvoir les punir correctement. Par contre, la prochaine fois que tu te trouves dans une telle situation, défends toi et éclipses-toi à ton tour. Tu n’auras pas tout le temps de la chance. »

Oui, elle aurait pu fuir avec les deux coupables afin d’éviter la furie de ces deux rouges. Mais comment aurait-elle pu prévoir que les deux autres allaient sauter sur la première personne en vue ? De toute façon, la cour était si vaste et si vide qu’elle n’aurait jamais eu le temps de trouver un endroit où se cacher et même en partant à courir ils n’auraient eu aucun mal à la rattraper. Certes, elle aurait aussi pu utiliser sa baguette pour se défendre. Mais vu son niveau d’expérience et celui des deux Ineo, il n’y aurait eu aucun doute sur le fait qu’ils auraient intercepté son sors pour ensuite lui en relancer un en retour, probablement beaucoup plus fort. Au lieu de ça, le hasard semblait avoir bien fait les choses puisque l’un des siens venait tout juste de se pointer à l’endroit. Et ce fut sans plus attendre qu’elle était accourue vers lui, démontrant le besoin de se faire protéger pour un instant. Elle ne savait pas encore exactement quel était le rôle d’un préfet d’ailleurs et encore moins, comment ils étaient choisis. Était-ce basé sur les connaissances, l’expérience en quelque chose, la personnalité, le niveau de popularité… elle n’en avait pas la moindre idée. Tout ce dont elle était au courant, c’était que celui-ci devait s’occuper des gens de sa maison, mais encore là, cela restait vague. Ainsi positionné derrière lui, ses petits bras entourant sa taille de par derrière, elle avait penché un peu le visage de côté afin de voir la confrontation qui ne prit pas de temps à se faire. « On peut savoir ce qu’il se passe, ici ? Je suppose que cela ne doit pas être dans les habitudes des Ineos de s’en prendre à une fille plus jeune qu’eux et à deux ? » C’était encore drôle. Elle avait entendu dire que les Ineo étaient souvent sans pitié et que fille ou mec, jeune ou pas, ils n’en avaient rien à foutre. S’ils avaient quelque chose à régler, cela allait être de la même façon. Dans tous les cas, ils s’étaient mis à accuser la demoiselle alors qu’ils n’avaient aucune preuve. Clair que c’était beaucoup plus facile de s’en prendre à une première année qui faisait à peine la moitié de leur taille. L’avantage, c’est qu’au moins elle n’avait pas encore dit son mot et qu’elle avait un peu plus de chance qu’on la croit elle, plutôt que les deux autres. Surtout que là, elle n’avait absolument rien fait. « Et tu crois sérieusement que si elle était responsable de l’accident de ton ami, elle serait restée bien sagement là ? Je pense plutôt que les responsables de l’accident sont les deux garçons que j’ai vu passés un peu plus tôt avant de venir ici… Alors retournez sagement jouer, je vais m’occuper de ce problème. » Jin Sia avait toujours gardé le silence sans pour autant lâcher du regard les deux plus vieux alors qu’ils avaient tourné les talons après avoir pesté contre elle. Et pourquoi avec lui c’était si facile ? Il n’avait qu’à les avertir de la sorte pour qu’ils dégagent alors que quand elle, elle devait affronter ce genre de situation par elle-même, les gens étaient loin de la laisser tranquille même en leur disant de partir. À croire que l’apparence y était pour beaucoup dans ces cas-là. Mais encore-là, on avait beau être plus fort qu’elle, elle était sans doute la plus futée.

Ses bras étaient donc retombé de chaque côté de son corps tandis que Ren s’était retourné vers elle, la regardant. Son regard fit le même geste, se relevant vers lui. À première vue, il ne semblait pas si chaleureux et le ton qu’il employa ressemblait un peu à celui des deux rouges précédents. « J’espère que tu n’as vraiment rien fais, Choi Jin Sia ? Tu te souviens du visage des deux mecs qui sont responsables de cet accident ? Si oui, tu pourrais être un témoin pour pouvoir les punir correctement. Par contre, la prochaine fois que tu te trouves dans une telle situation, défends toi et éclipses-toi à ton tour. Tu n’auras pas tout le temps de la chance. » Elle hocha négativement de la tête lorsqu’il lui dit qu’il osait espérer qu’elle y était pour rien. Encore une fois, il n’en avait pas la preuve, mais bon, fallait pas pousser non plus. Et puis, les punir… franchement, la demoiselle ne voyait vraiment pas comment ni quel en était l’intérêt. Ce n’était pas vraiment à elle de faire ça et à ses yeux, ce qui venait de se passer n’avait pas vraiment de lien avec le fait d’avoir « enfreint » une quelconque règle pour être punis. À moins qu’elle n’en ait pas encore vraiment compris le sens. Après tout, c’était que des gosses qui avaient cherché le trouble qui malheureusement, s’était retourné contre elle. « Un Muneo et un Yongwang… c’est tout ce que je me rappelle. » lâcha-t-elle ensuite doucement pour finalement reprendre avec sa voix de petite fille... « Mais moi je ne peux pas les punir, je ne suis pas comme toi. Je n’ai aucun pouvoir sur eux.»

Étant toujours positionnée devant lui, elle releva la tête et même son regard vers le sien. Franchement, là, elle avait vraiment envie d’être mignonne, d’être une si petite et innocente chose. Du coup, la jeune fille lui prit la main avant de commencer à marcher à ses côtés, dans une quelconque direction. « Est-ce que c’est toujours comme ça ? Je veux dire… les gens ils se tapent toujours dessus sans raison ? J’ai entendu dire que les Ineo étaient les pires… » Certes, il y avait des choses dont elle était au courant. Mais parfois, pour commencer une discussion il était plus facile de prétendre que l’on ne savait pas ces choses pour finalement amener une réelle discussion qui au final, fait lentement naître un début de relation. Dans ce cas-ci, toute personne qui connaissait le vrai démon qu’est Jin Sia n’hésiterait pas à penser que celle-ci essaie simplement de manipuler le plus vieux. À moitié vrai, à moitié faux… « Tu ne vas pas les laisser me faire du mal, hein ? »

Le sarcasme, on devait bien reconnaitre que lorsqu’on connaissait le jeune homme, il avait tendance à en user énormément et encore plus lorsqu’il ne connaissait pas la dite personne à qui il s’adressait. Il était loin d’une personne des plus sociables et à vrai dire, il ne faisait vraiment aucun effort pour le devenir, aimant parfaitement la solitude dans laquelle il s’était plongé depuis des années. Il avait certes quelques amis auxquels il tenait par ci par là, on ne lui connaissait aucun ami fixe qui pouvait passer la plupart de sa journée à ses côtés. Rien d’anormal quand on savait à quel point le jeune homme était indépendant et mené sa vie comme il entendait et il ne désirait nullement la lier à quelqu’un en particulier. Quand on devenait son ami, il fallait absolument savoir qu’il n’avait nullement l’intention de changer ses habitudes pour lui et qu’il ne fallait pas trop attendre de sa part en voulant être jour et nuit à ses côtés…sinon la dite personne pour être quasi sure de la perdre. C’était pour cette raison qu’on avait toujours tendance à penser qu’il était d’un égoïsme et d’une arrogance qui frisait l’entendement. Cela faisait des années qu’il était un ours solitaire et à vrai dire, il comptait bien le rester pour longtemps, préférant se complaire dans sa solitude que plutôt de prendre le risque une fois de plus de se retrouver blessé en se laissant aller à des sentiments qui quelques années plus tôt avait causé l’état de léthargie dans laquelle il se trouvait à l’heure actuelle. La seule personne ayant eu toute sa confiance pour l’instant était le chef de la maison des geobuks et à vrai dire, personne dans toute l’école ne connaissait le rôle important que celui-ci pouvait avoir dans sa vie et c’était mieux ainsi. Il était donc plus qu’évidant que Ren avait preuve d’énormément de sarcasme dans ses paroles au cours de l’entretien avec les deux rouges. Il était bien sur très au courant du fait que les ineos étaient de vils être qui n’hésitait pas à être lâche en s’attaquant à plus faible qu’eux et en toute déloyauté. Après tout, la ruse faisait partie des qualificatifs pour rentrer dans la maison des sirènes aux teintes rouges et quand la faim justifiait les moyens, ils n’hésitaient pas à appliquer cette règle à tout bout de champs.

D’ailleurs, le jeune homme avait failli atterrir dans cette maison mais il fallait croire que le sentiment de loyauté qui faisait parti de son être avait privilégié pour l’affection à l’une des couleurs que composait cette école. Au final, il se plaisait bien dans la maison des sangs purs. Les visages de ses membres étaient multiples et divers. Certains étaient des gens adorables et ouvert à autrui, d’autre des gens froids et inaccessibles ou alors des asociaux qui savaient tenir éloigné d’eux toute personne indésirable. Dans tous les cas, il fallait croire que le jeune homme était réellement doué pour manipuler les gens car il n’avait nullement l’intention de perdre son temps pour aller chercher dans tout l’établissement, deux jeunes garçons qui s’étaient surement pris à ces deux là pour se venger et leur faire une belle farce…Puis y’avait eu plus de peur que de mal et cela ne justifiait nullement une enquête approfondie. On pouvait donc dire que le jeune homme avait menti sur toute la ligne et était parvenu à faire diversion en renvoyant ces deux idiots à leur activité ô combien captivante qu’était l’exercice de leur technique de vol.

S’il avait demandé à sa Kouhai, si elle se souvenait du visage de ces deux idiots qu’il avait croisé un peu plus tôt, c’était plus pour la forme qu’autre chose. Etant de dos, il se pouvait que les deux ineos aient pus s’arrêter pour voir ce qu’il en était réellement en ce qui concerne les paroles qu’il avait un peu plus tôt prononcé. Après tout, cela ne faisait pas parti du vocabulaire des ineos de faire confiance à un parfait inconnu, d’autant plus si celui-ci ne faisait pas parti de leur maison. Alors il y avait de forte chance qu’ils aient fais exprès de ralentir le pas pour écouter la conversation qu’il pourrait avoir avec sa cadette à la suite de sa « pseudo » promesse à leur intention. Dans tout les cas, la demoiselle le rassura par un hochement de tête négatif qu’elle n’était nullement responsable de cette attaque. A vrai dire, à ses yeux cela n’avait vraiment aucune importance qu’elle ait été réellement une des responsables de cet accident, après tout, elle faisait ce qu’elle voulait et ce n’était pas lui qui allait lui en vouloir d’user de sa baguette pour régler ses problèmes. Ça aurait surement été le comble de l’ironie alors qu’il avait souvent recours à cette technique lorsqu’il se retrouvait dans une situation qui mettait en péril l’image parfaite qu’il portait depuis tant d’années au sein de l’établissement. Il la laissa alors s’exprimer, sans vraiment accorder un réel intérêt à ses mots puisqu’elle disait qu’elle se souvenait que des maisons de ses deux jeunes imprudents, ajoutant qu’elle ne pouvait pas les punir, qu’elle n’était pas comme lui qui avait un pouvoir sur eux. Un pouvoir ? C’était rapidement dit, il ne passait pas non plus son temps à punir tous ceux qui enfreignaient les règles de cette école. Il n’avait pas que ça à faire de sa journée et puis il n’en voyait vraiment pas l’intérêt.

C’est ainsi qu’il la vit relever son visage vers lui, le regardant droit en face avec un air si mignon et innocent. En temps normal, il n’avait pas tendance à prêter attention à ce genre d’expression faciale des demoiselles car de toute façon la plupart le faisait plus souvent pour s’attirer ses faveurs. Des faveurs qu’elles avaient tendances à regretter d’avoir tenté car il était loin d’être des plus doux et il restait bien stoïque devant elles, les énervant souvent à tel point que finalement il avait la preuve parfaite que la dite jeune femme était toute sauf mignonne et innocente comme elle le prétendait. Mais cette fois ci, il voulait bien laisser le bénéfice du doute à sa cadette de maison pour l’instant. C’est pour cette raison qu’il ne retira pas la main de la jeune fille qui avait prise possession de la sienne, l’obligeant à la suivre dans une quelconque direction engageant ainsi la conversation. Il fallait croire que la jeune fille avait envie de sa présence, peut être comme d’un bouclier pour tenir éloigné quelconque attaquant ? Peut être et à vrai dire, il s’en moquait pas mal à vrai dire. L’écoutant d’une oreille mi attentive, mi distraite, il cru comprendre qu’elle lui demandait si c’était toujours comme ça, que les gens se tapaient toujours dessus sans aucune raison et que les ineos étaient les pires. Seuls les êtres lâches et faibles étaient capables à ses yeux d’une telle bassesse. Faire du mal à autrui sans raison valable n’avait vraiment aucun sens et seuls des êtres dénués de raison pouvait être capable d’une telle chose, mais une fois de plus, il n’allait surement pas prendre la peine de répondre à la réponse de sa kouhai, tout simplement parce qu’il n’avait pas spécialement envie de converser sur ce sujet qui n’avait vraiment aucun sens et qui n’allait en aucun cas changer la donne. Autant dire que la jeune femme perdait totalement son temps avec lui.

Lorsqu’elle lui demanda s’il n’allait pas les laisser lui faire du mal avec sa voix toute faible et mielleuse, il haussa simplement d’un sourcil alors qu’il cessait de marcher, se tournant vers elle. Il la détailla donc de son regard austère des pieds à la tête et soupira doucement par habitude avant de lancer dans un ton calme et serein mais quelque peu froid.

« Écoute Jin Sia, tu as une baguette et tu es ici pour apprendre à t’en servir. Je considère qu’à partir du moment qu’une personne à une baguette, elle doit faire en sorte de savoir s’en servir convenablement et être apte à se sortir de toutes situations compromettantes ou autres. » Commença-t-il seulement avant de poursuivre après un bref silence. « Si tu t’attends à ce qu’à chaque fois, un chevalier servant vienne à ta rescousse, je peux t’assurer que tu te trompes. »

Oui, si elle s’attendait réellement à ce qu’il vienne à son secours à chaque fois, elle se trompait royalement car ce n’était réellement pas son cas. Au pire des cas, il voulait bien faire diversion mais il n’était pas assez gentil et bienveillant pour la tirer des embrouilles dans lesquelles elle se mettait. C’est pour cette raison qu’il ajoutant seulement dans le même ton.

« Si je suis venu à ton aide, aujourd’hui, c’est uniquement parce que tu m’as embarqué dedans et qu’ils étaient bien plus vieux que toi pour que tu puisses te défendre convenablement… Dans tous les cas, c’est à toi de faire en sorte de ne pas rester à ce stade de « demoiselle en détresse » et de t’entrainer à te défendre car je ne serais pas éternellement ton chevalier servant…y’a rien de plus à ajouter. »