Oh. Mon. Dieu. Pourquoi avait-il fait ça, déjà ? Au secours.
Le visage entre les mains, appuyé contre la porte visiblement fermée à double-tours par un maléfice vicieux, Su Hee n’en avait tout bonnement pas cru ses yeux en découvrant la pièce face à lui. Enfin, face à eux. Un lit recouvert de satin rouge vif trônait au centre de la chambre tandis que l’ambiance qui en ressortait était tout bonnement… terrifiante. Ou presque, nous parlons là uniquement d’une petite salle, n’exagérons rien. Néanmoins, cette vue donna la chair de poule à Su Hee, qui eut brutalement envie de revenir quelques jours en arrière pour annuler sa proposition à Dong Soo. Sérieusement, que lui avait-il donc bien pris pour oser faire une chose pareille ? Il n’en avait même pas vraiment envie, bon Dieu ! Une pulsion l’avait martelé à la poitrine, qu'il n’avait plus su contrôler et c’était sortit tout seul; il lui avait proposé de participer au grand évènement de la Saint-Valentin avec lui, et il ne comprenait toujours pas quelle mouche l’avait piqué. Bizarrement, à ses yeux, c’était apparu comme un défi à lancer au yongwang, après leur étrange sorte… de… d’accolade le soir de Noël durant laquelle les choses avaient été un peu trop loin à son goût. Trop d’excitation, de désir mal placé, d’alcool… il devait absolument oublier cette soirée pour le bon fonctionnement de sa tête, et peinait encore à admettre ce qui s’était dramatiquement passé. Qui aurait crû qu’un jour, il se serait littéralement jeté sur cet imbécile de jaune, hein ? Qui aurait eu ne serait-ce que la moindre petite idée qu’il aurait eu une envie intense de lui, puis qu’il se serait endormit comme une masse avant de commettre l’irréparable. Pour une fois, il se félicitait presque d’avoir bu autant; avec à peine moins de vin avalé, il n’aurait certainement pas eu la présence d’esprit (si on veut, hm.) de tomber raide mort dans ses bras. Au moins, on avait évité la catastrophe du siècle. Toujours est-il, pour en revenir à nos adorables petits moutons asiatiques, que peut-être Su Hee aurait dû se renseigner au sujet de cette activité plutôt que de se retrouver cloîtré dans une chambre avec Dong Soo, ce qui paraissait… purement louche, surtout en connaissant les mœurs du directeur de l’école. Il grogna, abaissant finalement sa main de ses paupières pour contempler la pièce avec attention, espérant sans doute apercevoir un petit trou dans un mur pour si jamais ils souhaitaient s’enfuir. Il eut envie de se cogner le front du plat de la main mais se retint; plutôt crever que de montrer son total désarroi à son camarde.

Méfiant, il avança dans l’antre du diable, selon lui, de quelques pas incertains. Il y avait forcément un piège, avec monsieur YSH, il y en avait toujours un quelque part. Ce vieux cinglé ne désirait sans doute que rapporter des ennuis à ses pauvres petits élèves, et visiblement, il allait très bien y parvenir ce soir pour eux deux. Finalement, en apercevant la table croulant sous un tas de nourriture, il se glissa près d’elle en vitesse sans accorder un mot à l’autre jeune homme, ne lui portant pour le moment aucune importance, pressé de savoir quelles âneries ils allaient devoir affronter pour sortir cette fois-ci. Mécontent, il bloqua son regard sur les dés. Oh. L’espace d’un instant, il eut le réflexe de tendre la main pour les saisir, les secouer et les lancer, mais il se ravisa en dernière seconde, craignant de déclencher quelque chose de mauvais pour lui par ce geste. C’est à ce moment là qu’il décida enfin de lever ses yeux de biche vers le Park, échangeant avec lui un regard à la fois désespéré et contrarié. Il ne pouvait pas lui reprocher tout ça puisqu’à la base, ils se trouvaient en ces lieux par sa faute et sa simple lubie, mais tout dans sa tête lui donnait envie de l’engueuler. Il avait envie de critiquer Dong Soo à chaque fois qu’il le voyait, pour bien lui faire sentir qu’il ne l’appréciait pas vraiment malgré son étrange besoin de l’avoir avec lui pour lui changer les idées. Il avait besoin de lui, mais n’aimait pas avoir à supporter ses paroles incessantes et ses manies de fou furieux idiot. Mais cette fois, honnêtement, il avait conscience de ne pas en avoir le droit, au risque d’être injuste, chose qu’il détestait par-dessus tout.

« Je… ce sont sûrement des dés magiques. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il vont nous dire. »

Évitant de croiser ses yeux à nouveau, embarrassé -se souvenait-il de ce qui s’était passé récemment ? Ou, avec un peu de chance, avait-il oublié ?- il s’accroupit face à la table en sortant sa baguette. Décidemment, Su Hee peinant grandement à accorder sa confiance lorsqu’on ne lui fournissait pas une notice très détaillée de ce qu’il devait faire, et tout ça ne lui disait rien qui vaille. Du bout de celle-ci, il pressa un des dés pour le faire avancer de quelques centimètres, mais rien ne se produisit de possiblement alarmant. Certes, il venait d’avoir l’air bien con face à Dong Soo, mais décidemment, une fois de moins ou une de plus, le dragon avait probablement fini par s’y habituer. Il avait vu les côtés de Su Hee les plus horribles et honteux en moins de temps que n’importe qui n’avait pu en avoir la chance avant lui, ce qui mettait les nerfs à vif de la petite licorne. Le Su Hee sensible, le Su Hee complexé, le Su Hee fâché, le Su Hee désolé ou encore, le Su Hee débauché. Voir le Su Hee méfiant et presque peureux ne faisait qu’en rajouter un à la liste, après tout, ce n’était pas si grave que ça. Si ça continuait, il allait devenir la personne qui le connaissait le mieux, optique qui ne le charmait pas le moins du monde. Pas qu’il n’eut pas confiance… mais… justement, si; il n’avait aucune confiance en lui sur ce point. Dong Soo avait beau ne pas être un mec mauvais, il avait le seul défaut d’être un imbécile éternel selon lui, image prématurée qui ne risquait pas de changer avant longtemps.

Finalement, il se releva sur ses deux jambes avec un soupir agacé, enroulant ses petits doigts pâles autour des cubes tout en se tournant vers Dong Soo pour qu’il puisse voir ce qu’il était en train de faire. Peut-être aurait-il affiché une mine désolée et pitoyablement agacée s’il n’avait pas tenu à ce point à sa fierté… puis il lança machinalement les dés au sol, entre eux, levant les yeux au plafond pour entendre la voix annoncer leur châtiment -ou la fin du monde toute proche-.

Nahm Su Hee a effectué 1 lancé(s) d'un VALENTINEDAY :

Ah, ce petit sacripant de Merlin, il leur réservait des choses bien étranges, à eux, pauvres sorciers. N’importe qui était en mesure de croire que quelqu’un là-haut s’amusait comme un fou en jouant avec la vie des gens. Quelle immaturité ! Même Dong Soo se retrouvait surpris par le coup du destin. Enfin, sans chercher ce que la fortune avait à voir là-dedans, imaginez simplement son choc lorsque la dernière personne – enfin, avant-dernière – au monde à qui il aurait pensé pour le faire, l’avait invité à l’événement de la Saint-Valentin. Su Hee. NAHM SU HEE, pour ne pas confondre avec quelqu’un d’autre. Sur le coup, même Dong Soo s’était retrouvé pantois. Aucune réaction, rien, le vide total. Même pas une esquisse de rire. Juste un choc unique et profond, un état dans lequel peu avaient réussi à le plonger. Su Hee réalisa cet exploit digne des plus grands. Après tout, Dong Soo était le faiseur de blagues, et non la victime des blagues. Mais le pire, le pire n’était pas encore arrivé, non. Plus stupide que jamais, Dong Soo avait dit oui. Un « oui » qui semblait aussi surprenant que si Su Hee l’avait demandé en mariage. En faisant cela, le jaune s’était enfin prouvé qu’il manquait cruellement d’intelligence et qu’il pouvait retourner dans le ventre de sa mère illico presto. Qui diable l’avait obligé à répondre par la positive ? Personne, à ce qu’on sache. Personne à part sa stupidité et sa fierté démesurées. Son goût du défi et des conneries aussi, ou tout simplement son envie de voir ce qui allait se passer. S’il avait envie de rire, il serait sans l’ombre d’un doute servi. Comme si ce qu’il s’était passé à Noël ne lui avait pas suffit ! Avec tout ça, Dong Soo commencerait sérieusement à croire que le roi des blagues et des mauvais coups, ce n’était pas lui, mais Su Hee. Mais vraiment quoi. Déjà il le faisait passer pour son petit copain face à toute sa famille, lui saute dessus pour après s’endormir comme un rat mort – bon, il l’avait certes trouvé un peu mignon à ce moment-là mais … chut, ce n’était qu’une erreur de parcours – et là, c’était la Saint-Valentin. La prochaine ce serait quoi … Je t’emmène sous les tropiques pour notre lune de miel ? Le pauvre yongwang se posait décidément beaucoup de questions. Après tout, ils avaient échappé au pire à Noël, et là ? Comment allaient-ils faire ? Coincés à deux dans une chambre, cela ne lui annonçait rien qui vaille. Certes il s’agissait de Su Hee et Dong Soo – duo improbable – mais ils étaient surtout deux garçons enfermés, cloitrés entre quatre murs. Car la vision de ce lit rouge fut en effet un deuxième choc pour le jaune. Sur le coup, il eut le réflexe de vouloir rouvrir la porte, mais bien sûr, impossible.

„Putain, qu’est-ce que je fous ici ?“

Pensa-t-il, laissant simplement échapper un gémissement plaintif de ses lèvres entrouvertes, profitant que Su Hee soit de dos pour grimacer. C’est dans ces moments-là qu’il se rappelait toujours de ce que sa mère lui disait, de penser avant d’agir, d’être moins téméraire. D’être moins stupide en gros. Après avoir laissé Su Hee avancer, Dong Soo se décida à le faire lui aussi. Perdre du temps et s’apitoyer sur son sort ne l’aiderait assurément pas beaucoup. Et à dire vrai, il était, pour l’instant, bien content que le yunikon ne lui accorde pas plus d’attention que cela. Quelques relents de surprise hantaient encore son esprit, et excepté un bégaiement des plus idiots, il n’aurait pas été en mesure de montrer toute sa verve. Le jeune homme se rapprocha de la table, pas rassuré du tout. Lui qui se serait jeté sur la nourriture en temps normal, il ne songeait même pas à en prendre, de finir empoisonné. Parce qu’avec ce directeur pété du cerveau, il était très possible qu’il y ait à l’intérieur un aphrodisiaque à la con, ou un philtre d’amour tiens, qui l’empêcherait d’être en pleine possession de ses moyens. Alors que cette pensée traversait son esprit, son regard croisa celui de Su Hee, ce qui l’empêcha de s’enfoncer dans des réflexions de plus en plus délurées. En réponse à l’expression du plus jeune, Dong Soo ne fit que hausser les épaules, désolé, l’air de dire « je suis autant dans la merde que toi de toute manière ». Et en réponse à ses pensées, Su Hee l’informa de la présence inopinée (haha) de dés magiques. Bah tiens, ça aurait été bien calme s’il n’y avait eut que de la bouffe et un lit. Il se rapprocha de la table et s’accroupit à la suite de Su Hee, posant ses mains au bord de la table. Le jaune regardait faire son camarade, ne pensant pas un instant à se moquer de lui. Dans un moment comme celui-là, autant faire preuve de solidarité, hein ? Dong Soo le suivit du regard lorsqu’il se releva, plus pour suivre ce qu’il faisait que pour le mater ou le dévisager. Dong Soo se pencha un peu plus sous la table, seule la moitié supérieure de son visage visible au dessus de la surface. Su Hee levait les yeux au ciel pour encaisser la sentence, lui se cachait pour les mêmes raisons, un peu comme un soldat dans sa tranchée ou un enfant sous son lit.
Et le silence. Su Hee devait donc faire CA. Rien que CA. En effet, c’était fort intéressant. Et s’en fut trop pour Dong Soo, qui éclata simplement de rire. Mais vraiment. En fait, il ne se moquait pas vraiment de Su Hee. Disons plutôt que ses nerfs avaient lâchés et qu’il était sur le cul. En gros, Su Hee devait lui rouler un patin quoi. « C’est bien ce que je me disais, Noël, c’était pas assez ! » pensa-t-il une nouvelle fois. Il leva son regard vers Su Hee, essuyant les larmes qui perlaient au coin de ses yeux.

« Putain, ça c’est du lourd ! … Tu vas pas faire ça, hein ? C’est trop énorme ! » Il continuait de rire, mais face au manque de réaction de Su Hee, son sourire se fana, le poussant alors à se relever. « Tu vas pas faire ça … Hein ? » Et là, ce fut Dong Soo qui se laissa envahir par la panique. Il s’éloigna des dés à reculons, de la table donc, comme s’il s’agissait de la chose la plus horrible qu’il avait vu de toute sa vie. En mode « diable de Tasmanie », il fit le tour de la pièce, essayant d’ouvrir la porte dans un acte désespéré, en vain. Cela le poussa à se reprendre un tant soit peu. Non, il ne devait pas se montrer aussi paumé, non non non non. Il déglutit avant de se retourner, fixant Su Hee, de « loin ». « T’es bien obligé de toute façon. ».
Paix à mon âme.

Su Hee rouvrit brutalement les yeux, les écarquillant en grand à l’entente des instructions données par le dé enchanté. Évidemment, il s’était bien attendu à devoir faire une chose humiliante et stupide, mais disons, en toute honnêteté, qu’il ne s’était pas imaginé avoir à faire un truc pareil. Après tout, le pauvre aurait dû s’en douter; le directeur était un pervers, et la Saint-Valentin incarnait le jour parfait pour lui d’épier ses pauvres petits élèves en train de se bécoter fougueusement. Enfin, si on veut hein. Le turquoise ne prononça pas un mot, baissant à nouveau les yeux pour apercevoir Dong Soo, dont la mine apparaissait comme totalement déconfite. Lui, pour sa part, il était tellement choqué qu’il ne savait ni quoi dire ni quoi faire, restant planté là comme un imbécile, osant à peine respirer cet air certainement malsain. Inutile de préciser que Su Hee n’avait aucune, mais alors AUCUNE envie d’avoir à embrasser son compère une nouvelle fois; les incidents du soir de Noël lui avaient amplement suffis. Pas que cet acte l’ait répugné particulièrement, après tout, mieux valait embrasser Dong Soo qui, avouons-le, était agréable à l’œil, plutôt que de se retrouver collé à un troll, mais puisqu’il se trouvait parfaitement maître de ses moyens, il ne pouvait tout bonnement pas accepter de s’aventurer à ça une seconde fois. D’ailleurs, l’autre semblait penser la même chose, son visage crispé par l’étonnement et une sorte de panique prématurée encrée dans ses traits d’ordinaire si fins et tirés de joie. Le jeune sang-pur préféra ne pas répondre à ses questions pour l’instant, encore en pleine réflexion, tandis qu’il le voyait partir en sens inverse de lui et tournait nerveusement autour de toute la pièce comme si ça risquait de changer quelque chose à leur sort. Il avait l’air ridicule, mais une fois de moins ou de plus, ça ne devait probablement pas lui importer beaucoup… enfin, c’était pas le moment de plaisanter, ils avaient un problème et de toute évidence, il allait falloir coopérer pour en venir à bout. Hors, Su Hee ne comptait pas passer le restant de sa vie cloîtré dans cette pièce minuscule, en la compagnie de cet imbécile, de surcroît.

« Crois-moi, j’en ai pas plus envie que toi » lui lança-t-il en se massant les tempes, agacé. Coller sa si jolie petite bouche à celle de Dong Soo qui en laissait échapper tant de conneries à la minute les désespérait plus que ça ne le répugnait; et si la débilité était contagieuse ? C’était peut-être pour l’avoir embrassé quelques semaines plus tôt qu’il lui était venu l’idée saugrenue que de l’inviter ici ! « dix secondes, hein ? … ça ne devrait pas être trop horrible. »

Il se retint d’ajouter qu’après tout, ce n’était pas comme si une chose pareille ne s’était jamais produite entre eux; Soo ne devait surtout pas apprendre que malgré la belle cuite qu’il s’était payé le lendemain et les maux de tête qui l’avaient suivit pendant plusieurs jours par la suite, il se rappelait très bien de ce qui s’était passé. Plutôt crever. Le jeune avait une putain de fierté - ce n’est pas nouveau après tout - ce qui l’empêchait totalement de vouloir faire preuve de sympathie à l’égard du dragon, quand bien même commençait-il à vaguement l’apprécier. Apprécier était, je me répète, un bien trop grand mot pour décrire ses sentiments envers lui, mais sans doute n’en était-il plus très loin à présent; il admettait qu’il possédait quelques qualités tout à son avantage, si ce n’était pas du progrès, ça ! Peu de gens pouvaient se vanter d’avoir l’estime de Su Hee - lui-même n’en ayant jamais eu de personne, ça peut se comprendre - et Dong Soo devait vraiment se sentir honoré d’une telle chance… ou pas. Toujours est-il qu’il tapota ses ongles sur la petite table en bois avant de se remémorer les paroles des dés. La sentence s’il ne le faisait pas pouvait s’avérer terrible, même s’il doutait un peu qu’on ose réellement faire ça à un élève, mais en cas de doutes… il n’avait décidemment pas le choix. Et puis bon. Ce n’était vraiment pas si terrible que ça, il lui suffirait de fermer les yeux de d’imaginer quelqu’un d’autre - très respectueux hein ? - ou de penser à tout autre chose pour faire passer ça plus facilement.

Avec une brève inspiration qui brisa le silence, il s’approcha de la porte à ouvrir, tenta de la faire pivoter sur ses gonds en abaissant la poignée, puis de débloquer la serrure à l’aide d’un sort. Ils ne pouvaient définitivement pas faire autrement que de se plier aux exigences du jeu pour sortir; au moins, il aurait essayé, ça aurait été bête de se rouler une pelle alors que la porte pouvait céder au moindre petit sortilège digne du plus piètre première année. Après avoir constaté de la fermeture irréprochable de la lourde planche de bois, Su Hee se retourna lentement et échangea un regard agacé avec Dong Soo, un regard qui voulait tout dire, soit « on a pas le choix du tout mon cher ». Très lentement, pas pressé du tout, il s’avança jusqu’à lui, grignotant un de ses doigts d’anxiété. Un jour, il ferait assassiner le directeur de cette école de fous, il savait que son oncle avait quelque chose contre lui depuis toujours, il s’en ferait certainement un plaisir incroyable…
Il se stoppa à un petit mètre du jaune, le fixant, prêt à l’attacher et à le saucissonner si celui-ci tentait de s’enfuir ou quoi que ce soit du style. Heureusement pour lui, il ne bougea pas d’un poil, ce qui l’encouragea un peu à s’approcher d’un petit pas, le touchant presque mais restant encore assez loin pour que ça ne devienne pas trop… intime.

« Tu n’as qu’à imaginer que c’est quelqu’un d’autre » fit-il avec un haussement d’épaule sincère. En temps normal, qu’on pense à une autre personne l’aurait purement irrité, mais dans la situation présente, il décida d’être un peu plus conciliant; après tout, s’ils n’en avaient pas envie, c’était légitime de vouloir concentrer son attention sur un truc totalement différent. « je n’ai ni l’intention de rester ici toute ma vie - en ta compagnie, en plus - ni envie d’être privé de nourriture ainsi qu’enfermé je ne sais où alors que la chose est simple en soi. Après tout ça ne signifie rien. »

Sûr de lui, il hocha la tête à ses propres mots, sourcils légèrement froncés comme s’il doutait un peu de ce qu’il avançait. Non, non. Il savait bien que tout ce charabia ne voulait absolument rien dire, pourquoi tenter désespérément de chercher une justification à tout ça ? Il n’y en avait pas, point barre. C’est sur cette pensée qu’il posa ses mains sur les épaules de Dong Soo et colla ses lèvres aux siennes.

3D : Désespoir, Détresse, Désarroi. Trois mois qui, à eux seuls, arrivaient parfaitement à résumer la situation dans laquelle se trouvait Dong Soo. Bon … C’était un peu exagéré, certes. Disons qu’il était juste un peu confus car avouons-le, ce n’était pas tous les jours qu’il avait à embrasser Su Hee – ou que Su Hee avait à l’embrasser, on s’en fiche – pour pouvoir s’échapper d’une petite pièce contenant à manger et un lit deux places. Vendredi et Robinson étaient presque plus chanceux que lui : au moins, ils avaient une île sauvage à eux tous seuls, et pouvaient décider d’aller gambader n’importe où n’importe quand. Dans cette chambre, rien n’était possible. Juste regarder Su Hee dans le blanc des yeux jusqu’à la fin de sa vie. Bien piètre destin. Le jaune leva les yeux au ciel, et fit un doigt d’honneur au plafond. Ce connard de directeur allait l’entendre. Qu’il le regarde, si c’était ce qu’il voulait ! Dong Soo était un garçon bien sympathique, mais il s’imaginait déjà attraper le directeur par la peau des fesses pour lui faire subir des tortures plus horribles les unes que les autres. C’était un crime de faire subir ça aux honnêtes gens. En même temps … Pouvait-il vraiment lui en vouloir ? C’est vrai quoi : c’était la Saint-Valentin. La fête des amoureux, où on est sensé passer la soirée à roucouler comme deux tourtereaux, manger un bon plat et coucher jusqu’au matin. Ceci n’était donc pas prévu pour deux amis qui n’étaient nullement attirés physiquement par l’autre … N’est-ce pas ? N’EST-CE PAS ? Le yongwang était debout, immobile, mais dans son fort intérieur se jouait un remix d’Hiroshima et Nagasaki. Tout était sans dessus dessous, alors qu’il se demandait pour la énième ce qu’il faisait là avec Su Hee, si tout cela était une bonne idée. Parce que si c’était comme dans ces films moldus à la noix, il ressortirait de cette aventure changé. Rien que l’épisode de Noël l’avait chamboulé, alors ! Il ne s’était rien passé, et pourtant, c’était déjà trop. Il n’en donnait pas vraiment l’air, mais Dong Soo était une faible personne, un homme parmi tant d’autres … Réussirait-il à … Résister ?

Mais oui, bien sûr, bien sûr ! Pourquoi cela devait-il lui traverser l’esprit ! La question ne se posait même pas voyons … Pas du tout. Il déglutit, tandis que Su Hee essayait de dédramatiser la situation. Dix secondes, ce n’était pas la mer à boire en effet mais … Quand même. C’était Su Hee quoi. Bon, pas un laideron, un thon, une morue ou je ne sais quoi encore. Il était mignon mais, voilà quoi ! Dong Soo ne le voyait pas comme un saint, mais ce n’était pas loin. Il pouvait être plus sympa qu’un lapin ou un connard fini, le jaune ne s’était jamais imaginé faire des choses avec Su Hee qui dépassaient le stade la simple amitié. C’était donc peu dire comment il était tombé de haut, à Noël. Il pensait peut-être un peu plus à Su Hee qu’à l’accoutumée, mais la vie continuait ! Quoiqu’il en soit, Dong Soo suivait les faits et gestes de Su Hee avec espoir, pensant qu’il réussirait, lui, à accomplir un miracle : le yunikon était tellement plus doué que lui ! Mais voilà. Encore une fois, ce fut un échec, comme le lui fit bien comprendre le regard que lui lança le plus jeune à ce moment-là. Dong Soo soupira, abattu, jusqu’à ce que Su Hee commence à s’approcher de lui. Il nous faisait quoi, lui ? Bon, le jaune savait très bien ce qu’il se passait. Il se montrait juste craintif. Su Hee n’en donnait pas du tout l’air, mais aux yeux du plus vieux, il était une espèce de psychopathe maniaque, avide de sexe, violeur de beaux mâles, bref, trip totalement paranoïaque. Plus par réflexe que par réelle envie, Dong Soo eut un mouvement de recul, les yeux quelque peu écarquillés. Il n’arrivait pas à le croire. Quelques secondes plus tard, Su Hee allait l’embrasser, et lui allait répondre, pas déchirés pour le moins du monde. Conscients.
« Tu n’as qu’à imaginer que c’est quelqu’un d’autre ». Il en avait des biens bonnes, ce mec. Vu comme il prenait tout cela à cœur, ça lui était quasiment impossible. En temps normal, le « en ta compagnie, en plus » l’aurait certainement vexé mais là, même pas. Il s’en fichait presque. Bon, Su Hee n’avait pas tord, mais à le regarder, Dong Soo avait presque l’impression qu’il essayait lui-même de se convaincre de la véracité de ses propos, qu’il essayait de s’auto-persuader que tout cela n’était pas si terrible que ça. Mais si, c’était terrible ! Su Hee s’en fichait peut-être mais pas lui ! Parce que Dong Soo le savait : ce genre de trucs finissaient toujours mal. Le turquoise ne s’en rappelait peut-être pas, mais ils s’étaient déjà embrassés une fois. Là, ça allait être la deuxième, et comme dans tous les trucs, il y allait bien sûr avoir une troisième fois ! Et le plus baisé dans toute cette histoire, ça allait être lui, pauvre Dong Soo, victime de tout et de rien. Le pauvre garçon était passé pro dans l’art d’extrapoler au moindre petit grain de poussière … Et là.

Bim. A force de se tirer les vers du nez, il n’avait même pas capté que déjà, Su Hee avait posé ses lèvres sur les siennes. Et voilà, Dong Soo venait de disjoncter, totalement. Il avait les yeux grands ouverts, sur le cul. Su Hee l’avait vraiment fait. Su Hee l’avait vraiment fait. Su Hee l’avait vraim… Il l’avait sous-estimé. De beaucoup. Le jaune grimaça imperceptiblement. Ok… Et maintenant ? Il était sensé faire quoi ? Bouger ? Réagir ? Dong Soo attrapa son pantalon et crispa ses poings. De toute façon, c’était Su Hee qui avait lancé le dé, c’était Su Hee qui devait guider ce baiser, non ? Dong Soo ne voulait pas se risquer à tout faire capoter en faisant une action un peu trop stupide et téméraire, comme il en avait tant l’habitude. Pour une fois, il voulait laisser place à la réflexion … Cependant, on ne pouvait pas dire que ça lui allait beaucoup … Il préféra fermer les yeux, et tenter d’imaginer quelque chose ou quelqu’un d’autre, comme le lui avait si gentiment indiqué Su Hee. Mais impossible. Car si ce n’était pas le baiser avec Su Hee qu’il devait affronter, c’était un baiser avec Ji Yong, un macaque, sa gerbille ou pire, la professeur de Sortilèges. Alors non, on se contenterait de Su Hee.

Finalement, toute cette histoire amusait beaucoup Su Hee. Dong Soo perdait incroyablement vite son sang-froid alors que lui, maîtrisait ses émotions et réactions afin de ne pas faire n'importe quoi; l'autre semblait en être parfaitement incapable, paniquant au moindre petit détail que Su analysait en premier lieu avec un certain calme. Oh, ça ne l'étonnait pas que ses agissements se traduisent de façon si désordonnée dans sa petite tête, mais cette partie de caractère du dragon l'amuserait et le désespèrerait toujours à la fois. Dans le fond, Soo était une sorte de grand enfant maladroit coincé dans la silhouette malhabile d'un beau jeune homme impétueux alors que lui, il était une sorte d'adulte ayant atteint la quarantaine dans le corps d'un pré-adolescent riquiqui et terriblement mignon. Su Hee ne voyait pas tant le problème que ça, finalement; ils n'étaient que deux beaux jeunes hommes en train de s'embrasser pour se sortir d'une situation désagréable. Ce n'était pas aussi anodin qu'il cherchait à le faire passer, mais avec un minimum de réflexion, il réalisait de plus en plus que ça semblait terriblement... excitant. Oui, excitant. Et n'oublions pas que c'était soit ça soit mourir ici; le choix était vite fait non ? Il faut bien l'accepter, Su Hee était effectivement bien loin d'un sain ou d'une nonne, il n'avait aucune honte à apprécier les bonnes choses de la vie et peut-être que le Park était une de ces potentielles bonnes choses qu'il n'avait pas encore testées. Pervers ? Assurément, mais sa farouche espièglerie faisait un peu son charme, le faisant passer de cet homme si distant et froid lorsqu'on se tenait éloigné de lui pour le laisser devenir plus malin et profiteur obscène s'il décidait de se montrer taquin. Manipulateur. Évidemment qu'il était aussi timide; mais timide uniquement avec les inconnus et dans les situations vraiment gênantes, timide quand les choses échappaient à son contrôle. Mais de toutes façons, la question ne se posait même pas, il était avec Dong Soo, ne l'oublions pas, hors il savait très bien qu'il aurait le dessus en toutes circonstances. N'est-ce pas ? Rien de mal ne pouvait arriver.

C'est sur cette pensée rassurante qu'il s'occupait de découvrir les lèvres de l'abrutit confiné avec lui pour la première fois en étant sobre. Il les explora délicatement en se mettant sur la pointe des pieds, ses bras pressant un plus fort sur les épaules de Dong Soo pour l'abaisser un peu - et bien oui, quand on fait à peine un mètre soixante-seize et qu'on se retrouve à embrasser un grand nigaud de près d'un mètre quatre-vingt, pas facile - l'incitant à prendre part à l'échange. Il constata bien vite que malgré ses efforts, il restait figé sur place et ne bougeait pas d'un centimètre, ce qui eut le don de l'agacer quelque peu. Passablement frustré de ne lui soutirer aucune réaction, lui qui embrassait pourtant plutôt bien, il décida de passer à l'étape supérieure. Ses paumes descendirent lentement jusqu'à sa taille qu'il entoura affectueusement alors que son corps si fin basculait contre le sien avec malice. Quelque chose dans sa tête lui souffla que de toutes façons, il ne le repousserait pas. Soit parce qu'il n'osait toujours pas se mouvoir soit parce qu'au fond, il aimait ça. Oui oui, le yunikon avait de l'espoir. Sa langue eut raison de la solide barrière qu'avait dressée Soo, entamant les préliminaires d'un vrai baiser.

Puis, sans avoir compté les secondes mais persuadé d'avoir dépassé le temps réglementaire, il se retira rapidement sans un mot avec un son de ventouse et tourna le dos à l'autre comme si de rien n'était pour regarder la porte... qui s'ouvrit lentement, par chance. Il soupira de soulagement, les joues rouges d'un mélange déstabilisant de gêne et de manque de souffle, avant de s'avancer vers la sortie sans rien dire. Heureusement, ils avaient bien accomplit leur défi, ce qui le rendait un peu fier bien qu'à présent, quelque chose d'autre le tiraillait à l'intérieur; il comprenait qu'il avait sous-estimé les effets de cette action sur leur relation, détail qui ne l'enchantait pas. Ces derniers temps, il y se produisait trop de choses entre Dong Soo et lui - des choses assez atroces, qui plus est - bien qu'au départ il n'ait jamais souhaité tout ça. Toujours et encore la même question à ce sujet; si il venait à s'éloigner de moi, ça me ferait quoi ? Aucune idée, question sans réponse. Or, intelligent comme il se savait l'être, le petit turquoise détestait ne pas être capable de donner une explication formelle à cette drôle d'interrogation qui revenait régulièrement l'enquiquiner quand il croisait le dragon. Il ne voulait pas le voir partir mais avait parfois envie qu'il disparaisse définitivement de sa vie pour aller fouetter d'autres chats, ailleurs, très loin de lui. Il lui fallait un juste milieu entre ces deux opposés afin qu'il se sente à l'aise, mais il finissait par croire que seuls les extrêmes correspondaient à Dong Soo.

Bref, sans attendre qu'on ne lui adresse la parole, il passa la porte... et crut sérieusement qu'il allait crier. Mais aucun son ne sortit tant il était surpris par ce qu'il avait face à lui; une AUTRE chambre avec un AUTRE lit et une AUTRE table couverte de nourriture. Et je passe le meilleur; une AUTRE porte verrouillée. Bordel de merde. Cette pièce était parfaitement identique à la première au seul détail près que la couleur carmin avait cédé la place à un noir tellement pur et brut qu'il donnait la vague illusion d'être bleu à certains endroits. Comme prit dans un cauchemar, il se pinça le bras jusqu'au sang, ce qui n'eut pas pour effet de le réveiller. Conscient d'oublier Dong Soo derrière lui, il revint en arrière en courant presque, le saisit par le bras sans douceur et le tira de sa petite force jusqu'en face de la nouvelle porte qui barrait leur chemin. L'esprit vif, il appela les dés à l'aide d'un accio, puis se laissa tomber lourdement sur le lit avec les mains plaquées sur son visage, cachant sa mine à la fois purement horrifiée et désespérée, les dés à sa droite sur la couverture. Ça n'allait quand même pas recommencer, si ? Doux-Jésus, ils étaient maudits. Pour la peine, il eut vraiment envie de s'excuser auprès du Park mais se retint, de par son trop plein de fierté mais également parce qu'il n'avait pas envie de parler. Le directeur ne faisait vraiment pas les choses à moitié, sale enfoiré.

Contrairement à ce qu’il avait osé croire jusqu’à ce jour, Dong Soo n’avait pas un courage à toutes épreuves. Affronter un mage noir ou une horde de sirènes lui semblait bien plus agréable, malgré son incapacité à gérer ses pouvoirs, qu’embrasser un garçon, Su Hee, qui n’était même pas plus imposant que lui. Il était menu, et n’avait rien de plus qu’un autre, ou, dans tous les cas, rien de bien effrayant. Hmm. Ce qui suscitait la crainte de Dong Soo, ce n’était même pas le yunikon, mais plutôt dans cet engrenage malsain dans lequel ils étaient tous les deux coincés. Et le seul moyen de s’en sortir était d’y laisser, au passage, quelques plumes, qui leur seraient peut-être douloureusement arrachées. Sur ce coup-là, il se demandait où était passée toute la jugeote du plus jeune. Dans l’histoire, ce n’était pas Dong Soo qui devait penser, mais lui ! A croire que là encore, le turquoise avait saisi qu’il était plus judicieux de mettre de côté sa réflexion, au risque de rester coincer ici, longtemps. Dans le fond, Su Hee était peut-être plus fort que Dong Soo, hm. Il savait qu’il devait se calmer. Su Hee ne pouvait pas tout faire tout seul, il devait y mettre du sien ! Le yongwang essayait tant bien que mal de s’auto-convaincre de toutes les bonnes choses que cela pouvait lui apporter, en passant par la sortie rapide au fait d’avoir les lèvres d’un mec mignon mêlées aux siennes. Tout ça aurait pu être bien plus terrible ! „Allez Dong Soo, tu n’es pas une chiffe molle !“ pensait-il. Et pour le persuader, rien n’était mieux que lui-même. Il soupira intérieurement, ses poings se desserrant graduellement de son pantalon. Il concédait enfin à y mettre du sien, à ne pas laisser Su Hee en plan comme un pauvre con. Car aussi soucieux qu’il pouvait être, le jaune imaginait très bien le coup pour l’égo que ça pouvait être, quand une personne se montrait insensible à un baiser. De toute façon, Su Hee se montrait assez persuasif : Dong Soo n’avait eu aucun mal à saisir le subit rapprochement qu’il y eut entre son corps et celui du plus jeune. Aucun mal. Enfin, il ferma les yeux. Puisque Su Hee voulait jouer.

L’un de ses bras s’enroula autour des épaules de Su Hee, donnant ainsi lieu à une étreinte doucereuse et protectrice ; son autre main se posant dans le léger creux que formait sa taille. Il avait beau vivre l’instant présent, Dong Soo ne réalisait pas ce qui était en train de se passer. Su Hee et lui dans un périmètre très restreints, corps contre corps, lèvres contre lèvres. Il parvenait sans peine à sentir la langue de Su Hee glisser contre la sienne, lui-même répondant par une caresse légère, presque amoureuse. Ainsi, le yongwang semblait être d’un grand romantisme, ses cheveux nouvellement blonds lui donnant l’air d’un ange calme et serein ; bien loin du tumulte auquel faisait continuellement face ses pensées. Malheureusement, la descente sur Terre fut rude. Dans un bruit de succion des plus indélicats, Su Hee se sépara de lui, comme ça, sans crier gare. Dong Soo papillonna plusieurs fois des yeux, content que le yunikon soit de dos, pour ne pas voir sa succession de réactions, plus ou moins gênantes. Les sourcils froncés, il essuya ses lèvres, dans un excès de colère qui en fait, ne l’était pas tant que ça. Avant même que tout cela n’arrive, il savait que c’était une mauvaise idée. Et pas la peine de se mettre à la place de Su Hee pour ça, être lui-même convenait parfaitement. Dong Soo se connaissait très bien, ne se faisait jamais d’idées fausses. Il savait qu’il partait très vite en besogne, pour tout et n’importe quoi. Pour l’instant, il savait que ça n’allait pas trop mal, mais une fois qu’il serait seul, il ressasserait tout cela encore et encore et encore. Comme coincé dans une espèce de cercle vicieux. Mais bien sûr Su Hee, lui, n’en avait rien à foutre de tout ça. Rien à foutre du tout.

Il restait là, les bras ballants, plongé dans un mutisme dont rien ne semblait vouloir l’en sortir. Quelques heures plus tard, si on était venu lui dire qu’il allait embrasser Su Hee, et peut-être plus encore, il n’y aurait certainement pas cru pour le moins du monde. Mais ça, il l’avait déjà pensé. Etait-ce sa faute si tout se retournait dans sa tête, continuellement ? Il se sentit soudainement tiré, si bien qu’il papillonna des yeux une nouvelle fois, en laissant échapper une exclamation de surprise. Son pauvre cœur loupa un battement lorsqu’il découvrit avec une horreur non feinte ce qu’il avait sous les yeux. La même chose. La même chambre. La même connerie. Il avait la mauvaise impression d’être dans l’un de ses innombrables cauchemars, dans lequel un rêve était imbriqué dans un autre, sans fin. Il retira brusquement son bras de la main de Su Hee, juste avant de se frictionner vivement le visage. C’était vraiment trop fort pour lui là. Il passa une main dans ses cheveux, pour la laisser là où elle était, comme ça, attendant que quelque chose ne se passe. Mais c’était à lui de bouger maintenant, hein ? A dire vrai, il ne se sentait pas très à l’aise, dans cette pièce toute noire. Il avait l’impression de ne plus être en mesure de « se voir », comme si le degré d’intimité avait monté d’un cran. Certainement qu’à ce moment-là, il donnait l’impression d’être un petit garçon perdu dans une foule, loin de sa mère. Sa mère n’était littéralement plus là, mais ce n’était pas la question du jour. Dong Soo n’accorda pas son attention à Su Hee, pas encore. Il préféra se diriger vers la table, et piqua un raisin noir, qu’il mâcha lentement. Il s’étira ; se retourna vers le yunikon. Il ne le regarda certainement qu’une demie seconde, avant de se laisser tomber sur le lit, allongé à côté de lui. Plus que deux mecs sur le point de coucher ensemble, ils donnaient l’air de deux potes désespérés, dépités. Dong Soo souffla, encore. Retarder la chose n’allait pas l’aider hein ! Il se pencha sur Su Hee, sans trop s’appuyer – faudrait pas l’étouffer – et attrapa le dé de l’autre côté. Le jaune se redressa alors et dribbla dans le dé, lui laissant bien le temps de retomber par terre.

« On va rigoler, je sens. Joyeuse Saint-Valentin en passant, hein. Tssk. »

Alea jacta es.

Park Dong Soo a effectué 1 lancé(s) d'un VALENTINEDAY :

Su Hee ne concevait pas l'idée de rester coincé ici sempiternellement, mais à vrai dire, le fait de continuer ce petit jeu pervers auquel ils n'avaient aucune alternative ne l'enchantait pas vraiment non plus. Encore une fois, ce n'était pas le contexte à proprement parlé qui incarnait le problème majeur; seulement le fait que ce soit sur lui et Dong Soo que le sort décidait de s'acharner. Embrasser Dong Soo, d'accord, ça avait été très agréable, soyons honnête. Cette étreinte, ces lèvres rencontrées timidement, cette sensation, enfin, tout quoi, ça ne le perturbait pas et il n'allait pas s'en plaindre. Après tout, la situation était un peu la même qu'à Noël sauf qu'aucun des deux n'avait bu. Ils étaient dans une chambre luxueuse comportant un lit immense et de toute évidence, ce lit était là pour servir à quelque chose. Avec une vague réflexion, Su Hee savait pertinemment que le dé n'allait jamais oser leur demander de coucher ensemble ou quoi que ce soit de trop poussé, et il se connaissait assez bien pour être total maître de ses agissements. Ça n'allait pas déborder, déjà parce qu'il ne s'était jamais senti attiré par le dragon - bah oui, bourré on a pas toutes nos capacités donc ça ne comptait pas à ses yeux - et aussi parce qu'il savait très bien qu'il ne plaisait pas à Dong Soo, sinon il aurait certainement adopté un comportement moins boulet pour quelque chose de plus satisfait. C'était mieux comme ça, heureusement; s'il n'avait eu ne serait-ce qu'une seule petite once de désir à son égard, les choses auraient mal tourné, la situation de confinement et ce décor noir l'excitant sans doute encore plus. Tout ça était terriblement intime et même un moine bouddhiste aurait été incapable de résister à une situation pareille... si ils avaient été attirés l'un par l'autre. Généralement, le petit sang-pur aurait pu trouver ça désobligeant de ne pas plaire au jaune, mais il lui semblait tellement inconcevable qu'une chose pareille se produise que ça ne lui faisait rien. En fait il ne savait même pas si Soo aimait les hommes, donc. Il ne lui avait jamais parlé de ça malgré sa capacité accrue à causer durant des heures et des heures de choses inutiles, et Su Hee ne pouvait donc être sûr de rien. Pour sa part, la question ne s'était jamais posée et ses attirances devaient probablement se percevoir dans son physique, ce qui faisait que l'autre jeune homme devait savoir de quel bord il était. 

En découvrant la nouvelle pièce, le Park se dégagea brutalement de son étreinte sur son bras et il laissa retomber sa main le long de sa cuisse sans un mot. Il le regarda saisir son visage dans ses paumes et enfiler ses doigts dans ses cheveux de blé sans un mot, décidant qu'il valait certainement mieux pour lui de s'isoler tout seul dans sa tête un moment. Le pauvre en avait besoin, visiblement, on aurait cru qu'il vivait le pire cauchemar de sa vie, vision que le plus jeune comprenait tout à fait sans s'en sentir vexé pour autant.

Allongé sur le lit, il sentit celui-ci s'affaisser sous le poids du yongwang lorsqu'il s'installa à côté de lui et il tourna la tête pour le regarder, le visage neutre de toutes émotions. Su Hee n'était pas un je-m'en-foutiste, mais il avait une liste des choses qui méritaient de l'agacer profondément, et ce qu'ils vivaient actuellement ne se positionnait pas dans le top ten des choses les plus énervantes de sa vie. Mais il comprenait le désarroi de Dong Soo, respectant ceci avec une dose conséquente de gentillesse; il lui en faisait voir de toutes les couleurs inconsciemment ces temps-ci, s'en trouvant sincèrement navré. Dong Soo s'appuya sur lui dans le but de saisir les dés mais il ne broncha pas, se contentant de l'écouter lui souhaiter une bonne Saint-Valentin ainsi que de le regarder lancer le jeu. Ses yeux suivirent avec attention l'ascension des dés jusqu'au sol tandis qu'il se redressait sur les coudes, à la fois curieux de connaître la suite mais appréhendant quand même qu'on leur fasse faire quelque chose d'encore plus gênant que la première fois. Sa bouche s'ouvrit de quelques centimètres à l'entente du gage et il se retourna vivement vers le jaune, profondément choqué. Un baiser, ça passait encore, mais le niveau venait d'augmenter d'un cran, ce qui ne lui plaisait pas vraiment. Néanmoins, il ne prononça aucune parole, ramassant les petits cubes pour les poser sur la table de nuit de droite - la plus proche de lui à cet instant précis - puis il roula sur le ventre et rampa jusqu'à l'autre meuble pour en ouvrir le premier compartiment. Il constata la présence incongrue d'une boîte de capotes ainsi que d'un tube de lubrifiant, ce qui eut le don de lui arracher un grognement à la foi désespéré et mécontent, mais il préféra ne pas en signaler la présence au blond, dénichant finalement la fameuse essence de vanille.

Il la retourna avec méfiance entre ses doigts avant d'en dévisser le bouchon et de l'approcher de son visage pour en sentir le contenu; ce fut effectivement une odeur violente de sucre vanillé qui lui frappa le nez. Bien, au moins la mixture n'avait pas l'air d'être empoisonnée ou toxique - ben quoi, on sait jamais -. Malheureusement, il ne savait pas s'il était apte à se prêter au jeu annoncé par le dé, principalement embarrassé à l'idée de devoir ôter un de ses vêtements. Pas qu'il fut particulièrement pudique, mais dans un moment pareil, il était normal qu'il fasse preuve d'un minimum de réticence à l'idée de se dévêtir. Il pouvait se passer n'importe quoi dans cette pièce, venant de la part de l'un ou de l'autre. C'était dangereux, mine de rien. Se remettant en position assise, il posa la petite bouteille sur ses genoux, les traits légèrement crispés dans une expression mêlée d'hésitation et de gêne.

« Tu... tu vas vraiment le faire ? » demanda-t-il, incertain. Car si lui n'avait pas très envie de se dévêtir, peut-être que Dong Soo ne voulait absolument pas poser ses lèvres sur son petit corps frêle, ce qui était parfaitement compréhensible. Sauf que refuser n'était pas non plus une très bonne idée en soi. Su Hee se gratta l'arrête du nez en fixant le mur face à lui, réfléchissant à un endroit facile à trouver et pas trop gênant pour pouvoir y mettre la goutte. Il songea au cou, mais c'était trop intime. Et hors de question de l'attirer sur son torse ou son ventre intentionnellement. Sur ces réflexions, sans même vraiment s'en rendre compte - oubliant aussi presque le refus qu'il avait manifesté mentalement à ce propos - il glissa ses mains sur ses hanches et remonta son pull par-dessus sa tête jusqu'à l'ôter complètement, le gardant contre sa poitrine pour se « cacher » un minimum « je sais où je vais mettre la vanille, promis ce n'est pas très dur à trouver. » finit-il par annoncer après y avoir bien pensé.

Un rire dément. Voilà ce qui s’empara de Dong Soo lorsque la sentence tomba. Son regard avait été désespérément fixé sur le petit objet carré, priant tous les saints pour que la chance lui sourie. Le dé roula, roula encore et encore. Et puis. Voilà. « Cherchez la goutte à l’aide de votre langue » … L’espace de quelques secondes, le yongwang resta coi, incapable d’émettre le moindre son. D’un coup, après un grand sourire, il éclata de rire. D’un rire si nerveux qu’une personne passant par là au même moment l’aurait pris pour un aliéné, inféodé à une puissance supérieure des plus démoniaques et malveillantes. Bon. Réflexion faite, elle n’était peut-être qu’un peu perverse sur les bords. Mais arrête d’en faire tout un plat Dong Soo ! qu’il aurait aimé se dire. Après tout, le baiser avec Su Hee n’avait pas été si désagréable que cela non ? Le contact avec ses fines et douces lèvres, leurs langues se mêlant comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle au monde … Malheureusement, c’était là que résidait son problème, et il ne parvenait pas à passer outre, malgré tous ses efforts. Peut-être avait-il peur d’y prendre trop goût ? Non non, pas du tout. Il était un peu trop tôt pour cela. Disons que ce petit jeu lui faisait profondément chier. Les blagues mal tournées, il adorait ça ! Sinon il ne serait pas parti montrer ses fesses à une classe bourrée d’ineos, pour ne plus cesser de faire des sous-entendus implicitement implicite à son cher Ji Yong. Il aimait bien provoquer les autres comme ça, pour rigoler quoi. « On ne récolte que ce que l’on sème », assurément.
Il essuya une larme qui avait perlé au coin de son œil, avant de laisser sa main tomber sur sa cuisse, son rire s’amenuisant decrescendo. Il resta assis, calme, totalement figé. Il pouvait sentir les mouvements de Su Hee dans son dos ; certainement essayait-il de trouver la fameuse essence maudite. Le jaune était maintenant si calme qu’il pouvait presque sentir sa respiration, insensiblement haletante suite à son précédent éclat. Cet état fut cependant de courte durée. En entendant les maigres paroles de son homologue yunikon, ses poings se crispèrent. Sans prendre la peine de se retourner vers le plus jeune, il se releva brusquement, pris d’un soudain élan. Il fit quelques pas en avant, jusqu’à ce qu’il finisse par se retourner vers Su Hee.

« Pas difficile à trouver ? Parce que tu crois sincèrement que je vais faire une chose pareille ? Alors là, tu vas attendre longtemps mon coco. Je t’aime beaucoup mais là, je peux vraiment pas. Déjà que je suis coincé ici pour avoir accepté une putain d'invitation à la con, complètement dénuée de s… RAH. Laisse tomber. » Avait-il parlé trop vite ? Il semblerait. Il ne le pensait même pas, en plus. Dong Soo voulut retourner en arrière, dans l’autre salle, mais impossible. La porte s’était déjà refermée. Sur les nerfs, il tapa violemment contre la porte sans prévenir, avant de retourner s’assoir sur le lit. Le jaune ressemblait s’en s’y méprendre à un lion en cage qui ne demandait qu’à s’échapper. Néanmoins, la douleur qu’il ressentait alors dans sa main avait eu le don de le calmer. Il la porta contre sa poitrine, grimaçant. Réfléchir avant d’agir, il n’avait pas encore intégré le concept. Gêné, embarrassé, le yongwang passa son autre main dans ses cheveux, levant discrètement son regard vers Su Hee. La bête enragée avait laissé place à un petit garçon, perdu. Blague à part, Dong Soo était à lui seul, un cirque entier. Passer par tant d’humeurs en l’espace d’une heure, moins même … Pire qu’une femme enceinte ! Il inclina légèrement et rapidement la tête sur le côté, ramenant ainsi une mèche de cheveux en arrière. Dong Soo inspira, cherchant un moyen doucereux et plein de tact pour bien faire passer ses dires.

« Je … Je suis désolé. Je ne pensais pas ce que j’ai dit. Ce n’est pas ta faute. A nous deux je dirais. J’aurais dû prévoir qu’en allant un événement pour tourtereaux organisé par ce malade mental, nous nous embarquions dans un trip totalement euh … Décalé ? Je .. Je sais pas trop le mot en fait. Ce n’est pas contre toi, bien sûr mais … J’ai l’impression de faire un truc barbare. J’v-veux dire … Ahem … On s’apprécie peut-être mais … On n’est pas amoureux l’un de l’autre, aux dernières nouvelles. Alors être contraints à faire toutes ces choses juste pour sortir c’est … » Dong Soo s’interrompit, l’espace de quelques micro secondes. Il ne pouvait décidément pas lui avouer qu’il sentait toute cette histoire très mal non ? Non … Un mensonge … Quelque chose, vite. « … C’est bafouer toutes mes valeurs de préservation de l’amitié. »

En y réfléchissant bien, ce n’était pas si tiré par les cheveux que ça. Après tout, Dong Soo était bien connu pour avoir un nombre d’amis presque inquiétant, et pour sa grande fidélité, loyauté. Venant de sa part, un tel discours n’était pas improbable, pour le moins du monde. Si Su Hee se rappelait la « pseudo déclaration » que lui avait fait Dong Soo après leur dispute, il pourrait très facilement faire le rapprochement avec ce qu’il venait de dire. Ce n’était pas impossible, et puis, n’importe qui pouvait prétendre se sentir blessé par tout ce qui leur arrivait, dans une situation comme celle-ci. Et puis, Dong Soo était le roi des baratineurs. Bien sûr, il ne mentait pas pour faire du « mal » aux gens. Il ne mentait pas comme il respirait. Mais avec les nombreuses blagues qui courraient derrière lui, il avait eut le temps d’apprendre, en vingt ans tout de même, l’art de raconter des bobards, des conneries. Dans le cas échéant, il voulait rattraper sa bourde avec Su Hee. Enfin … Ce n’était pas vraiment une bourde, Dong Soo n’avait pas vraiment fait quelque chose de mal après tout. Il avait juste failli rejeter toute la faute sur Su Hee mais bien sûr, ce n’était rien. Et entre nous, Dong Soo, malgré toute sa bêtise, assumait beaucoup de choses, sans rechigner. Mais là …

Encore un rire. Décidément, Dong Soo ne savait que rire, dans la vie, avant de se mettre à psychoter comme un imbécile ou comme s'il était désespéré. Su Hee le voyait déjà venir, avec son cinéma, mais resta assit sur le lit en roulant des yeux, les bras encore serrés sur son pull. Oh allez, ce n'était pas si terrible que ça. Il s'était un peu attendu, au fond, à ce que Soo s'énerve et se pète un câble, mais sincèrement, il n'avait pas encore réfléchis à la manière qu'il allait devoir appliquer pour le convaincre. En le voyant frapper furieusement dans la porte, Su Hee ne pût pas s'empêcher de se saisir le visage dans les mains, désemparé. Un vrai gamin. À l'entente de ses critiques sur son invitation, il préféra ne pas faire de commentaires bien qu'ils lui brûlaient la langue. Lui-même incapable d'expliquer les raisons qui l'avaient poussées à l'inviter, il préférait ne pas s'élancer sur ce sujet. Il avait juste eu une pulsion, un instant de panique, peut-être, parce qu'il voulait retrouver un contact normal avec lui... et bien c'était loupé en beauté. Rien de pire n'aurait pu leur arriver que cette animation vicieuse, cette chambre et ce jeu malsain, et Su Hee était bien conscient d'avoir poussé Dong Soo à ça en premier, sans intention bien sûr. Il avait été stupide, de la part du directeur ça n'avait pas grand-chose de surprenant, cependant il ne s'était pas méfié et s'était fait avoir comme un bleu. Malheureusement, il ne supportait pas cette attitude qu'avait le dragon à tourner nerveusement comme une bête en cage et à grogner pour un rien. Il n'avait qu'à refuser, merde. Après tout, il ne l'avait pas menacé pour qu'il vienne, et s'il n'avait vraiment pas envie de l'accompagner, il n'avait qu'à le dire non ?

Il avait l'impression de faire quelque chose de mal. Cette révélation fit hausser les sourcils à Su Hee, qui ne voyait pas tant que ça le problème dans tout ça; c'était embarrassant mais qu'y pouvaient-ils ? Après tout, ce n'était pas comme s'ils ne s'étaient jamais touchés ou comme si Su Hee était une sorte de vache sacrée en Inde adaptée aux rites coréens, loin de là. Tout ça ne déborderait pas, ça ne pouvait tout bonnement pas déborder. Le yunikon pensait avoir la situation parfaitement en mains et sous contrôle, et il était certain que Dong Soo ne ferait pas tout capoter comme un bleu. Du moins, il osait y croire puisqu'il ne voyait toujours pas où se trouvait l'inconvénient a tout ça; pour lui, il n'y avait aucun risque pour eux de se comporter n'importe comment, contact physique ou non. Ils n'étaient pas des animaux, bon Dieu, et il était bien loin d'avoir particulièrement envie de tenter l'expérience complète avec Dong Soo. Ça perturberait trop de choses, et les perturbations commençaient à bien faire. Et puis, Dong Soo lui-même avouait qu'il ne voulait pas briser l'amitié qu'il croyait se tenir entre eux, alors pas de quoi s'inquiéter, n'est-ce pas ? En revanche, autre chose lui arracher une vague mine surprise.

 « Je ne couche pas avec des gens dont je suis amoureux » dit-il en haussant les épaules, sincère  « alors tu comprendras que pour moi, même si toi et moi ne nous aimons pas, ce n'est pas un problème de s'adonner à ces épreuves. Et tu sais également que je ne considère pas notre relation comme de l'amitié, ce qui me bloque encore moins. Mais tu dois bien être aussi conscient qu'on a aucune raison de déraper. »

Il croyait en ce qu'il disait, et hocha la tête à ses propres paroles, les mains sur les genoux, puis repris le petit flacon d'essence de vanille dans sa main. Su Hee en versa délicatement une goutte sur son doigt et la lécha, le goût se répandant aussitôt dans toute sa bouche; maintenant, il avait la preuve formelle que ce n'était aucunement quelque chose de toxique. Puis, agacé des enfantillages de Dong Soo, il lui lança son pull dans le visage et se leva pour se mettre face à lui.

 « Je te l'ai déjà dit, tu n'as qu'à imaginer quelqu'un d'autre ! » s'énerva-t-il en récupérant son vêtement pour masquer sa peau  « tu préfères qu'on reste coincé ici durant je ne sais combien de temps ? Moi je supporterai pas ça, alors tu vas me faire le plaisir de prendre un peu tes responsabilités et d'agir comme un élève de ta maison, et avec tout le baratin qui va avec. » ben oui, les yongwang n'étaient-ils pas réputés pour leur courage ? Dong Soo faisait honte aux siens, là, c'était pitoyable. Su Hee voulait sortir, quoi qu'il en coûte; cet enfermement avec lui dans cette pièce ne signalait rien de bon, petit détail qui le poussait encore plus à vouloir sortir. Il était d'accord d'aller jusqu'à un certain point dans ces gages, et tant que la ligne limite n'avait pas été dépassée, le jeune homme comptait bien donner tout ce qu'il avait pour s'en extirper. Il décida de passer aux menaces  « Peut-être que pour toi, c'est bon de rester ici mais pas pour moi. Je t'en voudrai toute ma vie de nous avoir coincés ici, Dong Soo. Et peut-être même que je finirai par virer fou, je t'attacherai au lit et je te ferai subir tout ce que tu as peur de me faire maintenant. Donc. Tu te retournes et tu retrouves tes couilles. »

Autoritaire, le petit. Mais il ne pouvait plus supporter ces enfantillages; ils étaient adultes et bon sang, l'autre était même plus vieux que lui alors qu'il refusait de faire ce qu'il était important de faire. Comme si une simple chose de ce genre risquait de modifier leur pseudo amitié. Si c'était vraiment possible, ça aurait déjà été le cas à cause de Noël, non ? Et bien voilà, il ne s'était rien passé de plus, leurs contacts n'avaient pas changés, ce qui le menait à la conclusion suivante qui lui paraissait si évidente: pas de problèmes.
Donc, après s'être assuré que le jaune lui tourne le dos, il déposa soigneusement une seule petite goutte de vanille sur son poignet droit.

« Céder à la panique » n’entrait pas, pour ainsi dire, dans le vocabulaire de Dong Soo. Derrière ses blagues foireuses et son humour à balancer à la poubelle, il faisait mine de rien, preuve de sang-froid, sachant parfaitement gérer les situations les plus périlleuses. Bon, il les gérait à sa manière certes, mais il les gérait quand même quoi. Mais là. Pendant que Su Hee réfléchissait à un pourquoi du comment persuader le jaune, ce dernier se retenait à peine de se ronger les ongles. Il était tracassé ce qui était en soit, assez exceptionnel. Beaucoup aurait donné de leur argent pour voir ça au moins une fois dans leur vie. Le yunikon ne s’en rendait certainement pas compte, mais Dong Soo lui faisait à ce moment même une énorme « fleur » : il lui offrait le privilège de le voir dans une fébrilité qu’il ne montrait jamais. S’il ne se montrait parfois pas aussi gay, Dong Soo aurait pu être un parfait macho. Un dur, un vrai de vrai ! Qui se transformait en un véritable crustacé face à son fidèle compère … Ce qu’il dit par contre, eut le don de le faire sourire. Cela ne relevait pas d’un esprit mal tourné mais, bizarrement, Dong Soo n’avait pas pu s’empêcher de trouver la phrase de Su Hee « pute ». Pas qu’il considérait Su Hee comme une pute, loin de là mais le « je ne couche pas avec des gens dont je suis amoureux » ou il ne savait quelle phrase il avait prononcée, lui donnait la vague impression que Su Hee ne faisait que ça, coucher. Néanmoins, le yongwang ne souligna pas cette pensée malvenue. Déjà que Su Hee n’était pas de la plus gracieuse des humeurs, ce n’était vraiment pas le moment de le contrarier, n’est-ce pas ? Et puis … Mine de rien, ce que le petit yunikon dit lui arracha une grimace aussi brève que douloureuse. Su Hee lui avait déjà très bien fait comprendre qu’il ne le considérait pas comme un ami. Dong Soo n’allait pas chercher l’affection des gens ; enfin, il ne les forçait pas à l’aimer. Mais … Entendre ça de la bouche de quelqu’un que l’on apprécie, ce n’est jamais facile non ? Même si le but n’était pas de le blesser, mais plutôt de le calmer ou quoique ce soit d’autre, le yongwang aurait préféré pour une fois, être confronté à un énième silence de la part de son homologue. Cependant, Dong Soo se contenta de hausser les épaules, plus pour se résigner « dans sa tête » que pour répondre sincèrement à Su Hee. De toute manière, il pouvait penser ce qu’il voulait, ça n’allait pas changer grandement le cours de son existence, non ? Et puis, comme le turquoise l’avait dit lui-même, ils n’avaient aucune raison de céder, de perdre le contrôle. Dong Soo serait bientôt un adulte en plus. Enfin, en omettant que dans la tête, c’était encore mentalité trois ans … Il regarda Su Hee trois secondes, le temps qu’il prenne l’essence dans sa main, avant de baisser la tête vers ses tennis, sans raison particulière.

Son magnifique panorama fut anéanti par l’arrivée subite et inopinée d’une masse non identifiée en plein la figure. Il fronça les sourcils, puis ramassa ladite masse avant qu’elle ne s’écrase au sol. Ah, le pull … Le pull ? Dong Soo releva brusquement la tête, remarquant subitement que Su Hee était torse nu, et ce, depuis un moment déjà. Ah oui … Une gêne étrange s’empara du jaune. Des mecs, ou même des filles d’ailleurs, à demi-poil – et à poil tout court en fait – il en avait eu un petit nombre fort raisonnable quand même, en omettant les quelques mâles à poil à la fin du sport, mais lorsqu’il voyait Su Hee … Une impression, même pas un sentiment ou une émotion, étrange s’emparait de lui. L’espace d’un instant, il détourna le regard, encore, jusqu’à ce que le yunikon ne se relève, quelque peu exaspéré, semblerait-il. La première partie de son discours, Dong Soo l’écouta, l’air d’un adolescent blasé face aux réprimandes de ses parents. L’attitude était assez mal venue, lorsqu’on savait toutes les simagrées qu’il avait faites jusque là. La deuxième partie quant à elle, l’inquiéta un tantinet. Il fixa Su Hee, éberlué. Cette optique de vie ne lui plaisait en effet pas beaucoup beaucoup. A la limite, si c’était Su Hee l’attaché, pourquoi pas ? Oui bon, ok. Dong Soo poussa un long soupir, avant de se retourner, comme pour signifier qu’il était enfin d’accord, qu’ils pouvaient passer « aux choses sérieuses », pour avancer, enfin.

Au bout de quelques secondes, jugeant que le turquoise avait enfin fini de déposer sa fichue goutte quelque part sur lui-même, Dong Soo se retourna une nouvelle fois, plus ou moins prêt à affronter ce qui l’attendait. Il avait qu’à s’imaginer en train de lécher une glace à la pistache, sur laquelle un petit bout de vanille s’était posé en intrus. Il s’approcha de Su Hee et posa une main sur son épaule, le forçant doucement à s’assoir sur le lit. « Qu’est-ce que tu ne m’auras pas fait faire toi, franchement. Bourreau de mes deux. » Il sourit, l’air concupiscent. Bien. On voulait que Dong Soo soit no limit c’est ça ? Et bah, no limitons. Il donna une tape dans la cuisse de Su Hee et se pencha sur lui, décidant qu’allongé, son affaire serait beaucoup plus aisée. Le jaune était partagé entre l’appréhension, le désir d’en finir vite et celui de se venger. Après tout, Su Hee voulait être léché n’est-ce pas ? Et bien, Dong Soo ne voyait plus pourquoi il ne devait pas accéder à sa requête. Seul problème ? Par où commencer ? Il fit la moue un instant, réfléchissant. Il parcourut le haut de son corps des yeux, s’interrogeant. Malheureusement, à commencer par la mauvaise question, il en aboutit à la mauvaise conclusion. Su Hee, à force de le menacer, venait de lui faire croire qu’il était plein d’intentions plus louches les unes que les autres, le poussant ainsi à penser que l’emplacement de la goutte était des plus sadiques. Pour cette raison, Dong Soo s’attarda plus que de raison sur le bas de ce ventre imberbe, un léger duvet de poils menant à un endroit auquel il ne préférait pas songer. Il plissa imperceptiblement les paupières, se penchant vers ce nombril qui lui faisait de l’œil depuis un moment déjà. Les mains de part et d’autre de la taille de Su Hee, le jaune sortit timidement le bout de sa langue, se décidant à lécher ce petit bout de peau qui lui tendait les bras. Ah. Cela ne semblait pas bien compliqué au final. Encouragé par ce constat, Dong Soo continua, presque avec bonne humeur. Presque. Sa langue parcourait le ventre de Su Hee, convaincue d’y rencontrer un goût de vanille, tôt ou tard. Mais rien ne venait. L’organe charnu et mobile qui se trouvait au creux de ses lèvres s’amusait de découvrir la peau du turquoise, s’habituant presque inconsciemment à la douceur qu’elle y rencontrait. Sans s’en rendre compte, le yongwang perdait de vue son objectif de vengeance, cherchant de manière tout aussi instinctive à faire plaisir à son homologue. Pour cette raison, sa main s’était glissée dans le dos du yunikon, la langue de Dong Soo rencontrant les tétons de Su Hee, qu’il s’amusa à titiller, retrouvant quelque peu ses désirs de jeu et d’amusement, qui ne plairait peut-être pas à Su Hee. Abandonnant les deux boutons de chair, Dong Soo s’aventura dans le cou du turquoise, sa main quittant son dos pour se nicher dans sa nuque. Il y allait lentement et consciencieusement, désireux de bien faire les choses, de se rattraper pour sa peur passée. Il n’avait jamais voulu faire de mal au yunikon alors autant essayer de lui faire un peu plaisir, dans ce malheur commun.

Tout cela était bien beau, mais aucune goutte de vanille ne venait à lui. Ne lui restait plus alors que trois choix : son visage ou ses deux bras. Dans son idiotie, Dong Soo parvint encore à éliminer le visage de Su Hee, jugeant que celui-ci ne désirait certainement pas se faire lécher le visage. Par un hasard bienvenu, il choisit de se diriger vers son bras droit. Ses mains glissaient en même temps que sa langue, ses doigts frôlant à peine la peau de Su Hee, la caressant d’une manière douce et aérienne. Puis, presque avec surprise, il sentit quelque chose d’humide rencontrer sa langue, alors qu’il léchait avec délicatesse le poignet de Su Hee. Plus jeune, il se souvenait avoir goutté de l’essence de vanille. Son odeur sucrée l’avait alléchée, et convaincu de goûter une essence similaire à de la glace, il l’avait mise dans sa bouche. Cela lui arracha une grimace car, loin d’être aussi douce que de la glace, l’essence de vanille avait un goût amer et peu savoureux. Dong Soo aurait pensé rencontrer le même goût, mais non. Une saveur sucrée s’était emparée de ses sens, et ce ne fut que quelques secondes plus tard, après être descendu vers la main de Su Hee, que Dong Soo se rendit compte qu’il avait déjà trouvé la goutte de vanille. Il écarquilla les yeux, sidéré par son propre comportement et se releva, sans plus de cérémonie. Il s’éclaircit la gorge, désireux de redescendre sur Terre, et se retourna vers la porte.

« J’espère que tu es content maintenant, nous ne serons plus obligés de rester coincés ici jusqu’à la fin de nos jours, enivrés par je ne sais quelle folie qui t’aurais poussé à m’attacher aux montants du lit. » Dong Soo soupira encore, et posa sa main contre la poignée, mais ne l’actionna pas. Que venait-il de se passer ? Su Hee était comme l’essence de vanille. Une odeur sucrée et alléchante, mais au final, tout ce qu’il était, ce n’était qu’amertume.

Su Hee n'était pas une pute. Oh, il arrivait que certains le traitent comme tel et parfois, on pouvait bien se poser la question... mais alors, il était une prostituée bien gratuite; l'argent ne l'intéressait pas, il n'en avait cure. Ce dont il avait besoin, c'était de sensations. Si Su Hee ne couchait pas avec des gens qu'il aimait, c'était premièrement parce qu'il n'avait jamais eu la chance - chance qui n'en était pas une à ses yeux - de tomber amoureux. Ensuite, il savait aussi qu'une personne qui l'appréciait, le respectait, l'aimait, ne risquait certainement pas de lui donner ce qu'il voulait; la sensation d'être autre chose qu'un gamin en verre qu'on pourrait avoir peur de briser. Il n'était pas en sucre, il n'était pas fragile. Depuis tout petit, cette allure frêle qu'il possédait le complexait à un point qu'il jugeait insupportable. Alors il laissait ses partenaires faire ce qu'ils voulaient de lui. Le seul à ne pas le « maltraiter », c'était Hyun Suk, sans surprise. Il en fallait bien un. Mais ce n'était pas la même chose, le petit Su Hee demandait violence et brusquerie dans ses ébats sexuels un peu comme s'il avait peur d'être considéré comme un jeune homme faible. Ironiquement, avec cette attitude, il donnait tout du passif parfait mais curieusement, cette idée ne lui était jamais venue. Bref, tout ça pour dire qu'il ne se considérait pas comme un puritain mais si son entourage se faisait cette idée de lui, c'était compréhensible.

Lorsqu'il eut finit de déposer la petite goutte au creux de son poignet, satisfait de la simplicité de l'endroit choisi, il observa le dos du jaune assit non loin de lui. Un long et fin dos, rassurant, qui aurait pu lui plaire encore plus s'il n'avait pas connu aussi bien son propriétaire. Soudain, ledit propriétaire se retourna, l'arrachant à sa contemplation sans qu'il ne le laisse paraître sur son visage. Su Hee posa la petite bouteille à côté de lui et laissa Dong Soo l'allonger consciencieusement sur le lit, alors qu'il repliait ses bras de chaque côté de sa tête, embarrassé. Quelque chose de chaud et humide se fit sentir sur son ventre, à proximité de son nombril, ce qui le fit sursauter. Il baissa subitement la tête en faisant les gros yeux mais ne dit rien. Il sentit à peine les paumes de Dong Soo sur sa taille, reposant calmement sa tête sur le matelas avec un petit soupir agacé. Pour lui, le poignet était vraiment un endroit facile... il ne comprenait pas pourquoi le dragon s'attaquait à son estomac en premier. Toujours est-il que ça ne le dérangeait pas tant que ça, la caresse était agréable, légère, douce. Il regardait le plafond en pinçant les lèvres; non, monsieur ne retenait pas de gémissements - il n'était pas échauffé et il lui en fallait quand même bien plus pour ça - mais il se forçait surtout à ne pas dire à son compagnon qu'il était stupide de s'intéresser à cet endroit. Cette remarque le titillait tellement qu'il se mît à tapoter nerveusement le duvet. Un cri de protestation lui échappa automatiquement lorsque les lèvres de son hyung se déposèrent sur un petit bouton de chair rose stratégiquement placé sur sa poitrine pâle. Il faillit le repousser, ses mains pressant légèrement contre ses épaules, mais il lâcha finalement prise en retombant sourdement sur le dos, papillonnant des paupières. Il s'attardait sur le second petit point sensible, sa langue délicate traçant des cercles, ses mains remontant dans le haut de son dos... et pour la première fois depuis longtemps, Su Hee fût particulièrement troublé. Une bouffée de chaleur si douce et si intense lui remonta du creux des reins jusqu'à la poitrine, le faisant expirer soudainement plus fort. Ça lui faisait quelque chose. Mon Dieu. Cette douceur dans ses gestes lui procurait un semblant de plaisir. Oui, un semblant, car il se refusait encore à croire qu'il aimait ce que Dong Soo était en train de lui faire. Il ne pouvait pas, n'est-ce pas ? Dans sa tête, il avait eu une sorte de bug, un bug tellement puissant qu'il se déconnecta de la situation l'espace de quelques secondes; juste assez longtemps pour que l'autre jeune homme s'attaque à son cou sans qu'il ne le remarque. Pire encore, il lui offrit la totalité de sa gorge en tournant le visage vers la droite, le regard purement surpris de ses propres réactions improbables. Non, non, ce n'était pas une bonne idée, il devait arrêter. Depuis quand ne l'avait-il pas fait, déjà, hm ? Longtemps, sans doute trop longtemps, il devait probablement être en manque pour que cette langue aussi douce que du velours - cette si simple petite langue - lui fasse un effet pareil. Il fallait qu'il arrête au plus vite, sinon il allait peut-être devoir l'attacher au lit... ou s'attacher lui-même. Une légère vague de presque-déception le parcouru tandis que Dong Soo partait à l'assaut de son bras droit, délicat, appliqué. Il en profita discrètement pour essuyer le peu de salive qui persistait dans son cou plutôt que de la laisser sécher et parcouru nerveusement son corps de sa main libre, un peu comme s'il époussetait sa peau de la présence de l'autre. Finalement, le petit bout de langue toucha l'emplacement tant recherché, sembla aspirer sa peau - l'embrasser, presque - plus de temps qu'il n'en fallait; ce qui n'échappa pas au plus jeune, qui ne souleva pas ce détail. 

Dong Soo se redressa précipitamment; lui aussi avait remarqué qu'il s'attardait à sa tâche plus que de besoin, mais Su Hee était bien trop perplexe pour oser le taquiner. Il récupéra rapidement sa main et la frotta énergiquement contre la couverture, ne quittant pas son compère qui venait de se lever dans le but d'ouvrir la porte des yeux. Le petit yunikon roula lentement sur le ventre pour enfouir son visage d'ange dans un coussin à proximité, pris quelques inspirations, puis se leva à son tour, renfila son haut correctement... et constata que Dong Soo n'était pas encore sortit, fixant la porte sans bouger. Lui, il était très pressé de sortir, mais un mauvais pressentiment relié à cette porte le piqua - instinct féminin ? huuh. Avec souplesse, il descendit du lit en saisissant les dés, se plaça à côté du yongwang, lui fit lâcher la poignée et l'abaissa sans un mot. Après quelques pas dans la nouvelle pièce, ses soupçons se confirmèrent; le jeu n'était pas encore terminé pour eux.

La chambre arborait fièrement les couloirs froides de yunikon, ce qui lui arracha un sourire sans joie. Elle semblait également plus décorée et personnelle que la première, spacieuse et quelques peu dérangée. Un mur était recouvert de photos mouvantes, un bureau siégeait dans un coin, et, au centre, un lit, bien évidemment. Un lit rond dont les draps étaient ornés en leur centre d'une grande licorne finement brodée. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, Su était très mal à l'aise dans cette pièce; trop de détails, trop d'objets. Il préféra ne pas trop y faire attention pour le moment et jeta un regard agacé à Dong Soo. Peut-être ne faisaient-ils pas les choses correctement et que c'était pour ça qu'ils continuaient de s'enfoncer dans ces pièces étranges, songea-t-il vaguement en faisant rouler les dés dans d'une main à l'autre. Su Hee frotta son poignet de ses doigts, gêné, avant d'aller s'assoir en tailleur au centre du lit sans adresser une parole à son compagnon d'infortune; il n'y avait rien à dire, même idiot comme il l'était, il avait forcément compris leur situation renouvelée. Avec une petite inspiration, le petit bonhomme laissa retomber le dé sur le matelas sans quitter Dong Soo des yeux.

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Tout cela n’était absolument pas au goût de Dong Soo, lui-même foncièrement convaincu par cet état de fait. Figé par le doute et le questionnement, il ne parvenait pas à actionner la poignée. Qu’allait-il se passer de nouveau derrière cette porte ? La situation n’allait-elle pas encore empirer ? Réflexion faite, le yongwang ne voyait pas comment faire pire … Mais quand même. Il aurait été plaisant d’atterrir sur la sortie, enfin. Cependant, Dong Soo savait qu’ils avaient encore beaucoup de chemin à faire avant de parvenir à leurs fins, ce qui n’était pas pour le rassurer. A dire vrai, le jaune ne savait pas qui craindre le plus entre Su Hee ou lui-même. Ce qui leur arrivait, non, dans ce qu’il ressentait, il n’y avait rien de normal. Outre sa finesse d’ogre, Dong Soo dominait les événements. Or, à ce moment-là, il se sentait plus assujetti qu’autre chose. Il ne voulait pas que des idées saugrenues, plus étranges les unes que les autres, fleurissent dans son esprit. A choisir, il serait volontiers resté au fond de son lit et lire un bon roman, en omettant bien entendu son grand amour pour la lecture. Parce que, excusez-moi, ou excusez-le, mais l’heure était grave pour ce pauvre Dong Soo. L’espace de cinq secondes, il s’était retrouvé à penser à Su Hee d’une toute nouvelle manière, bien loin de ses habituels mamours amicaux. Mais voilà, c’était fait, et maintenant, il ne pourrait rien y changer. Il espérait juste ne pas devoir payer les pots cassés. Lorsque Su Hee arriva à sa hauteur, Dong Soo lui « permit » de retire sa main de la poignée, celle-ci retombant mollement contre sa cuisse. Sans accorder un regard à Su Hee, ou du moins, au visage de Su Hee, Dong Soo leva les yeux vers cette fameuse et nouvelle pièce, donnant lieu à une exclamation de stupeur venant de sa part. Du turquoise. Beaucoup de turquoise. Du yunikonisme aigüe oui ! Quand il se posait des questions sur le pourquoi du comment, voilà qu’on décidait de leur mettre une chambre aux couleurs des yunikon … Dong Soo en aurait presque rit. Enfin, bien entendu, il n’avait rien contre les yunikon. Contrairement à certains élèves, le yongwang ne s’incommodait pas lorsqu’une pièce, un lieu, n’était pas aux couleurs de sa maison. Même du rouge ineo ! Dong Soo aimait tout le monde. Il était bien d’accord que beaucoup de personnes exécrables se trouvaient chez les rouges, mais qu’importe. Il y avait des cons de partout de toute manière. Néanmoins, lorsqu’il fit plusieurs pas dans la chambre, quelque chose attira son attention. L’irrita, même ; d’autant plus qu’il pouvait sentir sans trop de mal le regard de Su Hee sur lui. A vue de nez, celui-ci s’était sans aucun doute assis sur le lit, mais le jaune ne cacha pas son étonnement lorsque déjà, la voix du dé s’éleva.

…. GENIAL. Et maintenant, il devait se retrouver à poil ? Bon, pas à poil mais, à demi-nu quand même quoi. Dong Soo émit un long soupir exaspéré, cherchant peut-être à se donner une contenance, après tous les doutes qui l’avaient assailli. Mais malgré l’ampleur de ce que le dé venait de demander à Su Hee, Dong Soo revint à ses inquiétudes initiales. Cette chambre lui disait vaguement … BEAUCOUP quelque chose. Normal : il avait devant lui sa chambre. Un peu trop saucée yunikon mais, sa chambre quand même. Le jaune était vraiment surpris. Tout y était. Le lit, les meubles, les p’tits bidules. Il s’approcha des photos pour voir, et grimaça en constatant qu’il possédait exactement les mêmes : sa mère, ses frères et sœur, son père, ses amis … Su Hee. Dieu merci, le yunikon n’était pas du genre à fouiller partout et n’importe comment. Ainsi, Dong Soo était sûr et certain qu’au grand jamais, il ne saurait tous les secrets que recèle sa chambre sur lui, sa vie, ses secrets. Il avança encore, (re)découvrant sa chambre, qu’il avait quitté il n’y avait pas si longtemps, pendant la période des fêtes. Il préféra d’ailleurs balayer cette esquisse de pensée de son esprit, cette époque ne lui rappelant pas que de joyeux souvenirs. Son regard s’attarda sur son alliance, qu’il fixa avec une colère non feinte. Il se reprit cependant très vite, se demandant si Su Hee avait vu cette altération d’humeur, avant de regarder une porte, qui menait normalement à sa salle de bain. Dong Soo ne s’en approcha pas, se doutant que cette fois-ci, elle ferait guise de passe vers la prochaine salle. Il finit par se détourner de tout cela, pour se diriger vers le lit. SON lit. Au départ, Dong Soo aurait voulu lancer un avertissement à Su Hee. Mais, à moins qu’il ne la critique, le jaune ne voulait pas lui dire qu’ils se trouvaient dans une pâle copie de ce qui s’avérait être sa chambre. De toute façon, ça n’allait pas apporter grand-chose à l’existence de Su Hee, non ? Dong Soo s’assit sur le lit, sans avoir encore posé les yeux sur son camarade, et fut encore surpris d’y retrouver encore la même sensation que sur le sien. Juste pour voir, il se laissa tomber en arrière, testant la douceur des oreilles, et soupira d’aise en constatant encore une fois que c’était « tout pareil ». Malheureusement, il ne laissa pas ce petit « retour à la maison » s’éterniser. Il se redressa, beaucoup plus vif que dans la salle précédente, et se décida enfin de regarder Su Hee. Enfin, de regarder les cheveux de Su Hee si on veut. Le yongwang resplendissant de courage n’osait même plus fixer Su Hee dans les yeux, de peur d’être épris d’une gêne qu’il ne désirait pas ressentir – tant est si bien qu’il la ressentait déjà -.

« Bon, on va faire ça vite. Je n’ai pas envie de perdre de temps, après tout le patacaisse que j’ai fait tout à l’heure. Si tu veux bien, je te laisse disposer de mon corps. » Dong Soo leva les yeux au ciel, avant de se crisper l’espace de quelques secondes. Sa phrase était peut-être un peu louche … Non ? « Euh … De ce que tu dois m’enlever hein. » Il resta silencieux un instant, avant de lever sa main puis de la laisser retomber sur sa cuisse. « Bon, t’as compris quoi. »

Su Hee n’eut aucune réaction en entendant la terrible sentence des dés. La bouche légèrement ouverte, les yeux lourdement fixés sur ces petits cubes colorés accrochés dans les plis du duvet, il ne savait pas quoi faire. Cette fois, ça ne faisait pas rire Dong Soo, visiblement. Peut-être s’était-il habitué à tout ce charabia ou avait-il décidé d’être un peu plus mature, ce qui, dans les deux cas, bénéficierait entièrement au plus jeune. Ledit plus jeune ne bougea pas d’un millimètre pendant une ou deux minutes qui lui semblèrent passer comme une éternité. Non, non, il ne voulait pas avoir à faire ça. Ce n’était pas vraiment la perspective de déshabiller Dong Soo le problème - après tout, il aurait pu faire ça vite fait bien fait en une seconde - mais justement, la règle présente qui stipulait qu’il devait bien prendre une vingtaine de secondes pour cet acte le gênait. Vingt secondes. Comme ça, ça ne devait certainement pas prendre long mais encore fallait-il trouver quoi faire de ces si longues secondes qu’il n’allait certainement pas pouvoir combler en le dévêtant au ralenti. Franchement, il n’était pas stupide; il avait bien compris que la chose allait devoir être sensuelle et il n’avait aucune idée de la manière dont il allait devoir s’y prendre exactement. Il n'avait pas envie de faire ça, aussi, ce qui avait le don de le démotiver encore plus. En silence, le petit observa Dong Soo qui naviguait dans la pièce, l'examinant attentivement, et profita de ce moment d'égarement de la part du jaune pour la détailler à son tour. Ce n'était plus la même chose, alors que les deux pièces précédentes avaient regorgé d'une simplicité omniprésente tout en faisant ressortir la perversion de ce jeu, celle-ci n'avait rien de commun. On se serait crû dans une chambre d'étudiant, au vu de toutes les photos punaisées au mur et aux bibelots inutiles et étranges dispersés un peu partout. Alors que la chambre que Su Hee avait chez ses parents était des plus simplifiée voire presque froide, celle dans laquelle ils se trouvaient en cet instant-même était pour ainsi dire, son opposé. Mise à part le turquoise, envahissant dans chacune ses pièces de sa maison. Il n'avait pas souhaité lui-même voir les murs de sa propre chambre recouverts de cette couleur, mais n'avait pas non plus cherché à les couvrir d'une autre. Après tout, cela faisait tellement plaisir à ses parents d'exhiber leur sang, si ça leur faisait tant plaisir, il ne pouvait rien y redire.

Dong Soo revint vers lui et s'allongea sur le lit, chose que le jeune homme préféra ne pas faire, s'écartant même un peu de lui, cherchant par quel moyen il pouvait lui dire qu'il ne désirait pas exécuter les souhaits du dé. Il était bien trop embarrassé pour ça, toucher encore une fois le dragon ne lui ramènerait rien de bon. Rien du tout, pas même la satisfaction d'avoir touché et choyé un si beau cor... NON. Non. Dong Soo n'était pas attirant. Hm. Il tourna les yeux vers lui, profitant du fait qu'il n'ait pas encore quitté le plafond des yeux, et balaya du regard cette personne trop encombrante. Cheveux blonds. Sans doute devaient-ils être doux, parfumés, aussi fin que ceux d'une fille. Un visage espiègle, vif, au regard certes un peu perdu mais qui, si on l'arrangeait un peu, devait certainement pouvoir se métamorphoser en un nouveau bien plus séduisant. Des lèvres, roses, pulpeuses, tendres, qu'il avait déjà eu l'occasion de goûter mais dont il était sûr de ne pas vouloir récidiver son acte. Plus ou moins. Dong Soo avait la peau douce, aussi. Il le savait bien évidemment pour lui avoir sauté dessus en ayant trop bu et pour l'avoir palpée sans retenue, une peau qu'il se souvenait encore avoir voulu dévorer par le passé. À cette pensée, il frotta vigoureusement sa paume contre son genou, la désagréable sensation qu'il pouvait encore en sentir la texture sur le bout de ses doigts. Décidément, il ne pouvait pas le toucher à nouveau sans que ces idées louches ne lui frôlent l'esprit. Mais ce n'était même pas le pire ! Il y avait toujours cette chaleur étouffante au creux de ses reins, pressante, qui remontait lentement le long de son échine pour venir lui caresser la nuque, aussi douce qu'un baiser. Non, non, il ne pouvait pas - que dis-je ! - ne devait pas toucher son compagnon une nouvelle fois. Pas besoin d'être un premier de classe pour comprendre que par un stratagème encore inconnu à ses yeux mais dont il était déterminé à capter la cause, Dong Soo lui faisait de l'effet.

Quand son hyung se redressa enfin, il détourna vivement les yeux pour l'écouter lui demander de faire les choses vites. Su Hee ne vit même pas le sens louche dans ses paroles, trop occupé à se glisser discrètement de l'autre côté du matelas jusqu'à parvenir au bout de lit. Il passa discrètement ses jambes sur le sol et se remit debout, cherchant automatiquement à se tenir le plus loin possible de Dong Soo. Il alla du côté du bureau sans un mot, bureau sur lequel il décida de s'assoir. Avec un bref sourire nerveux, Su Hee prit une petite inspiration et retourna un regard embarrassé à son... partenaire d'infortune. « Je ne le ferai pas » dit-il faiblement en gigotant sur la petite table, croisant du plus calmement qu'il le pouvait une jambe sur la seconde. En toute honnêteté, il ne savait pas de quelle manière allait bien réagir Dong Soo. Dans le fond, il souhaitait dur comme fer qu'il ne lui demanderait pas le pourquoi du comment mais était bien conscient de rêver à de la neige au mois de juillet. Il ne pouvait tout bonnement pas lui faire la confidence comme quoi il avait ressentit des choses quand il lui avait embrassé le corps ! Non seulement il risquait de se foutre royalement de sa gueule, mais en plus Su Hee trouvait ça particulièrement gênant d'avoir à dire un truc pareil. « je... je peux pas le faire. » il était très sérieux, la mine totalement décomposée. Il avait beau savoir que la chose ne passerait pas simplement auprès du yongwang, il n'avait pas su quoi dire d'autre pour se tirer d'affaire - ou du moins, essayer.

Désespérément immobile, Dong Soo fixait Su Hee, l’air hagard. Oh, ses bonnes résolutions n’avaient pas fondu comme neige au soleil, loin de là. Au contraire ; il était absolument déterminé : en finir avec toute cette histoire était son nouvel idéal. En temps normal, le yongwang était loin de faire face à ce genre de situation. En même temps, cette situation était assez exceptionnelle dans son genre … Ce n’était pas tous les jours qu’il se retrouvait enfermé dans un emboîtement de pièces plus étonnantes les unes que les autres, ou, pour être plus sincère, assez embarrassantes. Et puis, à dire vrai, il n’avait jamais désiré cela. Avec Su Hee en plus. Une chose était sûre : le mois qui allait suivre, Dong Soo n’allait certainement plus du tout coller les basques du yunikon. Enfin … C’était vite dit. Le jaune se connaissait parfaitement bien. Il savait que, malgré tout son bon vouloir, il n’arriverait jamais à s’éloigner de son cadet très longtemps. Comment cela avait-il commencé déjà ? Au départ, ce n’était qu’une espèce de curiosité qui n’en était pas vraiment une. Dong Soo s’était demandé quelle genre de personne pouvait être celui qui, bien que malencontreusement, avait eu un aperçu de ses craintes, des doutes qui pouvaient l’assaillir, lui, Dong Soo. Peut-être se leurrait-il, mais Dong Soo avait toujours vu en Su Hee un garçon seul qui, malgré les grands airs qu’il se donnait, n’avait pas fini de grandir. Pour le jaune, il lui restait encore un nombre incalculable de choses à découvrir, qu’il ne serait certainement pas en mesure de connaître, terré dans son isolement. Et il avait remarqué aussi, ces tendances que certains avaient de le confondre avec une fille. Il fallait être franc : Dong Soo avait ressenti de la peine pour lui. Sans doute avait-il exprimé son désir d’une façon maladroite et injustifiée mais, depuis, il s’était senti épris du désir d’être « de son côté ». De le protéger, involontairement. Plus comme le ferait un frère pour son petit frère, ou comme un père le ferait pour son fils. Ou, plus simplement, Dong Soo avait ce qu’un ami sincère aurait fait pour lui, à ses yeux. Alors oui, le jaune ne pouvait pas cacher qu’il ne se sentait pas blessé lorsque ce petit d’homme lui « recrachait » à la figure son amitié. Enfin. Qu’il lui disait simplement qu’il ne ressentait pas les mêmes sentiments que lui pouvait ressentir à son égard. Dong Soo mentirait s’il disait ne pas lui en avoir voulu. Il mentirait. Mais pourtant, il restait là, encore à lui parler. A s’accrocher à lui comme une huitre à son rocher. A s’accrocher à lui alors qu’au final, celui qui avait plus à perdre là-dedans, c’était Su Hee. Même s’il prétendait le contraire, le yunikon n’était pour Dong Soo qu’un ami parmi tant d’autres. Qu’un garçon parmi la foule qui lui crépitait autour, sans cesse. C’était ce que Dong Soo aurait aimé penser, mais impossible. Car aussi blessé qu’il pouvait être parfois, il aimait beaucoup Su Hee. Trop, peut-être. Mais même en creusant profondément, aucune explication n’était suffisante pour justifier son affection.

Malgré les pensées qui lui assaillaient l’esprit, Dong Soo soupira pour la énième fois. Il se passa une main sur le visage, las. Dans la prochaine salle, ce serait donc encore à lui de défaillir ? Ce petit jeu du je veux / je veux pas n’avait que trop duré. Mais comment convaincre Su Hee ? Comment le persuader de faire ce qu’il avait à faire ? Vingt secondes, ce n’était pas la mer à boire non ? Dixit celui qui, quelques minutes auparavant, était mort de trouille. Il regarda Su Hee, du lit, et tiqua. Le voir assis sur cette table, là, comme ça … Non, ça ne lui donnait aucune idée mal placée. Il ne se sentait pas le désir de l’étreindre et de lui faire l’amour comme un sauvage. En fait, ça lui rappelait juste … Des souvenirs. Des souvenirs qu’il aurait préféré oublier. N’oublions pas que nous nous trouvions dans un duplicata presque parfait de la chambre de Dong Soo, quelques couleurs près. Et en bon garçon à la fleur de l’âge – enfin – il avait eut la chanced’avoir une sexualité plus ou moins remplie, dans la limite du raisonnable bien sûr – il n’en était pas encore au stade de courir après les MST en tout genre en courant à gauche et à droite, soir après soir -. Ainsi, il n’était pas anormal de le voir se remémorer quelques ébats endiablés qu’il avait eut l’opportunité de vivre dans sa courte existence. Dong Soo plissa imperceptiblement les yeux, avant de se rapprocher de Su Hee, lentement, presque comme s’il s’agissait d’un animal dangereux. Il se posta devant lui, l’air solennel. L’envie de le regarder dans les yeux ne lui avait pas encore traversé l’esprit, pourtant il se doutait qu’il devrait bien le faire à nouveau, un jour. Ne serait-ce que pour le convaincre de les sortir de là, tous les deux. Il posa ses mains sur les rebords de la table, de parts et d’autres de Su Hee, et se décida enfin à ancrer son regard dans le sien. Cherchant à éviter toute possibilité de fuite chez Su Hee, il lui saisit le menton, assez fort pour qu’il ne se détourne pas, mais pas trop, pour ne pas lui faire mal.

« Tu te moques de moi là, c’est cela n’est-ce pas ? Autrement, je ne suis pas en mesure de comprendre ce qui te passe par la tête. Et, en fait, je ne veux même pas savoir. Parce que, franchement, qu’est-ce que tu veux que je te dise à part ça ? Y’a même pas dix minutes, tu étais celui qui tentait de me convaincre. Et voilà que tu retournes ta veste face à tous tes beaux discours ? Faut arrêter quoi. Tu crois vraiment qu’on va rester là, à passer notre vie ensemble, ici ? Déjà, je me vois mal enfermé entre quatre murs pour le restant de mes jours, mais en plus en tête à tête avec toi ? Non non …. On va se tuer, crois-moi. » Dong Soo lâcha le menton de Su Hee, jugeant qu’assez de temps était passé pour qu’il n’essaye pas de se faire la malle. De toute manière, ce n’était pas comme s’il pouvait aller très loin … « Et à la longue, tu crois que ma libido ne se réveillera pas ? Ce qui risque d’arriver maintenant sera sans l’ombre d’un doute beaucoup moins terrible que ce qui nous attend si on s’éternise. Tout repose sur toi, Su Hee. Si tu veux de la considération, ça commence ici hein ! Tu m’as dit d’aller retrouver mes couilles, mais toi, tu ferais mieux d’aller en acheter. »

Dong Soo était vraiment nul à ça. C’était le genre à te prendre par le bras et te foutre dans son caca plutôt que de passer par A et Z pour te pousser à y aller. Sur le coup, ça pouvait être bien, mais là … Et puis, à par retourner son argumentation contre lui, il ne voyait pas vraiment ce qu’il pouvait faire de mieux. Ce dilemme intérieur, seul Su Hee pouvait choisir de le résoudre. Je sais plus qui l’a dit, mais il paraît qu’on a toujours le choix … C’est vrai ça ?

Malheureusement pour eux deux, Su Hee était très sérieux sur ce qu’il avançait; il ne voulait, ou plutôt, il refusait catégoriquement de continuer ce petit jeu pervers qui allait déjà beaucoup trop loin. Quitte à faire exploser les murs et leurs propres têtes avec, le jeune était déterminé à ne pas céder. Car céder, dans son cas, serait évidemment reconnaître que Dong Soo lui faisait quelque chose, détail qu’il se refusait encore fermement à admettre, convaincu qu’il n’y avait là qu’un effet secondaire désagréable d’un manque de sexe trop conséquent. Au final, il rejetait toujours la faute sur quelque chose d’autre. La première fois, le déréglage provenait de l’alcool qu’il avait eu la mauvaise idée d’ingurgiter, et cette présente seconde ne venait de rien de moins que de quelques pulsions primaires non-assouvies depuis on ne sait combien de temps ! Effectivement, le yunikon ne parvenait pas encore à admettre les choses comme elles l’étaient, ce qui se serait probablement montré comme plus simple pour eux deux. Toujours est-il qu’il ne comptait pas accepter la requête de dés, tout en mettant pieds à terre et en allant se percher sur le bureau, endroit très éloigné du jaune afin de ne pas risquer de se faire agresser suite à ses paroles peu encourageantes pour la suite de leur existence. Tout au plus, Soo pourrait lui envoyer un coussin en pleine tête, mais ce ne serait certainement pas pire que s’il s’approchait. Oh, merde. Justement, son compère venait de se lever prudemment du lit, s’avançant à présent dans sa direction comme s’il avait peur de lui. Des deux, celui qui craignait le plus quelque chose était sans nul doute le plus jeune, qui, par réflexe, se recula encore un peu sur la table en bois, n’osant pour l’instant pas en descendre dans le but de prendre les jambes à son cou. Dong Soo déposa ses mains de chaque côté de lui, ramenant par ce geste son visage à proximité du sien, et Su Hee dû presque loucher pour parvenir à le regarder un tant soit peu. Il ne voulait pas perdre son assurance face à lui, mais visiblement le mal était déjà fait, car il sentait ses joues se faire de feu tandis que sa gorge produisait un bruit de déglutition typique. S’il en avait été capable en ce moment-même, il l’aurait repoussé avec fermeté; mais voilà tout le problème, la chaleur au fond de son ventre était encore présente, agissant comme s’il était pétrifié par un sort. Les yeux gros comme des soucoupes, il lâcha une exclamation tout bonnement outrée lorsque Dong Soo empoigna son visage de ses doigts pour l’empêcher d’éviter de l’observer. Ils échangèrent un petit regard - à moitié apeuré pour Su qui flippait véritablement à l’idée qu’il ne comprenne ses petits soucis - puis Dong Soo décida enfin de parler, sur un ton qui paraissait des plus agacés.

Certes, il était parfaitement conscient de bafouer les paroles qu’il avait lui-même prononcées un peu plus tôt, mais comme s’il pouvait prévoir que recevoir les lèvres du jaune sur sa peau déclencherait tout ça dans son esprit ? Sauf que ça, il ne pouvait naturellement pas se permettre le lui dire, le laissant continuer sa tirade sans l’interrompre bien que l’idée l’eût chaudement parcourue plusieurs fois. Le Park avait raison, tout deux cloîtrés dans cette pièce, ils allaient forcement finir par s’entretuer durant leur sommeil. Ou de se sauter dessus comme des bêtes. Néanmoins, même ces visions peu reluisantes d’un avenir éventuellement proche s’il ne décidait pas d’agir correctement ne l’aidèrent pas à se sentir plus à l’aise, la suite de son sermon non plus alors qu’il lui lâchait enfin le menton. Beaucoup moins terrible ? Il se fichait de sa gueule, ou quoi ? S’il le déshabillait maintenant, cette sensation qui commençait enfin à s’évaporer allait revenir le torturer, Su Hee allait se retrouver dans une position embarrassante et même si Dong Soo faisait preuve d’un peu de maturité pour une fois, ce n’était certainement pas pour leur avantage à tout les deux qu’il ne soit à nouveau parcouru de ces décharges chaudes, agréables. Comme si quelque chose courait précipitamment en lui, remontant de son ventre à sa poitrine pour mourir juste avant sa gorge dans une explosion de fourmillements atrocement doux. Décidément, ils ne devaient pas. Mais ils ne pouvaient pas non plus rester indéfiniment dans cette pièce malsaine, jusqu’à ce que mort s’en suive. Dilemme. Su Hee l’observa quelques seconde en se massant les joues, les lèvres pincées dans une mine tellement sérieuse qu’il avait l’air d’être en plein examen. Et quel examen des plus complexes; il avait le choix entre ne pas bouger d’un poil et passer le restant probable de sa vie en la compagnie d’un fou furieux doublé d’un incapable, ou de jouer le jeu au risque de se sentir bien. Mais bon Dieu, au final, où était donc le problème ? N’importe quel autre garçon aurait sauté sur l’occasion. N’importe lequel, oui, sauf Nahm Su Hee précisément.

Constatant de sa proximité encore trop accentuée à son goût, le petit lui donna un coup de genou dans l’entrejambe pour le faire reculer, puis se remit soigneusement debout. Que dire et surtout, que faire ? Il avait l’impression d’entendre trois voix dans sa tête, celle pour la suite du jeu, celle contre ainsi que la sienne, perdue entre les deux et luttant pour se faire entendre. Mais il n’avait rien à dire puisqu’il n’arrivait pas lui-même à trancher. Était-ce foncièrement mal de toucher Dong Soo une nouvelle fois ? Évidemment, se disait-il, mais pas pour les bonnes raisons. Dong Soo resterait indéfiniment Dong Soo, rien d’autre, alors pourquoi se tracasser sur des sujets assez évidents ? Il ne se passerait strictement rien entre eux. Hein. « Je ne suis pas sûr que ce qui peut se passer dans l’immédiat soit innofensif » avoua-t-il avec prudence « dis-toi que j’ai de très bonnes raisons pour ne pas vouloir faire tout ça. Néanmoins, j’admets qu’il serait idiot de renoncer à mes propres paroles de la sorte… donc je vais le faire. Enfin. Je vais essayer. Et. Sérieusement. Ne me touche plus, ne serait-ce que d’un seul doigt. Ça… ça vaudrait mieux. Pour toi aussi, okay ? » plus ou moins satisfait de son rattrapage, il poussa rapidement le dragon jusqu’au lit, le laissant s’y assoir sans un mot. Une main sur le front et les sourcils froncés, il réfléchit un instant. Il lui fallait tout de même un moyen peu gênant de faire ça, quelque chose qui n’éveillerait rien ni chez lui ni chez l’autre et qui passerait comme une lettre à la poste. Du moins il l’espérait sincèrement, parce que sinon il était tout bon pour aller se pendre ou se donner en pâté aux sirènes du lac. Délicat, lent, il grimpa sur le matelas juste à côté de lui, s’appuya sur ses épaules pour pivoter sur place, avant de s’installer dans son dos, totalement hésitant et déjà troublé au possible. Il resta là, à genoux derrière lui, immobile, durant quelques secondes, peut-être une minute, avant de soupirer à moitié dans sa nuque. Su Hee ne comptait tout de même pas mêler ses lèvres à cette affaire, bon sang ! Non non, tout ceci se passerait de derrière, ainsi ils ne risquaient pas de se voir, il n’allait ni se faire frapper de mécontentement ni toucher de quelle que manière que ce soit et la chose resterait plus ou moins décente, ou du moins, peu extravagante.

« Un seul commentaire. Un seul. Et je te promets que j’arrête tout, tu te débrouilleras pour sortir d’ici. » murmura-t-il contre son oreille, ses paumes glissant du haut de sa colonne vertébrale jusqu’à sa taille. Merde. Il a avait cédé.

L’expression « quelle chienne de vie », Dong Soo la voyait son un nouveau jour. Optimiste dans l’âme, il rêvait en rose, bleu, orange, jaune. Arc-en-ciel. A ses yeux, rien ni personne ne pouvait le froisser. Il supportait très bien les aléas de sa pauvre existence, et ne craignait aucunes représailles. Pour cette raison, montrer ses fesses à une classe entière, ou affronter une horde de sirènes, pour lui, c’était du gâteau tout ça. Mais plus il passait du temps avec Su Hee, plus ses principes étaient remis en cause. Le jaune ne cherchait même plus à se trouver des excuses pitoyables, ou pour être plus juste, inutiles. A quoi bon de toute manière ? C’était le destin. Il n’aurait jamais dû se disputer avec le yunikon. Ainsi, il n’aurait pas été contraint d’aller chez lui pour Noël. Ou plutôt, sans cette dispute, Su Hee n’aurait peut-être pas cherché à le voir, et donc, ils ne se seraient jamais retrouvés ensemble entre quatre murs, éméchés. Ils n’auraient pas échangé un baiser. Un baiser qui, il devait l’avouer, l’avait ému, et surtout marqué. Malgré toute l’étrangeté du moment, il n’avait pas encore oublié la sensation des lèvres de Su Hee sur les siennes, il n’avait pas encore oublié ce rayon de lune qui traversait la fenêtre de sa chambre. Tout était ancré dans son esprit, et ne semblait pas décidé à s’en aller. Après tout, Su Hee s’était bien affairer à tout lui remettre en mémoire, durant cet autre baiser que Dong Soo était certain de ne pas oublier non plus, ou du moins, pas avant un long et bon moment. On avait souvent traité le yongwang d’esprit farceur, à cause du nombre incalculables de bêtises et farces qu’il avait commis jusque là. Mais, tout compte fait, le véritable démon ici, ce n’était pas lui, mais Su Hee. Caché derrière un visage d’ange et une carrure menue, un être démoniaque qui raffolait de tourmenter les pauvres êtres humains sans défenses. En pauvre victime, Dong Soo s’était laissé atteindre par ses griffes acérées. Mais bon, il aimait ça Dong Soo, dramatiser les choses. Tirer des conclusions hâtives. Ce trait de caractère lui permit encore de porter un jugement faux sur Su Hee, et ces rougeurs qui envahissaient ses pauvres joues. Enfin. Puisqu’il était stupide, il pensa que le yunikon avait trop chaud, ce qui, au final, n’était pas si idiot et loin de la vérité.

Mais Dong Soo n’était pas convaincu par son discours, plus ou moins bancal. Il priait tous les saints pour que Su Hee gobe son histoire, ou du moins, qu’il consente simplement à exécuter son gage. Il était plus apte à convaincre les gens par le geste que par la parole ; il était beaucoup trop maladroit pour réussir un tel exploit. Sa gorge était sèche et lui faisait mal. Il se sentait, encore une fois, totalement impuissant. Il avait l’impression de ne servir à rien du tout, si ce n’est qu’il ne jugeait pas utile de descendre plus bas que Terre Su Hee. Car s’il y avait bien une chose qu’il avait compris, c’était qu’il n’aurait pas Su Hee avec ce « genre » de parler. Et ce n’était pas son genre de toute manière, de manquer de respect comme ça à ses amis. Mine de rien, Dong Soo gardait encore certaines manières typiquement asiatiques, et ne se posait pas comme un véritable marginal dans son cadre de vie. Il était certes un peu fou fou dans sa tête, mais au moins, il savait faire preuve de respect. Bien que cela soit assez étonnant, mine de rien. Dong Soo fixait Su Hee, admirant les variations d’expressions traversant son visage. Su Hee était un film à lui seul, avec toutes ses mimiques plus mignonnes les unes que les autres. Parfois, Dong Soo avait l’impression d’avoir un lui un petit animal en pleine croissance, cherchant encore à découvrir le monde tout en faisant l’adulte. Su Hee était un spécimen rare. Et malgré tout son manque d’intérêt pour la chose, la petite bête allait devoir faire l’effort d’y mettre du sien, et de prendre son courage à deux mains. Il ne lui demandait pas de devenir un yongwang de substitution, juste de laisser couler les événements, sans chercher à les influencer.

Dong Soo s’offusqua suite au coup dans ses parties génitales, et par un automatisme purement masculin, il déposa ses mains par-dessus son pantalon, créant une carapace protectrice et salvatrice sur son pauvre matricule. Il n’avait vraiment, vraiment pas de chance. Pourtant, il se redressa bien vite, la douleur n’étant finalement pas si insupportable que ça. « Plus de peur que de mal », comme dirait l’autre. Il écouta Su Hee, avant d’arquer un sourcil, l’air dubitatif. De bonnes raisons ? Et bien. S’il pouvait lui exposer des raisons plus fortes que le besoin vital de s’en aller d’ici, et bien qu’il les lui expose sur le champ ! Dong Soo se voyait soudainement fortement intéressé, mais n’osa poser aucune question. Assis sur le lit, il suivit les faits et gestes de Su Hee, se demandant ce qu’il allait bien pouvoir faire. Au moins, il avait accepté, c’était déjà ça de gagné. Son cœur s’emballa un peu lorsque le yunikon disparut de son champ de vision, caché derrière son dos. Certain qu’il ne pouvait plus voir son visage, Dong Soo baissa légèrement la tête, affichant une mine emplie de doutes. Il rosit quelque peu, lorsqu’une pensée étrange lui traversa l’esprit, et ce de manière inopinée et involontaire. Dans l’incapacité de voir son camarade, le yongwang s’imaginait bien à la place de toutes ces personnes fétichistes, qui bandaient les yeux de leurs amants pour rendre les choses un peu plus pimentées. Avec un Su Hee « invisible », il n’était plus en mesure de prévoir imperceptiblement ses maisons, pour ainsi se contrôler, ne serait-ce qu’un minimum. Un frisson lui parcourut l’échine, alors que le souffle du yunikon se perdait dans sa nuque. Une sensation légère, douce, et pas si désagréable que ça. Son murmure lui arracha un autre frisson, plus visible cette fois-ci. Il trembla, mais ne tarda pas à se reprendre. Son cœur s’emballa un peu plus, mais hors de question de dire quoique ce soit. Un simple « non » s’échappa de ses lèvres, en un souffle. Il gardait un certain ton, comme s’ils étaient tous les deux dans la confidence. Comme s’ils partageaient un secret qu’ils désiraient garder des autres. Comme s’il l’aimait. Dong Soo baissa les yeux. Il avait déjà perdu.

Mon Dieu.
Su Hee n’osait tout simplement pas le toucher. Il avait ôté ses mains de son corps, les entortillant nerveusement l’une dans l’autre, aussi rouge que s’il avait passé dix minutes à proximité d’un four. Cette position, qui lui avait parue comme tout à fait respectable et raisonnable, lui exhibait à présent tous ses désavantages, qui bouffaient tous ses avantages en un rien de temps. Il n’y avait pas à dire, il ne voulait vraiment pas avoir à faire ça, il ne désirait ni reposer ses petites paumes contre lui, ni même avoir à lui parler ou à le regarder; il voulait seulement sortir d’ici, même si pour ça ils devaient briser des murs. Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt, d’ailleurs ? Peut-être qu’avec quelques sorts assez puissants dont il avait le secret, ils auraient pu faire un trou quelque part, d’assez gros pour leur permettre de s’enfuir. Hm. C’était totalement tiré par les cheveux, surtout si on prenait en considération le fait que cet endroit était forcément enchanté pour empêcher les élèves timides de s’enfuir. Enfoiré de directeur, il allait en voir de toutes les couleurs, ce type, la torture, le meurtre... Su Hee prit une profonde inspiration, tentant désespérément de calmer les battements de son cœur qui s’étaient accélérés, ainsi que cette chaleur qui se propageait partout en lui, comme s’il avait des papillons dans le ventre et la poitrine. C’était agréable mais trop intense pour sa petite personne, le petit homme avait comme l’impression d’avoir quelque chose… d’enfoui en lui, cherchant obstinément la sortie. Non. Non, décidemment, tout ça ne présageait rien qui vaille, il ne pouvait pas faire une chose pareille. Pourtant, il comprenait lentement qu’il en avait visiblement envie. Envie et pas envie à la fois. Gaah. Ce que c’était compliqué tout ça. Toujours ces petites voix qui se disputaient dans son esprit, l’une qui scandait « vas-y, tu n’attends que ça, sentir sa peau sous tes doigts, entendre son souffle trembler, presser tes lèves contre les tiennes ! » - d’ailleurs, prendre conscience qu’il pensait ça en ce moment-même fut un coup dur pour lui et son estime personnelle - et la seconde, tout aussi forte et douloureuse « ne le fais pas, de toutes façons c’est Dong Soo, un idiot, qui ne comprend rien ! Tu veux sortir, toi aussi, non ? Tu serais prêt à abandonner ta fierté juste pour tester ? ». La licorne était tellement déstabilisée par toute cette propagande qui se passait dans sa tête sans même que l’autre ne puisse en savoir quoi que ce soit qu’il se passa plusieurs minutes avant qu’il ne parvienne à reprendre le dessus. Il devait le faire pour sortir, voilà tout. Il n’avait pas le choix, et ce n’était absolument pas le dragon qui le faisait se sentir pareillement; il avait juste un coup de chaud, peut-être était-il même malade. Dans le fond, il était bien conscient que la réalité n’avait strictement rien à voir avec ça, mais comment se l’accepter ? Comment interpréter la chose ? Éprouvait-il du désir à l’égard de Dong Soo ? Hm. C’était la solution la plus plausible, mais ça ne lui était encore jamais arrivé auparavant d’avoir ce genre de pensées envers lui, pourquoi maintenant, hein ? Rien n’avait changé entre eux. Comment pouvait-il vouloir Dong Soo.

Avant que l’objet de ses tracas ne le ramène lui-même à l’ordre, Su Hee soupira soudainement, puis posa timidement ses mains sur les épaules de son hyung. Il resta ainsi durant une petite dizaine de secondes, tentant par tous les moyens possible de relativiser la chose; il pourrait toujours fermer les yeux, ça ne serait pas plus pire, non ? Après avoir envoyé ces débats intérieurs persistants balader, il se décida à agir, enfin. Avec précaution, il écarta les cuisses, s’avança contre Dong Soo pour coller sa poitrine à son dos. Mon Dieu, mon Dieu. Cette nouvelle proximité lui donna l’impression de s’enflammer, de se consumer à tout petit feu. Le feu le plus doux qu’il soit. Ne pas y penser, Su Hee, tu ne dois pas y penser. Il fit cet effort, gêné, avant de respirer un peu plus fort une nouvelle fois, marquant son hésitation évidente. Néanmoins, il souhaitait faire ça bien. Ses mains retombèrent encore au niveau du bas de son dos, puis il enserra légèrement sa taille, ses paumes se rejoignant sur son estomac, juste au centre. Su Hee ferma les yeux, avant d’enfouir sans même s’en rendre compte son visage dans le cou de Dong Soo, s’y réfugiant comme dans une cachette protectrice, chaude. Son travail commença alors. Au début, il ne savait pas trop comment combler ces vingt secondes, mais finalement, l’acte en lui-même lui parut beaucoup plus simple une fois lancé, déterminé. Ses gestes contenaient un certain respect, sans doute parce qu’il craignait d’être découvert là, les joues rouges, confus, mais il ne prit pas trop son temps non plus; ses doigts glissèrent délicatement sous le pull du jaune, se déposant sur son ventre. Un ventre plat, lisse, ferme, qu’il prit presque - non, il prit carrément - plaisir à parcourir par de légers effleurements, traçant de petits cercles autour de son nombril, s’en éloignant de plus en plus, jusqu’à toucher ses côtes. Lui-même soupira contre le cou du blond, resserrant l’espace d’un petit instant ses bras autour de lui, comme un câlin, une étreinte. Mais il eut bien vite fait de se reprendre; il remonta lentement ses paumes taquines sur sa poitrine, emportant avec elles le bas de son vêtement qui se retroussa d’un son qui lui parut lointain. C’était encore pire qu’il l’avait imaginé; il se sentait bien, il ne parvenait presque plus à contrôler ses mouvements. Dong Soo portait sur lui un parfum enivrant, il restait docile, ne bougeait pas d’un centimètre - par peur, sans doute, ou par crispation - ce qui contribuait encore plus à son confort. Peut-être aurait-il pu rester dans cette position indéfiniment s’il n’avait pas conservé un minimum de raison. Mieux valait ne plus trop s’attarder, les vingt secondes avaient largement été dépassées et il ne voulait pas passer pour un idiot. Lentement, car il souhaitait surtout garder son rythme si parfait, il lui caressa furtivement le torse avant de tirer son pull vers le haut, se décollant de lui afin de le passer par-dessus sa tête, frôlant délicatement ses bras au passage du vêtement sur ceux-ci. Lorsqu’enfin il sentit l’étoffe de tissu entièrement entre ses mains, il n’osa pas bouger, restant interdit. Que devait-il faire, maintenant ? Parler, se mouvoir ? Sans trop réfléchir, il se laissa tomber en arrière en lâchant un soupir mi-frustré mi-soulagé. Quelque chose lui posait problème, comme toujours. Il aurait put continuer comme ça durant longtemps, ce petit jeu avait finit par lui plaire. Hm. Heureusement qu’il en avait fini avec cette connerie, il était tellement confus qu’il était mieux pour chacun d’eux qu’il ne le soit pas plus. Les yeux fermés, étendu sur le lit, bras écartés, le haut de Dong Soo dans une main, l’autre serrée sur le draps, il attendait la sentence. Allait-il faire un commentaire, l’engueuler, se foutre de lui ? Il n’y avait pourtant pas de quoi, hein ? Il avait seulement fait ce qu’il lui demandait; exécuter son gage ! Avec peut-être - et je dis bien peut-être, peeuh - plus de passion que nécessaire, mais bon… puisqu’il n’avait pas été repoussé, cela signifiait bien qu’il n’avait pas dépassé la limite du raisonnable.

« Plus jamais ça, bordel. »

Ne rien voir et surtout n’avoir aucune idée en ce qui concernait les intentions de Su Hee … Cela représentait une véritable torture pour Dong Soo. Assis au bord du lit, il tentait par tous les moyens de garder son calme, ou du moins, de calmer les battements d’un cœur de plus en plus incontrôlable. L’adrénaline, c’est Dong Soo qui la recherchait, et non elle qui venait à lui d’une manière totalement inopinée et surtout non désirée. Son regard fixait un point indistinct en face de lui. Il ne ressentait pas d’excitation incommensurable, et pourtant, son regard était trouble, sa vue voilée comme pour un myope sans lunettes. Dong Soo était à des années lumières de penser que Su Hee avait favorisé cette position pour se faciliter la tâche. A ses yeux, cela n’avait été qu’un vil élan de sadisme, mû par une irrésistible envie de vengeance. Au premier abord, le yunikon ne semblait pas capable de faire de mal à une mouche, mais le jaune avait fini par penser qu’au final, il n’y avait rien d’impossible là-dedans. Les sangs-purs ont tous une part de mystère et de bizarrerie après tout … A ce moment même, Dong Soo désirait plus que tout prendre ses jambes à son cou. Cependant, pour une raison qui lui était inconnue, ces dernières ne semblaient plus en mesure d’exécuter les ordres envoyés par son cerveau, comme si quelques synapses s’étaient déconnectées de leurs neurones. Des picotements désagréables lui parcouraient les guibolles, tandis que son cerveau s’enfonçait dans une brume épaisse. Un mélange d’aise et d’inconfort prenait place au fond de son cœur comme si cet organe vital ne savait pas lui-même sur quel pied danser. Pour une fois, sa raison et son cœur semblaient d’accord : cette situation était tout bonnement incroyable et incompréhensible. Pourtant, lorsque l’une lui disait de mettre fin à tout cela avant d’en payer les pots cassés, l’autre était plus enclin à se laisser aller. Dans le doute, Dong Soo choisit d’attendre, les poings crispés. De toute manière, si cela le dérangeait trop, il avait encore la possibilité d’y mettre son veto, non ? Oui … Mais non. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait décemment pas faire ça. Encore, le yongwang savait pertinemment qu’hésiter ne lui servirait à rien dans la situation. Malheureusement, quand sa témérité était fortement sollicitée, celle-ci préférait aller s’amuser quelque part en orbite, aux alentours de Saturne, voire Jupiter. Encore une fois, Dong Soo était loin de savoir que Su Hee partageait les mêmes inquiétudes que lui, à quelques détails près. Ainsi, il ne perçut pas son hésitation lorsque ses petites mains se posèrent sur son épaule, avec une gêne qu’il n’était pas en mesure de sentir. Obnubilé par les déboires et les délires de son moi intérieur, il n’avait pas conscience de ce qu’il se passait dans son dos, plutôt concentré sur ce qui se passait contre lui. Un soupir s’échappa de ses lèvres alors qu’après une attente qui lui sembla durer des siècles, Su Hee se colla contre son dos. Une drôle de sensation emplit son être à ce moment-là. D’un côté, il y avait cette partie de lui qui se sentait merveilleusement bien. Celle qui appréciait l’instant présent et le contact de Su Hee. Il y en avait une autre, plus réticente, certaine qu’il aurait été mieux ailleurs … Néanmoins, aucune ne semblait vouloir dire non à cette chaleur qui grandissait au creux de son ventre pour monter jusqu’à la point de ses cheveux. S’il avait été moins embrumé, peut-être aurait-il regretté son autre soupir, échappé suite à un autre rapprochement de Su Hee. Sentir le souffle du yunikon contre son cou lui procurait un sentiment encore plus étrange, qu’il ne comprenait pas. Aussi loin que pouvait remonter sa mémoire, il ne se souvenait pas s’être autant senti « chez lui » en compagnie de Su Hee. Dans les bras de Su Hee. Le souffle bloqué dans la gorge, il laissait le plus jeune tout faire. Son ventre se contractait de plus en plus, les doigts du yunikon caressant son ventre de la manière la plus douce qui soit. Dong Soo craignait de se trahir. Il craignait de trahir ce plaisir – désir ? – qui s’emparait de lui en laissant échapper un son. Un son de trop. Pour ça, il était content de garder un certaine part de contrôle. Il n’aurait certainement pas supporté d’avoir abattu toutes ses barrières juste pour une étreinte. Une seule et unique étreinte. Que cela représentait-il dans une vie ? Rien, strictement rien. Vingt secondes, ce n’était même pas la moitié d’une minute. Alors pourquoi ces vingt secondes devaient-elles le chambouler autant ? Une boule se forma dans sa gorge. Aucun rapport avec des pleurs, des larmes. Il s’agissait juste d’une boule remplie d’émotions non calculées, involontaires. Une boule remplie d’incompréhension. Il frissonna une dernière fois lorsque son pull disparût entre les mains de Su Hee. Une dernière caresse pour le yunikon, un dernier soupir pour le yongwang. La tête baissée, Dong Soo venait de saisir que son visage était mortellement rouge, et qu’il ne saura pas comment se retourner vers Su Hee dans cet état. Il aurait dû prévoir un truc pareil. Depuis le temps, il s’était toujours su très sensible à ce niveau-là, comme si tout chez lui, jusque ses hormones, était obligé de réagir au quart de tour. Il inspira un grand coup avec de se donner plusieurs petites claques dans les joues. Tant qu’à faire, autant passer pour un timbré …. Ca ne l’enfoncerait pas plus bas qu’il ne l’était déjà après tout. Il sourit.

« Tu m’étonnes … Je crois pas que ça arrivera un jour. Encore, je veux dire. Qu’est-ce qui faut pas faire. M’enfin. ». Il se leva, doutant de la sureté de son équilibre après un tel choc sur ses nerfs, et jubila presque en remarquant qu’il était encore en mesure de faire un pas devant l’autre. Il se retourna subitement, révélant un torse nu à Su Hee. Un tatouage se perdait dans son pantalon, au niveau de son aine droite, caché derrière un boxer d’une marque moldue qui devait sans l’ombre d’un doute coûter la peau des fesses. Mieux : un barbell au téton et une banane au nombril. Il en cachait des choses, ce petit … « En fait, je dois avouer que … Que … Euh … Que … Hmm …. » Il fit volte-face, et se dirigea vers la porte. Il aurait très bien pu reprendre son pull, mais il craignait que la salle se fasse un petit trip et qu’elle les bloque, juste parce qu’il avait osé remettre le pull que Su Hee avait pris tant de temps pour retirer. La porte ouverte, Dong Soo s’arrêta dans son élan et regarda le yunikon du coin de l’œil, le visage à peine retourné : « … C’était … Bien. ». Le jaune ne faisait en rien une déclaration digne des plus grands quelque chose, non. C’était juste une façon d’encourager Su Hee pour l’acte de bravoure qu’il venait d’accomplir bien sûr, rien que pour cela … Du moins, il essayait de s’en convaincre.

Dong Soo fut surpris de se retrouver dans une salle à l’opposée de sa chambre. Beaucoup plus simple et impersonnelle, elle arborait les couleurs de yongwang, tons qui, aux yeux dudit yongwang, ne pouvaient être en accord avec tant « d’indifférence ». Il ne s’y sentait pas particulièrement mal à l’aise, mais tant de froideur ne lui donnait pas pour autant l’impression d’être chez lui. Une chose qui l’intéressa, ces poissons qui lui faisaient de l’œil, là-bas, au fond de la pièce, dans cet aquarium qui semblait presque hors de contexte à l’intérieur d’une telle chambre. Comme un bon nombre de personnes futiles et sans intérêt, Dong Soo toqua sur le verre, faisant ainsi fuir les quelques poissons agglutinés par là. Lassé par cette activité, il remarqua la présence d’un bureau assez massif qui s’accordait bien avec l’énorme lit à baldaquins qui trônait fièrement dans la pièce. Au final, cette chambre lui donnait l’impression d’être celle que l’on réservait à des invités lorsqu’ils venaient dormir à la maison ; la chambre d’amis, autrement dit. Il finit par se diriger vers Su Hee qui, bien sûr, avait emmené le dé avec lui. Toujours à moitié nu, Dong Soo ne se sentait pas plus gêné que cela ; de toutes manières, avec un tel cerveau, il n’était pas surprenant de voir que son sens de la pudeur avait quelques ratés ... Néanmoins son toucher lui, fonctionnait parfaitement bien. Il fut bien obligé de le constater lorsqu’un frisson remonta le long de son bras, au moment où sa main entrait en contact avec celle de Su Hee. Il la retira brusquement avant de regarder le plus jeune, abasourdi. Il ne chercha cependant pas à faire une thèse sur le pourquoi du comment, bien décidé à lancer les dés avant de changer brusquement d’avis. Le yongwang se rapprocha donc du bureau, et après avoir soufflé sur le dé comme s’il cherchait à provoquer la chance, il le laissa tomber.

Park Dong Soo a effectué 1 lancé(s) d'un VALENTINEDAY :

Su Hee fixa longuement le plafond, tentant maladroitement de se remettre de ses émotions et d’atterrir fermement les pieds sur terre. Il ne pouvait tout bonnement pas se permettre de réagir au quart de tour comme ça alors que Dong Soo pouvait y assister, c’était à la foi terriblement humiliant et dangereusement séduisant. Quelque chose en lui le tiraillait; il avait beau le nier, il venait de se produire la chose la plus douce et la plus agréable qu’il lui eu été donné de faire à ou avec Dong Soo, mais pourtant, ça ne le réjouissait pas particulièrement. S’il mourrait d’une envie morbide de se jeter sur lui comme un félin sur sa proie, de refermer ses griffes de plaisirs contre sa peau, une petite chaîne semblait le maintenir sur place pour l’empêcher de faire cette grave erreur. Contrairement au jaune, le cerveau du turquoise ne cessait jamais de tourner - ou du moins, il cherchait à s’en convaincre - et cet instant précis ne faisait aucunement exception à la règle; il se maîtriserait comme tout bon jeune homme éduqué qu’il était, simplement par peur de ne plus savoir s’arrêter là où la morale le voulait. Su Hee avait comme l’impression qu’il existait une sorte de règle, de commandement entre eux à présent. « Tu ne désireras point faire des choses innommables à cette personne au risque de le regretter amèrement plus tard ». Bien qu’il approuvât totalement ce dicton qui sonnait vraiment bien, la chaleur, la tension, le voile sur toute sa perception de l’instant présent ne faisait que s’alourdir un peu plus. Dong Soo avait la peau douce, Dong Soo sentait bon, Dong Soo avait tremblé… oui. Oui, mais justement, il y avait un gros mais, imposant, inratable; Dong Soo n’était pas un coup pour lui. Bien sûr, il y avait ce feu contre ses reins, cette étincelle dans ses yeux et cette envie enfouie dans son ventre. Il y avait ce corps à quelques centimètres de lui, brûlant, qui ne pouvait tout bonnement pas résister si d’une pulsion sauvage, il venait se coller contre lui et lui dévorer la nuque. Car Su Hee savait. Il n’était pas dupe, quand bien même son hyung faisait-il des efforts pour ne pas craquer, il était bien conscient qu’après tout ça, sa confiance devait être ébranlée et qu’il ne pouvait humainement pas lui résister. Peut-être faisait-il sa pute, oui, peut-être se surestimait-il. Mais visiblement ça marchait, puisqu’il s’était habitué à charmer ceux qu’ils voulaient comme s’il était doté d’une flûte spéciale attirant les beaux jeunes hommes jusqu’à son lit… sauf que le jeune homme en question n’était nul autre que Dong Soo. Décidemment, il ne pouvait pas se permettre de tenter quoi que ce fût, même si l’idée lui paraissait des plus séduisantes. Ce n’était pas la première fois qu’il avait ce genre de pensées à son intention, mais là, la donne était bien différente puisqu’il se trouvait entièrement maître de ses capacités… ce qui, finalement, n’était pas beaucoup mieux, voire tout simplement pire en réalité.

Il parvint à se redresser sur les coudes pour observer son compère, relevé, lui faisant face et dévoilant inconsciemment quelque chose de bien plus intéressant qu’il ne l’aurait crû. Su Hee le caressa vicieusement des yeux, décrivant une courbe irrégulière de son téton percé à son tatouage, sans oublier de se confronter à la chose pendue à son nombril. Agréable surprise, dîtes-donc. Ce genre d’artifices avaient toujours séduits la licorne, et il était bien loin de se douter que le Park en soit doté. Peut-être aurait-il facilement éjecté la banane ridicule sur son ventre plat, mais sinon, c’était très. Provocateur, dirons-nous, tout en sachant qu’il était déjà bien chaud. Enfin, façon de parler, il en était au début de ses élans mais pour le moment, rien ne l’avait aidé à se calmer. Pour ne pas rester obnubilé trop longtemps par ce qu’il avait la chance de voir, Dong Soo eut la brillante idée de se retourner et de se diriger vers la prochaine porte à franchir. Su Hee se glissa jusqu’au bord du lit pour remettre ses petits pieds contre le sol, puis se figea littéralement en l’entendant dire que l’expérience qu’ils venaient de vivre avait été bien. Bien ? Bien comment ? Osa-t-il se demander intérieurement sans pour autant le laisser transparaître sur son visage de petit ange diabolique. En vérité, il était presque content de cet aveu, malgré le fait que ça ne l’encourageait absolument pas à continuer. Au final, il avait affreusement peur des idées louches qui risquaient de lui traverser l’esprit s’ils continuaient sur leur lancée. Il ne se faisait en quelques sortes pas confiance, tout ça l’inquiétait tout en ayant le culot de l’exciter au possible. Le goût de l’interdit probablement, et ça, pour un interdit, il fallait tout de même avouer que c’en était un bien beau ! Mais c’était justement le fruit défendu qui paraissait le plus agréable à lécher, n’est-ce pas ?

Su Hee passa à son tour dans la nouvelle pièce, abandonnant derrière lui le t-shirt de Dong Soo. Et là, quelque chose le frappa de plein fouet, automatiquement; le jaune. Puis, en second lieu, il réalisa qu’ils se trouvaient à présent dans sa propre chambre, même les poissons y étaient. Poissons qui semblèrent intéresser le jaune, mais le plus jeune n’y porta pas vraiment attention, avançant avec méfiance parmi les meubles qui étaient les siens. Il tâta de ses jolies mains les rideaux du lit, les tourna lentement pour les examiner, effaré. Du jaune, du jaune, du jaune. C’est alors qu’il eut le déclic; si cet endroit était la chambre qu’il avait chez ses parents, colorisée yongwang, la précédente ne pouvait être que celle de Dong Soo visualisée en version yunikon… et cette constatation le laissa perplexe. Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ? En fait, il ne se posait pas vraiment la question, en arrivant aussitôt à la conclusion « il fantasme sur sa chambre à mes couleurs, donc il veut me sauter dans un cadre tout simplement pervers » mais cela s’appliquait également à lui. Hm. Il ne pouvait pas reconnaître une chose pareille, aussi se contenta-t-il de se retourner lentement lorsque le dé annonça qu’il allait devoir se faire mordre… mordiller. Contrairement ce qu’on aurait pu croire, il n’eut pas de réaction dégoûtée, après tout ils avaient dû faire pire dans les lancés précédents. Cependant, il arqua un sourcil et désigna la porte qu’ils venaient de passer du doigt.
« C’était ta chambre, hein ? » demanda-t-il sèchement mais pourtant, presque avec affection. Il perdait ses moyens mais commençait gentiment à s’y faire…
« ne dit pas le contraire, je le sais. En fait. On est dans la mienne, là. Tu devrais t’en souvenir puisque tu y es entré, après tout. » … AH. Merde. Il n’avait pas prévu d’avouer qu’il se souvenait de la soirée de Noël… ce fut tout juste s’il ne se tapa pas le front avec le plat de la main, se sentant tout simplement comme le pire des imbéciles du monde. Su Hee avait jugé bon de faire comme s’il ne s’en était pas rappelé, ce qui avait pour conséquence de ne créer aucun malaise entre eux… mais l’impulsivité que dégageait le Park avait visiblement déteint sur lui. Il roula des yeux en se crispant, priant pour qu’il ne remarque rien… hm.

Le besoin sexuel est le plus violent de nos appétits : le désir de tous nos désirs.

La honte.

Un scrupule de conscience, une crainte du ridicule. Dong Soo vivait son désir pour Su Hee comme un secret terrible qu’il devait dissimuler au monde entier, à commencer par le sujet même du désir ressenti, c'est-à-dire le jeune yunikon. Le yongwang n’était pas prêt à l’assumer. Enfin, si mais …. Il y avait un mais. Su Hee n’avait jamais été potentiellement « regardable » pour Dong Soo. Pas qu’il le trouvât moche ou laid comme un pou, loin de là. Le yunikon n’était que l’incarnation des « amis qui ne pouvaient pas être plus que des amis » aux yeux du jaune. Une faim insatiable était en train de naître au creux de ses reins, et il était presque effrayé à l’idée de ne plus pouvoir se contrôler. Et s’il n’arrivait pas à se retenir ? Que se passerait-il ? Se sentir en émoi après avoir fait des papouilles avec une personne assez jolie à regarder, il n’y avait rien de plus normal. Pourtant, cela était quasiment synonyme de fin du monde, pour le yongwang. Que ferait-il si son amitié – ou pseudo amitié, peu importe – avec Su Hee en était totalement anéantie ? A bien y réfléchir, il pouvait déjà la sentir s’effriter entre ses doigts. Même avec toute la volonté dont il pourrait faire preuve, même lui ne serait pas en mesure de s’empêcher de penser à tout ça, à la simple vue de Su Hee. Il le savait. Tout allait changer. Tout avait changé. Car avant, il ne rougissait pas. Aucune pensée obscène n’envahissait son esprit. Avant, il ne déshabillait pas Su Hee du regard. Avant, il ne ressentait rien, excepté une profonde et sincère amitié. Et voilà qu’on lui demandait de le mordre … S’il n’avait pas été aussi troublé, il en aurait certainement ri, comme d’habitude. Il ferma les yeux, la sentence repassant encore et encore dans son esprit chamboulé. Il n’était ni Ulysse ou Achille, n’avait vaincu aucun cyclope ou n’avait été trempé dans aucun fleuve des enfers à sa naissance. Il n’était qu’un homme, avec ses doutes et ses désirs exacerbés. Face à Su Hee, il se sentait empreint d’une faiblesse qui ne lui ressemblait pas. Il aurait bien voulu l’éviter, mais qu’y pouvait-il ? Il revenait irrémédiablement vers lui. Dong Soo se sentait impuissant, incapable de combattre son envie. Et puis, ce jeu pervers n’était pas pour résoudre ses problèmes, il ne faisait que l’enfoncer un peu plus. D’ailleurs, c’était bien pour ça qu’il se retrouvait enlisé dans cette situation des plus embarrassantes. Mais … Sincèrement. Pouvait-il réellement prétendre ne pas y avoir pensé ? Ne pas y avoir pensé du tout ? C’était la Saint-Valentin quoi. La Saint-Valentin à Akiwa. Pendant qu’il s’habillait, debout face à son miroir, oserait-il dire que cette pensée ne lui avait pas traversé l’esprit ? Cela n’était probablement qu’une suite à un événement plus loin, mais pourtant notable : Noël. C’était donc ça, le cadeau qu’on lui avait réservé. Du désir. Et pour une surprise …

Il ferma les yeux, d’une manière approchant la réflexion, sans pour autant en être une réellement. Il tentait de se vider l’esprit, pour ne serait-ce oublier l’espace de quelques secondes tout les déboires qu’il avait traversé et traversait encore. Malheureusement pour lui, la remarque pour Su Hee eut pour effet de lui surprendre, engendrant ainsi un écarquillement presque exagéré de ses yeux. Il tourna progressivement la tête vers Su Hee, stupéfait. Avait-il bien entendu ? « Tu devrais t’en souvenir puisque tu y es entré, après tout ». Le yunikon se reconvertissait donc dans la branche de la prestidigitation. Dong Soo ne s’attendait certainement pas à une telle remarque. Son expression resta figée pendant un instant, avant qu’il ne se mette à cligner des yeux. Sa bouche s’ouvrit, cherchant peut-être à émettre un son, un mot, une phrase. Cherchant peut-être à exiger une quelconque explication. Mais avec un peu de réflexion, Dong Soo ne pouvait-il pas trouver la réponse tout seul ? Lui, n’avait-il pas tenté de dissimuler l’existence de cette sombre soirée à Su Hee ? Dong Soo avait fait tout son possible pour éviter ce sujet, en vain, à ce qu’il avait pu comprendre. Mais alors … Su Hee n’était pas vraiment bourré ? Il l’avait donc embrassé de son propre gré ? Non … Impossible. Il empestait trop l’alcool pour cela. Mais alors … Un dispositif magique était planqué quelque part dans sa chambre ? Hm. Comme nous pouvons aisément le comprendre, l’intelligence de Dong Soo était, au final, très limitée. Le pauvre enfant.

« Comment ça j’y suis déjà entré ? » demanda-t-il, l’air suspicieux. En effet, il n’avait pas fait attention à la chambre dans l’ensemble, et n’avait donc pas immédiatement saisi qu’il s’agissait de la pâle copie de celle de Su Hee, aux couleurs près. Couleurs yongwang qui plus est ! Cependant, cela était loin de lui faire plaisir. Il y avait un message caché dans tout ça, tout comme dans sa propre chambre aux couleurs des yunikons. Les conclusions à tirer semblaient tellement évidentes que l’esprit de Dong Soo les réfutait presque automatiquement. Il ne pouvait décemment pas y croire. Il ne voulait pas y croire. Ou plutôt, il ne voulait pas y penser. Ne pas imaginer une telle possibilité. C’était beaucoup trop pervers pour lui. Néanmoins, il avait beau dire, mais tout cela l’émoustillait, l’excitait. Il préféra plisser des yeux plutôt que lancer un regard lubrique à Su Hee, mais cela aurait été mentir que d’avouer ne pas avoir ressenti l’envie d’étreindre le yunikon, leurs deux corps nus plaqués l’un contre l’autre, l’un dans l’autre. Des rougeurs réapparurent alors sur ses joues, presque innocentes, contrairement aux pensées qui en étaient la cause. Il leva le regard vers Su Hee, et tenta de faire abstraction des crises émotionnelles de ses hormones. Dong Soo abandonna le bureau et s’approcha de Su Hee, tel – presque ! – un prédateur désireux de sauter sur sa proie. Le fait est qu’il ne voulait poser qu’une simple question, qu’énoncer un simple fait. « Tu es un véritable cachottier, je trouve. Car si ce n’est pas ça, je ne vois pas où diable tu serais allé chercher un moi dans ta chambre. »
. Il continuait d’avancer, sûr de lui. Il pensa alors que son action ne serait pas si difficile à réaliser car déjà, son corps effleurait celui d’un Su Hee collé contre le mur. Dong Soo avait plaqué sa main droite au niveau de son visage, et fixait le turquoise, un sourcil arqué. Su Hee ne partirait pas. De toute manière, où partirait-il ? S’ils ne voulaient pas se sauter dessus comme des sauvages, ils devraient chacun réaliser leur action. Ah. Et ensuite, il se passe quoi ?

Aah, la connerie, la belle connerie. Su Hee n’arrivait encore pas à croire qu’il avait été suffisamment stupide pour avouer à Dong Soo qu’il se souvenait de la soirée de Noël, et pourtant, le fait était là; il avait remit ça sur le plateau comme si de rien n’était, et il s’en voulait d’une telle maladresse. Sérieusement, que pouvait-il faire à présent pour se défendre ? Car il le savait parfaitement, ce qui avait eu le malheur - hm. - de se produire ce soir-là était uniquement de sa faute, de sa faute à lui seul, quand bien même ne souhaitait-il pas en endosser la responsabilité. Quelle idée avait-il eue de se bourrer la gueule alors qu’il risquait de se passer n’importe quoi ! Enfin. Comment aurait-il pu prévoir qu’il se jetterait littéralement sur ce pauvre yongwang qui n’en avait de toute évidence pas tant demandé ? Comment aurait-il pu prévoir qu’il le traînerait jusqu’à sa chambre et qu’il était prêt à se donner, comme ça, aussi simplement que si ça avait été la chose la plus naturelle du monde que de faire ça avec lui. Dieu. Les rares fois où Su Hee perdait le contrôle de la situation ne se terminaient généralement pas aussi mal, et surtout, il avait l’indécence de parvenir à ne pas faire survenir d’autres inconvéniants de ce genre pour lui éviter d’avoir des ennuis. Dong Soo n’allait certainement pas apprécier cette révélation, sans doute devait-il penser que le turquoise n’avait gardé aucun souvenirs de ces étreintes et de sa sauvagerie lorsqu’il avait sauté sur lui comme une bête affamée. Et dire qu’il lui avait donné faim ne le sauvait en rien, il en était parfaitement conscient. C’était même pire, car c’était avouer que monsieur Park avait été appétissant au point de déclencher chez lui une envie de son corps grandissante et dévorante. Su Hee ne pouvait tout bonnement pas accepter tout ça, il ne pouvait pas vivre dans l’optique « si je vois Dong Soo, je le veux dans mes draps » alors qu’il n’avait jamais pensé à lui d’une manière pareille auparavant. Et non, bien qu’en soi, Dong Soo représentait assez bien le genre de mecs dont il aimait avoir les attentions, il n’imaginait pas qu’un jour ses désirs se transposeraient sur son image tels un arrière-plan indélébile. Évidemment qu’il était beau. Canon, même. Mais ce n’était même pas la question, ça, il l’avait toujours été. Le problème se trouvait ailleurs, bien plus dangereux; qu’est-ce qu’il lui trouvait de si attirant pour crever rien qu’à poser les yeux sur lui, tandis qu’auparavant, il ne lui serait pas même venu la simple idée que de le toucher ? Qu’est-ce qui avait changé dans la façon qu’il avait de voir Dong Soo avant tout ça - façon qui lui convenait parfaitement, diable ! - et pourquoi ne pouvait-il pas simplement se retenir ? Aucune idée. C’était idiot à dire, mais pour une fois, Su Hee, Nahm Su Hee, n’avait pas de réponse à une question qu’il se posait à lui-même.

Il sursauta lorsqu’il lui demanda des précisions, allant même jusqu’à le traiter de cachottier. Autant dire que le message était clair; ça ne lui plaisait pas, il se méfiait de lui, et, d’une certaine manière, le plus jeune était honteux d’être dévisagé de la sorte, pour ce genre de raisons. Su Hee grimaça et se prit le visage dans une main. Il avait besoin de penser un peu, de s’isoler dans sa paume pour éviter de dire une bêtise plus grosse qu’une maison. Décidemment, il aurait été bien mieux qu’aucun des deux ne fasse allusion à cet instant de leur vie qu’ils voulaient probablement chacun balayer de leurs souvenirs. Avec lenteur, il laissa retomber sa mimine le long de son corps, observant Dong Soo avec une assurance qu’il savait ne pas avoir. La mine déconfite, presque désolée, il tenta tout de même de sauver les meubles tout en reculant précautionneusement, voyant avec une certaine crainte que le jaune s’approchait de lui. « Je ne t’ai rien caché, je n’ai simplement rien dit. Je n’ai pas jugé ceci comme étant assez important pour en parler. Et toi, alors ? Tu n’as pas évoqué la chose non plus, je te rappelle ! Pour qui te prends-tu, à me faire passer pour le méchant alors que tu as les mêmes torts que moi ? » Il était plus ou moins satisfait, d’autant plus que ce qu’il avançait était la vérité pure. Dong Soo n’avait pas osé évoquer la chose, il était donc tout aussi coupable que lui dans tout ça. Mais coupable de quoi, exactement ? D’avoir essayé de cacher l’existence de cette petite erreur « de jeunesse » à un Su Hee qu’il avait cru amnésique par l’alcool ? « toi qui pensais sans doute que j’étais trop ivre pour m’en rappeler, tu comptais me laisser dans l’ignorance la plus totale. C’est encore pire, ne crois-tu pas ? »

Il reculait, lentement, alors que les pas de l’autre s’allongeaient. Pas qu’il eut peur de se faire frapper ou quoi que ce soit dans le genre, mais ce rapprochement soudain ne lui disait rien qui vaille pour autant. Dong Soo était la personne la plus imprévisible qui lui était donné de connaître, et il n’était pas particulièrement pressé de savoir ce qu’il allait faire sur le coup de la surprise, de la colère ou de je ne sais trop quelle émotion qui pouvait bien l’envahir à cet instant-ci. Mais vint un moment - forcément - où son dos heurta doucement le mur, tandis que son compère n’avait toujours pas cessé d’avancer, collant à présent son corps au sien. Peut-être n’était-ce pas l’effet désiré par son émetteur, mais Su Hee se mit à ressentir une sorte de crainte contenue qui tentait raisonnablement de se calmer au fond de sa poitrine. Ils étaient ridicules, vraiment. Cette scène ressemblait à celle d’un film à l’eau de rose, comme s’ils allaient soudainement s’empoigner mutuellement pour s’embrasser comme des imbéciles ou comme s’il allaient se frotter l’un contre l’autre jusqu’à ce qu’orgasme s’en suive. Ça avait beau être purement cliché et magistralement comique d’un point de vue extérieur, Su Hee vivait plutôt la chose avec anxiété. Lui qui, précédemment, craignait d’une réaction violente de Dong Soo, prenait à présent peur sur ses propres agissements. L’idiot face à lui n’avait visiblement toujours pas compris qu’il peinait à ne pas lui bondir dessus pour le… pour lui faire on ne sait trop quoi de pas vraiment catholique, n’hésitant pas à se presser légèrement contre lui. Pourtant, obnubilé par ce qui lui frôlait le corps, Su Hee ne parvenait tout simplement pas à décrocher son regard du sien, pupilles presque dilatées, les lèvres retroussées, le souffle court. Il l’aurait bien repoussé s’il en avait ne serait-ce que la force - sans doute manquait-il également de volonté pour faire une telle chose, hm. - mais il savait qu’il n’en avait pas le droit. La fierté le prenait vraiment n’importe quand, et en cet instant précis, il ne pouvait faire autrement que de soutenir son regard, troublé, espérant presque qu’il allait lui retourner un coup pour le ramener correctement sur Terre. Mais non. Il ne bougeait pas encore, cette saleté de jaune, et pour accentuer encore un peu plus le cliché auquel ils s’adonnaient, Su Hee avait plaqué ses mains sur ses côtes en guise de sûreté pour mieux pouvoir le pousser par l’arrière au-cas-où… mais peut-être aussi pour le simple plaisir que ça lui procurait de le toucher.

« Dong Soo… tire-toi. »

Pourquoi diable Su Hee n’était-il pas une fille ? Au moins, ça aurait simplifié beaucoup de choses. Oh. Aucun rapport avec la question d’homosexualité et tout le bla bla. Juste que, si Su Hee avait été une fille, il aurait certainement été moins chiant, aurait minaudé un petit coup et se serait laissé faire ensuite sans trop poser de questions. Oui, Dong Soo osait se fier à un stéréotype qui cloisonne les femmes dans une image stupide, fragile et sans le moindre intérêt. Il savait pertinemment qu’elles étaient toutes bien plus que cela – à quelques exceptions près, malheureusement – mais il ne pouvait s’empêcher de croire à ce doux rêve. Enfin. En même temps, si Su Hee fille avait eu le même caractère que Su Hee garçon, Dong Soo aurait été traité de gros pervers, obsédé de la fesse. Imaginez qu’on les aie vus à Noël ? On aurait pu croire que Dong Soo voulait profiter de l’innocence de la douce petite Su Hee. Au final, quelque soit le sexe de Su Hee, il aurait été dans la merde. Le plus simple aurait été qu’il n’existe pas, tout simplement ! Comme ça, il n’y aurait eu aucun problème … Mais le yongwang s’en voulut aussitôt d’avoir eu une telle pensée. Su Hee était chiant, énervant, trop Su Hee, mais il restait quand même Su Hee. Et Dong Soo aimait bien Su Hee, mine de rien. Oui bon. On sait tous très bien qu’il l’adore, et plus si affinités … A la limite, vaudrait mieux éviter cette partie puisqu’il y avait eu un plus sans aucune affinité … Rah. Quelle absurdité. Quel discours sans sens. Pourquoi Su Hee avait-il remis ce sujet sur le tapis ? N’avaient-ils pas été en paix, tous les deux, chacun de leur côté, SANS évocation de cette soirée maudite ? Oui, mais apparemment, cela ne semblait pas être assez suffisant pour Su Hee, qui avait jugé nécessaire d’en reparler. En même temps, il ne l’avait pas vraiment fait exprès, à en juger par l’expression qui avait traversé son visage, mais quand même. Celui qui avait fait la gaffe pour une fois, c’était le yunikon, et non le yongwang. Où était le million de personnes sensé lui faire des reproches ? Nulle part. En supposant que Dong Soo aurait fait cette même erreur, Su Hee lui aurait certainement lancé un regard plus noir que de la suie. Sauf qu’il était sensé NE RIEN SAVOIR. Et, encore une fois, Dong Soo s’était trompé. Su Hee en savait beaucoup plus que ce qu’il l’avait laissé croire. Il était vraiment diabolique ce garçon. Il aurait carrément dû aller chez ineo, cette maison aurait été parfaite pour lui ! Seules de maudites sirènes pouvaient convenir à un garçon aussi mauvais, aussi enjôleur, aussi envoûtant. Dong Soo ne voulait plus avoir à se perdre dans ces yeux trop noirs, Dong Soo ne voulait plus avoir à dévorer ses lèvres fines du regard. Il ne voulait plus avoir à désirer les embrasser sauvagement, à enfouir sa langue dans sa bouche et lui faire l’amour, encore et encore.

Lui faire l’amour ? Quelle idée … Saugrenue. Quand Dong Soo avait-il commencé à le regarder ? Il y a un jour ? Un mois ? Un an ? Enivré par le désir qu’il ressentait sur le moment, il ne savait plus trop sur quel pied danser, ses pensées créant un fouillis pas possible dans son esprit. Le jaune regarda son cadet cacher son visage dans le creux de ses mains, et le fixa, dubitatif. Qu’il lui trouve une explication plausible tiens. Il arqua un sourcil lorsque Su Hee releva la tête, s’attendant encore à une réponse plus qu’agaçante. Parce qu’il le savait, que c’était toujours la même chose. Qu’on retournait toujours ses paroles contre lui. Et. Silence. Pas assez important. En effet. Il n’y avait rien d’important là-dedans. Certes, Dong Soo ne l’avait même pas mentionné à Su Hee, mais quand même. A la limite, qu’il ne veuille « pas créer de problèmes inutiles » aurait plus plu à Dong Soo, comme explication. Mais bizarrement, il savait que le « pas important » l’agaçait. Pas important. Pas important. Dong Soo n’était donc pas important aux yeux de Su Hee. En même temps, il s’en serait douté, n’est-ce pas ? Su Hee le lui avait dit, qu’il ne lui accordait pas la même amitié que lui pouvait lui accorder. Il ne lui accordait aucune amitié tout court en fait. Dong Soo en revint encore une fois à la conclusion qu’il n’avait représenté, ne représentait, et ne représenterait jamais rien pour Su Hee. Excepté une source d’ennuis intarissable. Peut-être que, dans tout ça, c’était ce qui le contrariait le plus.

« Si je te l’avais dit, d’après toi, qu’aurais été ta réaction ? Tu aurais fait comme si de rien était, alors qu’au fond, tu aurais crevé d’envie de m’étriper pour mon mensonge ? Tu ne m’aurais pas cru ? Puisque, dans les deux cas, je suis Dong Soo, et que TU ais fais une telle chose … Ca aurait été tout bonnement impossible. Alors ne m’en veux pas d’avoir voulu éviter une altercation inutile et … Sans le moindre intérêt. ». Leurs corps étaient collés l’un contre l’autre, et l’air énervé de Dong Soo avait quelque chose d’assez inquiétant. D’assez excitant. A ce moment-là, pourquoi ne s’était-il pas rendu compte de la fébrilité de Su Hee ? Pourquoi avait-il été incapable de lire en lui ? Su Hee qui lui accordait un regard comme il ne lui en avait jamais donné, Su Hee qui le regardait. Oui, qui le regardait. Qui le voyait. Le ventre du jaune se contracta lorsque le plus jeune glissa ses mains contre ses côtes, et malgré ses sourcils froncés, tenta un petit sourire. « Tire-toi », prononcé avec tant de conviction, avait de quoi raviver tous ses désirs, pas si enfouis que ça. Sans crier gare, Dong Soo saisit Su Hee par les hanches, le soulevant alors d’un mouvement leste du bassin. Par reflexe, Su Hee saisit les épaules du yongwang, n’étant peut-être pas prêt à un tel retournement de situation. Maintenant plus en hauteur que lui, Dong Soo avait à lever le visage pour pouvoir admirer le sien. Ses cheveux blonds chatouillaient sa nuque en douceur. Il enfouit alors son visage dans le torse de Su Hee, respirant son odeur. Une odeur légère, pas trop forte ou prononcée. Une odeur agréable, qui ne lui agressait pas les narines. Il finit par reculer, se décollant du mur, et posa Su Hee sur le bureau. Dong Soo était entré dans une phase où les paroles devenaient superflues, où seul le silence lui convenait. Il retraçait le contour du visage de Su Hee, le contraignant à fermer les yeux, redessinant ses sourcils, ses yeux, son nez, son menton. Ses lèvres. Il s’en rapprocha de si prêt qu’il pouvait sentir le souffle du yunikon cogner contre ses lèvres, se mélangeant secrètement au sien. L’embrasser aurait été si facile. Su Hee était là, devant lui, offert. Il osait croire qu’en un claquement de doigt, il aurait pu faire tout ce qu’il voulait de son corps, sans avoir à insister. Mais peut-être à cause d’une légère trace de conscience, il choisit de se détourner pour aller s’évanouir dans son cou. Le parfum que dégageait Su Hee flattait ses narines, l’encourageant à remonter vers son oreille, dans laquelle il murmura quelque chose. Mais c’était si bas, si étouffé, qu’aucun des deux n’étaient en mesure de déterminer ce qu’il avait prononcé. S’il n’y avait pas pensé, Dong Soo lui-même aurait oublié. Ses lèvres se retroussèrent, laissant apparaître des dents blanches qui partirent titiller l’oreille de Su Hee. Dong Soo ne put s’empêcher de sourire, trouvant cet acte des plus désuet très étrange. Bizarrement, il ressentait une autre chose qu’il n’avait pas perçu plutôt, mais était incapable de mettre un mot là-dessus. Il choisit alors de continuer sa besogne, ses lèvres se mourant contre le cou du yunikon. Ses dents étaient câlines, sa langue joueuse, et laissaient derrière elle les effluves d’une sensation douce et agréable. Il s’enfonçait plus loin encore, son corps prenant un plaisir fou dans ce petit jeu pervers. Dong Soo tira légèrement sur les cheveux de Su Hee, caressant, léchant, mordant la nuque de Su Hee, presque comme s’il était en train de lui faire l’amour avec passion. Il y avait là-dedans une tendresse anormale et incompréhensible pour le moment, que les protagonistes eux-mêmes ne pouvaient pas remarquer. Dong Soo papillonna alors des yeux, se réveillant soudainement de son rêve, sortant de sa pseudo-léthargie. Il se détacha de Su Hee en un effleurement et resta là, debout, face à Su Hee. Au final, peut-être que le plus offert des deux, c’était lui.

Su Hee réfléchit un instant, un tout petit instant. Si Dong Soo lui avait parlé de ce qui s’était passé le soir de Noël alors qu’il ne s’en rappelait pas, qu’aurait été sa réaction ? Le jaune n’avait pas tout à fait tort, il aurait crû à une blague et aurait totalement réfuté toute responsabilité là-dedans. Après tout, ce n’était pas comme s’il avait voulu un jour sauter sur Dong Soo, ou du moins, ça n’avait été jusqu’à lors jamais le cas. Il aurait vraiment beaucoup aimé répondre quelque chose, mais il ne savait pas quoi dire, ni comment ouvrir la bouche pour le dire, d’ailleurs. Le corps du plus vieux contre lui le déstabilisait, il perdait sa capacité de concentration; ses yeux dans les siens lui donnaient la terrible impression qu’il était en train de lire en lui comme dans un livre ouvert. Su Hee se sentait perdu, mais il n’y avait rien dans ces putains d’yeux de merde qui pouvait lui servir d’accroche; pire encore, c’étaient eux qui le tiraient vers le bas, comme des boulets à ses chevilles. Heureusement - ou presque - Dong Soo, qui le regardait furieusement, en l’agrippant par la taille et en le remontant sur ses hanches par cet espèce de mouvement d’ondulation, lui permit de fermer les paupières quelques secondes, débloquant ainsi sa capacité de réflexion. Su Hee eut évidemment le réflexe de saisir ses épaules pour ne pas tomber, puis ouvrit les yeux. Ils entraient définitivement de plus en plus dans ces clichés qu’on ne voit que dans les films romantiques à grand succès. Bientôt ne manquerait plus que le Titanic pour qu’ils puissent faire la scène du « do you trust me ? » encore mieux que les vrais acteurs. Pour ne pas changer, il ne sut pas quoi dire ni quoi faire, le visage du blond tout collé contre lui. Il ne bougea pas d’un millimètre, interdit, pétrifié. Sa poitrine piquait. Non, elle… elle quoi, au fait ? Aucun mot ne lui venait pour décrire ce tourbillon qui lui ravageait le sternum au point de coincer sa respiration tout au fond de sa gorge, mais c’était assez agréable. Inhabituellement agréable, c’était carrément différent. Su Hee se retrouva bien vite déposé sur le bureau imposant, mais contrairement à ce qu’il aurait espéré par principes, le yongwang ne s’éloigna absolument pas; justement, il y eut un rapprochement entre leurs deux frimousses, ce qui occasionna une nouvelle sensation étrange au fond de lui. Curieusement, il n’ôta pas ses mains de ses épaules, et ne s’en rendit même pas compte. Il le tenait, comme prêt à le repousser, mais ce n’était pas ça; comment aurait-il put seulement éloigner Dong Soo de lui alors qu’il nageait totalement dans le brouillard mentalement, hein ? Ce n’est qu’au bout de plusieurs secondes, quand il fût capable d’entendre que l’autre jeune homme lui disait quelque chose au creux de l’oreille, qu’il réalisa enfin qu’il avait fermé les yeux, sans parvenir à savoir depuis quand. Craintif, et ne saisissant absolument aucune des paroles qu’il prononçait - trop déconnecté pour y faire attention, en vérité - Su Hee dodelina de la tête sans rien comprendre. Il avait presque oublié le jeu. Enfin non, il l’avait carrément renvoyé dans un coin très lointain de son esprit, tant il avait l’impression d’avoir du coton à la place de la cervelle. Dong Soo le mordait, l’embrassait sur la peau, et pourtant, le yunikon, déstabilisé se demandait pourquoi il le faisait, restant immobile les yeux toujours fermés alors que ses paumes pressaient légèrement ses épaules, sans conviction, comme s’il essayait finalement de le repousser grâce à une lueur floue de lucidité. Mais il aurait été capable de se laisser plonger vers l’arrière et de donner le champ libre à Dong Soo sur son corps, il aurait pu le laisser le prendre, là, tout de suite sur ce bureau alors qu’ils ne cherchaient qu’atteindre la sortie; il aurait pu, mais il était probablement trop shooté pour penser à une chose pareille. Pourtant, l’excitation, l’envie, y étaient véritablement.

Vint le moment fatidique et inévitable où son hyung se décolla de lui, lentement, et ce n’est qu’à cet instant-là que Su Hee réalisa à quel point ses baisers allaient lui manquer; mais loin de lui l’intention de le reconnaître. Il en voulait plus; évidemment, lui qui tentait de résister à tous ses désirs depuis déjà un bon moment - résister à ces étincelles qui essayaient de faire éclater sa cage thoracique, aussi - avait toujours cette lubie folle… d’avoir quelque chose de plus, de plus intense. Quelque chose qu’il était parfaitement conscient de ne jamais avoir car lui-même ne savait pas du tout en quoi elle consistait, mais il fallait absolument qu’il fasse quelque chose. Quelque chose, quelque chose, vite, sinon il allait s’en aller, passer dans l’autre pièce et… et… Su Hee chercha à tâtons un col de chemise, de t-shirt, il chercha quelque chose pour le maintenir à proximité; mais dieu, Dong Soo était torse nu depuis la pièce précédente, il ne pouvait rien serrer pour l’empêcher de foutre le camp, pas même un collier, rien. L’espace de deux secondes, il paniqua, il voulait qu’il reste, il voulait qu’il se passe un truc. Quoi, il n’en savait fichtrement rien, mais il avait impérativement besoin que le jaune fasse un mouvement, ait la réaction qu‘il attendait au fond de lui. Comme son visage était tout près du sien, attirant, offert comme sur un plateau d’or, Su Hee serra ses cuisses sur ses jambes afin de le retenir. Puis, sans même qu’il n’en donne l’ordre à ses mains, celles-ci se calèrent contre sa nuque, il l’attira à nouveau contre lui, le voyant comme fondre sur lui, tomber sur lui. Il ne se comprit pas lui-même avant que quelque chose d’humide et doux ne vienne heurter ses lèvres, mais la fatalité de son acte s’empressa de le frapper de plein fouet; il venait d’embrasser Dong Soo. Même si cette réalité s’imposa à lui comme les barreaux se matérialisent devant un prisonnier, Su Hee n’arrêta pas son geste, ce qui lui donnait encore plus et aspect contradictoire qui lui bouffait les méninges. Au final, il se fichait bien de savoir ce qu’allait faire son compère, il pouvait bien le repousser, le frapper ou l’insulter, ça ne lui importait plus grand-chose. Le Park n’avait pas fait ce qu’il attendait, ce qui l’avait logiquement mené à agir de son propre chef, bien qu’avec maladresse. Contrairement à ce à quoi il était habitué, son baiser ne se fit ni brut ni violent, loin de là, il ne chercha même pas la profondeur tout de suite. Ce n’était qu’un petit bisou sur les lèvres, suivit d’un second, puis d’un troisième, et de nombreux autres, superposés avec douceur, jusqu’à ce qu’il y mette timidement le bout de sa langue. En vérité, c’était leur baiser le plus parfait; aucun n’était bourré, et ils n’étaient pas contraints à une chose pareille par un jeu malsain. Non, non, il avait agit de son plein gré, parce qu’il en avait le désir autour des reins, parce qu’il en avait besoin. Parce qu’au final, il acceptait d’avoir envie de l’inavouable.

Quand on donne un baiser à quelqu’un, c’est qu’on avait envie d’être embrassé soi-même.

c'est atroce. je sais. j'm'excuse. ._.

« Ne me torture pas, je suis déjà à l’agonie. »

Comment en étaient-ils arrivés à là ? Comment avait-il pu se perdre de la sorte ? La confusion s’était emparée de l’esprit torturé de Dong Soo. S’il avait embrassé Su Hee … C’était par pur et simple énervement. Juste pour en finir avec ce gringalet trop chiant, trop hautain, trop … Lui. Pour en finir avec ce nabot qui ne lui consacrait que très peu d’intérêt. Il y a des jours où Dong Soo se sentait roi. Roi d’une jungle sauvage dans laquelle il était aimé pour ce qu’il était, pour la prestance, la présence qu’il avait. C’était un yongwang ; malgré sa pseudo-stupidité, il appréciait l’attention qu’on lui accordait. Au-delà de ses blagues, il s’était fait à tous ces regards braqués sur lui. Cela ne l’avait pas rendu narcissique ni imbu de sa personne, non. Mais oui, il s’y était « fait ». Et par rapport à Su Hee … Par rapport au regard de Su Hee, il se sentait invisible. Comme un plancton isolé dans l’immensité de l’océan. Invisible. Il avait beau avancer de toutes ses forces, nager dans tous les sens … Il restait futile, sans le moindre intérêt. Et avant même qu’il n’ait réussi à se faire remarquer, ploup. Le voilà engloutit par l’énorme baleine. « Emportés par la foule qui nous traîne, nous entraîne, nous éloigne l’un de l’autre, je lutte et je me débats. Mais le son de sa voix s’étouffe dans les rires des autres. Et je crie de douleur, de fureur et de rage, et je pleure … » Mais oui. Tout cela manque diamétralement de sens. Pourquoi en venir aux larmes ? Ils ne faisaient qu’échanger un minime minimal minimum baiser. Mais de toute manière, il n’y avait qu’une chose à savoir. Si Dong Soo l’avait embrassé, ce n’était qu’à cause de l’énervement suscité par une simple pensée : « Je ne suis pas important pour Su Hee ». Le discours qu’il avait tenu un peu plus tôt, l’esprit de Dong Soo l’avait martelé pour façonner une vérité moche et triste mais qui pourtant convenait à Dong Soo. Au final, peut-être que ce qui avait suscité l’intérêt de Dong Soo, c’était le manque d’attention de Su Hee à son égard. Oui, peut-être. Mais il y avait encore autre chose … Assurément. En y réfléchissant bien – enfin, aucune réflexion n’était nécessaire face à une telle absence de jugeote -, le yongwang s’était excité, dans tous les sens du terme, pour pas grand-chose : Su Hee n’avait certainement pas élaboré le discours qu’il allait tenir et en connaissant le personnage, il ne s’embêterait pas à supporter la présence d’un tel énergumène. Puisque, il fallait l’avouer, Dong Soo était un cas à part. Toujours à emmerder son monde. Un fond gentil certes mais … Trop fiou-fiou, et trop blaaah-blaaah. Traduction compréhensible pour le commun des mortels : surexcité et langue pendue, en quelques sortes. A quoi bon essayer de comprendre une personne incapable de se comprendre elle-même ! Autant demander à un crustacé de faire un triple saut périlleux aux confins de l’océan. Mmh. Dong Soo était bel et bien un hurluberlu excentrique, pour le moins que l’on puisse dire.

Alors qu’il remplissait dûment sa mission, Dong Soo s’arrêta, comme ça. Par quelle force avait-il accompli un tel exploit, cela restait un mystère total. Peut-être était-ce par une soudaine prise de conscience, grâce à laquelle il venait de s’empêcher de commettre le pire et grâce à laquelle il réalisa que son énervement était parti en fumée ? Le doute flottait dans son esprit, tel une brume épaisse obstruant chaque neurone de son pauvre cerveau. Mais … Sa résistance était fébrile. Il lui avait fallu tout le courage du monde – ou quelque chose s’apparentant à une grande force d’esprit – pour se décoller de Su Hee. Il n’était pas très sûr de lui, et redoutait le pire. Si l’énervement l’avait poussé à l’embrasser … Ou le pousserait son désir ? Hmm. Venait-il de penser désir ? On dirait bien. En attendant, le jaune réalisa qu’il ne s’était pas encore assez éloigné de Su Hee. Le périmètre les séparant était encore bien trop restreint. Il devait partir, avancer vers cette porte, pénétrer l’autre pièce et s’enfoncer encore un peu plus loin pour enfin atteindre la sortie. Cette sortie qui allait enfin le libérer de cet étau étouffant. S’il y avait bien un enfer sur Terre, c’était ça. Cette incapacité à s’échapper. Être enfermé entre quatre murs avec une personne aussi proche qu’inaccessible, et avec pour seule défense une enveloppe corporelle qui ne cessait de réclamer un contact avec l’enveloppe corporelle de cette dite personne « aussi proche qu’inaccessible ». Su Hee était son diapason. Il n’y avait rien de plus à ajouter à cela. Et Su Hee, ce même Su Hee … Il mit fin à tout. Il anéantit le peu de conscience qui restait à Dong Soo, le peu de force qui restait à ce yongwang maintenant vaincu par son envie. Décontenancé d’abord, il ne s’attendait pas à ce retournement de situation, ou quoi que cela puisse être. Il ne s’attendait pas à sentir les mains de Su Hee sur sa nuque, il ne s’attendait pas à se rapprocher encore une fois de lui, de cette façon-là. Ses yeux s’étaient légèrement écarquillés sous la surprise mais étrangement, cela passa très vite. A la longue, peut-être que plus rien ne pouvait l’étonner ? Non. A dire vrai, il savait que c’était irréversible. Qu’il était perdu, quelque part, on ne sait trop où. Bizarrement, et sans aucune connotation péjorative, la braguette de Dong Soo prenait lentement mais sûrement les commandes. Elle était maligne, la coquine. D’un autre côté … On pouvait encore se plonger dans on ne sait quelle réflexion, comme quoi Dong Soo se laissait aller à suivre son cœur, patati patata. Ce n’était pas impossible. Après tout, le yongwang était un homme du terrain, un vrai ! Et puis … Su Hee était capable d’obtenir tellement de choses de lui … Même le jeune yunikon ne pouvait réaliser à quel point son amitié pour lui était grande. Même si, à l’heure actuelle, la notion d’amitié était fortement remise en question. Cependant, la surprise de Dong Soo refit surface l’espace d’un instant. Coi, il constata qu’en plus de l’avoir ramené à lui, c’était encore une fois Su Hee, cet individu qui lui avait saisi la nuque rappelons-le, qui l’embrassait. Encore et encore, à n’en plus finir. Dong Soo ne voulait plus comprendre. Lui qui s’était appuyé sur le bureau de peur de tomber en avant, lâcha sa prise pour caler ses mains dans le dos de Su Hee. Le Park ferma les yeux, laissant Su Hee prendre les reines. S’il était plus « conscient » peut-être aurait-il remarqué que, même dans les baisers, c’était Su Hee le plus posé, celui qui rééquilibrait les forces dirons-nous. Chez Dong Soo, tout n’était qu’excès. C’est sans l’ombre d’un doute la raison pour laquelle le fauve se réveilla, brusqué par la lumière du bout du tunnel. La langue de Su Hee pointant le bout de son nez, même si cela était minime, eut don de réveiller l’ardeur du yongwang. En l’espace de quelques secondes, toute sa vigueur était revenue. Son étreinte se fit plus forte, sa langue plus mutine. Elle partit à la recherche de celle de Su Hee, l’assaillit tel un pirate découvrant une île perdue. Plus le temps passait, plus son désir se faisait insoutenable. Il ne savait trop comment, Dong Soo avait envoyé valser le tee-shirt de Su Hee à l’autre bout de la pièce. Agrippé à son épaule, le bras passant sous son aisselle, Dong Soo mordillait les lèvres du yunikon avec un plaisir non feint. Il lui semblait que la chaleur de la pièce avait brutalement augmenté alors qu’en fait, il ne s’agissait là que d’un corps bien trop ardent. Dieu, que l’Enfer était bon ! Cette chaleur qui obstruait ses reins, ce plaisir qui chatouillait sa peine … Cela lui faisait si mal mais pourtant, il se sentait tellement … Tellement. Il était plongé dans une sorte de transe de désir – aucun sens, encore - qui le rendait complètement ivre. Ivre de Su Hee. Il se laissait porter par ses émotions et ce, sans aucune retenue. Totalement désinhibé, Dong Soo happa la langue de Su Hee entre ses lèvres, un mouvement de succion rythmant l’apothéose de ce baiser - ? – si particulier. Son souffle était haletant, précipité. Un feu ardent brûlait ses entrailles, son cœur. Il en pleurerait presque. Vivre à cent à l’heure, aimer à cent à l’heure. Une vie d’extrême aidait à ne rien regretter, à toujours avancer sans regarder en arrière. Dong Soo avait balayé ses doutes et il se sentait étrangement à l’aise, à sa place là, ses lèvres contre celles de Su Hee. Ses mains baladeuses titillaient les bouts de chair rosés de ce torse imberbe et à sa merci. Dong Soo n’avait rien d’un monstre mais, sans doute ne s’en rendait-il pas compte, là, à ce moment précis, il donnait l’impression d’être un prédateur, n’attendant qu’une chose : en finir avec son innocente proie. Il fit descendre Su Hee du bureau en l’attirant plus vers lui, et l’entraîna, lentement vers sûrement, dans la direction dans laquelle était supposée se trouver le lit. Il marchait à tâtons, son cerveau lui criant de faire attention à ne pas se casser la figure, tout en étant occupé avec le corps de Su Hee, qu’il s’afférait à marteler de baisers et de caresses. Tout d’un coup, il se sentit tomber en arrière, entraînant le turquoise dans sa chute. Il reprit bien vite ses esprits, et continua de l’embrasser mais …


Mais.